Jean L’Italien parle de l'impact de son personnage de Bernard dans Virginie
Nathalie Slight
Présent dans le paysage télévisuel québécois depuis de nombreuses années, Jean L’Italien n’a plus besoin de présentation. De Cormoran à Doute raisonnable en passant par la quotidienne Virginie, le comédien revient sur les rôles qui ont marqué sa carrière.
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Jean, quel a été ton premier rôle marquant?
Celui de Gérard Labrecque dans Cormoran. Premièrement, plonger dans l’univers d’une série d’époque écrite par Pierre Gauvreau est toujours agréable pour un comédien. Deuxièmement, comme j’étais présent depuis la création de l’émission, je faisais partie intégrante de cette belle famille télévisuelle. Et puis une partie des scènes extérieures étaient tournées à Kamouraska, dans la magnifique région du Bas-Saint-Laurent.
Ton personnage était un rebelle, n’est-ce pas?
En fait, il dénonçait une injustice. Gérard Labrecque avait quitté Montréal durant la crise des années 1930 pour aller travailler en région. Il prévoyait faire un coup d’argent puis retourner chez lui. Mais comme il était payé en coupons, il pouvait uniquement dépenser dans la région. Il était donc prisonnier de l’endroit et ça ne faisait pas son affaire. Lors du tournage, en 1990, un vieil homme est venu me voir pour me raconter que son père avait fait face à la même forme d’esclavage au Québec, à l’époque de la Seconde Guerre mondiale.
As-tu déjà incarné un personnage qui a vraiment existé?
Bien sûr! En 1994, je me suis glissé dans la peau de Pierre Elliott Trudeau dans la série René Lévesque. Je n’ai eu que quelques jours de tournage, mais c’était quand même tout un honneur de camper un politicien comme Trudeau. Personnellement, j’aurais mis plus de scènes entre Trudeau et Lévesque, puisque même si ces deux personnalités historiques avaient des opinions politiques diamétralement opposées, ils faisaient tout de même preuve d’un respect mutuel.
Quel personnage t’a le plus collé à la peau?
Bernard Paré dans la quotidienne Virginie, diffusée de 1996 à 2010. Bernard, le mari du personnage principal incarné par Chantal Fontaine, m’a collé à la peau durant plusieurs années. Un homme gentil, amoureux, romantique... Je l’ai trouvé agréable à jouer, mais je ne peux pas dire qu’il m’a offert de grands défis d’acteur, puisqu’il était l’archétype du bon gars.
Préfères-tu jouer des méchants?
Oui, parce qu’un méchant ne peut pas simplement être méchant. Il faut lui insuffler une part d’humanité pour que les gens aiment le détester. C’était le cas du Dr Jacques Saucier, que je campais dans Urgence. Ce chirurgien réputé souffrait visiblement d’un complexe de supériorité. J’ai aussi incarné le Dr François, un chirurgien plastique imbu de lui-même, dans la comédie Smash.
Et quel a été le plus grand défi d’acteur de ta carrière?
Lucien Pronovost, dans Destinées. L’autrice Michelle Allen m’a fait un cadeau immense en écrivant des intrigues autour de la bipolarité de ce personnage, ce qui m’a permis d’explorer différentes zones émotives d’une grande intensité. À la même époque, je campais aussi un motard illettré dans La galère. Deux beaux rôles de composition super intéressants.
Tu incarnes présentement un directeur de police dans 5e rang, un personnage qui n’est pas très sympathique.
J’aurais pu le jouer comme un bon père de famille, mais j’ai plutôt choisi de miser sur sa droiture quasi militaire. C’est en regardant plusieurs conférences de presse accordées par des directeurs de police que j’ai décidé de faire ressortir son caractère strict, mais juste. L’important pour lui, c’est d’aider sa population et de sauver des vies.
Y a-t-il des rôles que tu as hésité à jouer parce qu’ils allaient à l’encontre de tes valeurs?
Je n’ai aucun problème à jouer un fraudeur, un voleur, un violeur ou un pédophile si le texte est bien écrit, s’il y a de la chair autour de l’os et que les gestes ne sont pas gratuits. Je pense entre autres à Denis Dubreuil dans la série d’enquêtes policières Doute raisonnable. C’est un professeur d’université, fonctionnel dans la société, mais qui possède un côté sombre: il séquestre une adolescente qu’il a achetée sur le Dark Web. Il justifie cet acte immoral en disant qu’il n’aura aucun rapport sexuel avec elle jusqu’à ce qu’elle célèbre son 18e anniversaire.
Cet être est tout à fait horrible!
Effectivement. Mais dans sa tête, il ne se voit pas comme un pédophile, puisqu’il désire épouser la jeune femme qu’il garde chez lui lorsqu’elle aura atteint la majorité. Que voulez-vous, des hommes qui pensent comme ça, ça existe pour vrai — on n’a qu’à penser au scandale de Jeffrey Epstein aux États-Unis!
On dirait que tu cumules les rôles de méchants ces temps-ci, puisqu’on peut aussi te voir dans la peau d’un père irresponsable dans Les moments parfaits.
Je me suis amusé à jouer cet homme qui, à mon avis, est plus décevant que fondamentalement méchant. C’est le genre de gars qui ne peut pas s’empêcher de mettre son doigt dans une prise électrique, même s’il sait qu’il va recevoir un choc. Il a beaucoup de talent pour saboter sa vie.
Ton personnage dans L’empereur figure aussi parmi les salauds que tu as incarnés.
La plupart des agresseurs sexuels ont eux-mêmes été agressés lorsqu’ils étaient enfants, c’est malheureusement prouvé. L’autrice Michelle Allen effleure le sujet en ce qui a trait au père de Christian, sans mettre l’accent là-dessus car elle ne voulait pas excuser ses gestes odieux en blâmant son passé. En passant, chapeau à Jean-Philippe Perras, qui n’a pas peur d’explorer ce que l’humain a de plus laid. La dernière scène de la série... j’en ai encore des frissons!
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