Jean-François Mercier apprivoise sa vie de célibataire
Patrick Delisle-Crevier
La vie de Jean-François Mercier a pris un virage à 180 degrés depuis quelques mois. D’abord, son rôle de Grégoire dans Les bombes l’a fait renouer avec le métier de comédien, qu’il n’avait que très peu exercé depuis Virginie. Ensuite, l’humoriste a perdu pas moins de 50 livres en changeant ses habitudes alimentaires et en prenant soin de lui. Le voilà, à 55 ans, célibataire et face à une nouvelle vie. Il regarde droit devant avec, entre autres, l’écriture d’un nouveau spectacle d’humour qui nous le fera découvrir sous un autre jour.
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Jean-François, parle-nous de ton mystérieux personnage de Grégoire dans la série Les bombes?
Disons qu’il ne parle pas beaucoup, mais il souffre. C’est un personnage qui est plus dans la gestuelle que dans les mots. C’est mon premier rôle du genre et j’en suis vraiment heureux. Je n’ai pratiquement pas joué depuis le téléroman Virginie, il y a presque 20 ans. Grégoire est un homme qui parle peu, donc je n’ai pas eu beaucoup de textes à apprendre. C’était un beau défi d’acteur, de faire passer des émotions sans parler. J’ai aussi été touché qu’on pense à moi pour un tel rôle.
Est-ce que tu as passé une audition?
Oui, et le plus drôle, c’est que j’ai dit au réalisateur que je venais à l’audition même si je n’étais assurément pas son premier choix pour le rôle. Il m’a dit qu'au contraire il avait rêvé à moi la nuit précédente et qu'il me voyait dans le rôle de Grégoire!
Tu avais envie de ce retour en tant que comédien?
Oui, c'était vraiment quelque chose que je souhaitais et que j'attendais. J'avais d'ailleurs parlé avec mon agente de cet éventuel retour au jeu, et voilà que ce beau rôle est arrivé! Je suis content, car ce n’est pas un rôle de comique et je voulais montrer que je pouvais jouer autre chose qu’un gros cave.
Surtout que le «gros cave» n’est plus si gros!
Effectivement. J’aimerais pouvoir te dire que j’ai décidé de perdre du poids pour le rôle — ça ferait tellement sérieux! —, mais ce n’est pas le cas. J’ai perdu une cinquantaine de livres dans les derniers mois. Oui, c’est une chose de perdre du poids, mais c’est aussi une chose de perdre de la graisse. Tout a débuté avec l’achat d’un programme de mise en forme sur Internet, et j’ai pris ça au sérieux. Encore aujourd’hui, je pèse tout ce que je mange et j’ai vraiment changé ma relation à la nourriture. J’ai commencé ça il y a deux ans et j’ai tranquillement commencé à perdre du poids. Mais, surtout, j’ai gagné en énergie. Je voulais vraiment me remettre en forme rendu à 55 ans.
Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur de cette perte de poids?
J’ai toujours voulu perdre du poids, et ce, du plus loin que je me souvienne. Je ne pense pas que quiconque dans la vie soit content d’avoir des livres en trop. De mon côté, j’ai toujours été malheureux avec cela. Je tentais de l’assumer un peu avec, entre autres, mon titre de «gros cave», parce qu’à un moment donné on n’a pas le choix d’assumer qui on est. Mais je me sens tellement mieux dans mon corps avec ces livres en moins!
Qu’est-ce que ça change en toi, ce nouveau corps plus mince?
On peut croire qu’on gagne en confiance avec des livres en moins— oui, un peu, mais pas tant que ça. Je suis beaucoup plus fier du chemin parcouru pour avoir perdu ses livres que du poids perdu lui-même. Je suis fier d'avoir réussi à me prendre en main. Je pense l'avoir bien fait et de façon intelligente. Ça me rend fier. Bon, maintenant, oui, je suis plus mince, mais ça ne règle pas tous mes problèmes pour autant. Il ne suffit pas de perdre du poids pour être heureux. C'est, hélas, plus complexe que ça. Mais je suis fier parce que je ne suis plus celui qui a l'instinct de manger 12 beignes pour déjeuner.
Te voilà à 55 ans, comment vis-tu ça?
Je ne sais pas trop. Je sais, rendu à mon âge, que je ne m’en vais pas du bon bord et que la vieillesse va arriver un jour. Je vis ça avec une certaine ambivalence, je suis content d'être où je suis dans la vie, je suis assez heureux. J'ai travaillé fort sur moi-même et j'ai désormais une voix intérieure qui est bienveillante à mon endroit, ce qui est relativement nouveau pour moi.
Donc, le Jean François Mercier d'avant n'était pas bienveillant envers lui-même?
Non pas du tout, et c'était peut-être par déformation professionnelle. Qand on est humoriste, on s'attaque aux faiblesses, aux défauts des gens et à leurs incohérences. Et on le fait aussi à soi-même. Donc, on ne se laisse pas de chance et on est souvent son pire ennemi. Il y a bien des choses qu'on n'est pas capable d'accomplir par peur et par manque d'estime de soi, mais là je suis beaucoup plus heureux que je ne l'étais et je compte profiter de la vie. Je suis probablement à un endroit où je suis beaucoup plus heureux que je ne l'ai jamais été.
Tout ça va, à coup sûr, changer ta façon de faire de l'humour.
Présentement, j'écris juste des choses pas drôles, parce que je tente beaucoup plus de parler de celui que je suis maintenant. Quand j'ai fait l'émission Sortez-moi d'ici!, ça a changé beaucoup de choses en moi. C'est d'ailleurs là que ma petite voix intérieure s'est enfin manifestée positivement, et j'ai aussi envie de parler de ça dans mon prochain spectacle. Mais je ne souhaite pas en faire une conférence. Je veux faire de l'humour, mais avec une certaine utilité. Je laisse donc décanter tout ça.
Jean-François, qu'est-ce qui t'a amené à participer à Sortez-moi d'ici!?
D'abord, je n'ai pas dit oui, car je savais que dans un tel concept, j'allais devoir confronter chacune de mes peurs. Je ne suis pas ésotérique, mais je pense que parfois, la vie nous donne un rendez-vous et qu'on doit y aller. Je me suis donc lancé afin de ne pas le regretter et ça a changé ma vie! Je suis vraiment fier de l’avoir fait. Ça me rend même émotif d’en parler. Je suis fier d’avoir confronté mes peurs en sortant de ma zone de confort. Je devais aller vérifier certaines affaires sur moi-même, et ça, ça vient avec une part de souffrance. Mais j’en avais besoin pour me sortir de ma tête. Cette émission est arrivée au bon moment.
Finalement, Jean-François, je réalise en te parlant que le «gros cave» n’existe plus...
Effectivement, je ne pense pas que je vais refaire ce genre d’humour. Du moins, je vais pratiquer mon métier différemment, puisqu’aujourd’hui je suis moi-même un homme différent. Je ne suis plus si gros, et l’humour est souvent réactionnaire à l’époque à laquelle on vit. Il y a des contextes qui font que des blagues ne passent plus de la même façon et il faut s’adapter. Je ne serais plus cave de la même façon.
En terminant, est-ce que ton bonheur passe toujours par la vie de couple?
Non, ça aussi c’est nouveau, je suis maintenant célibataire et je ne cache pas que ce n’était pas ma décision. Nous ne sommes plus ensemble, Marie-Claude et moi, depuis quelques mois, mais être un célibataire actif après sept ans de vie de couple, ça demande de l’énergie. Je n’en ai pas tellement, en ce moment. J’apprivoise la vie en solo, je suis bien et c’est une nouvelle vie. Je suis heureux.
Les bombes, jeudi 21 h, à Séries Plus.
Sortez-moi d’ici!, dimanche 18 h 30, dès le 19 février, à TVA.