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L'article provient de 24 heures

«Je ne peux pas me séparer en 40»: des profs dénoncent la composition de leur classe

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Photo portrait de Camille Dauphinais-Pelletier

Camille Dauphinais-Pelletier

2023-11-23T22:26:22Z
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Des profs des écoles publiques du Québec doivent enseigner dans des classes où le tiers des élèves ont des besoins particuliers. D'autres se retrouvent à devoir corriger les travaux de pas moins de 36 jeunes. Sur les lignes de piquetage et dans les manifs, jeudi, c'est principalement l'enjeu de la composition des classes qui revenait dans les revendications des profs à qui 24 heures a parlé jeudi.

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«On se retrouve avec des classes à 25 dans lesquelles on peut retrouver huit, neuf, parfois même 10 élèves qui ont des besoins particuliers et qui sont tous différents, pour qui il faut ajuster notre enseignement. C’est vraiment un défi de tous les jours, avec très peu de services et très peu d’accompagnement», soulève Claudia Maillé-Parent, enseignante titulaire à l'école primaire Marie-Favery à Montréal. 

Celle qui est aussi déléguée syndicale aimerait que plus de classes spécialisées soient ouvertes.

Claudia Maillé-Parent, enseignante titulaire dans une école primaire de Montréal
Claudia Maillé-Parent, enseignante titulaire dans une école primaire de Montréal Photo Camille Dauphinais-Pelletier

Julie Gauvin, qui enseigne le français dans une école secondaire de Lachine, abonde dans le même sens. 

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«Ça donne de mauvaises conditions d'apprentissage. Je ne peux pas me séparer en 40 ou en 35 pour aider chacun de mes élèves. Même mes élèves qui sont plus forts, ils ont parfois des questions et je suis trop occupée à m'occuper des plus faibles, donc c'est difficile pour l'ensemble de mes élèves», déplore-t-elle.

Julie Gauvin et Geneviève Rousseau, enseignantes au secondaire à Lachine
Julie Gauvin et Geneviève Rousseau, enseignantes au secondaire à Lachine Photo Camille Dauphinais-Pelletier

Sa collègue Geneviève Rousseau, enseignante depuis 25 ans, se désole de voir ses élèves manquer de services. 

«De voir qu'ils ont des carences en français, en plein de matières, qu'ils ne sont pas capables de lire, parce qu'on n'a pas de temps pour eux... (...) C'est pour eux que je fais [la grève], et pour les jeunes profs aussi!», lance-t-elle de façon catégorique, soulignant qu'il n'y a qu'une seule orthophoniste à leur école pour plus de 1000 élèves.

L'ajout de spécialistes, dont des techniciens et techniciennes en éducation spécialisée, faisait d'ailleurs partie des revendications de plusieurs profs que nous avons rencontrés. 

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Classes de 36

La grosseur des classes est un enjeu en soi, souligne Pénélope Beauchemin, déléguée syndicale et enseignante de sciences à l’Académie de Roberval, une école secondaire à Montréal. 

«Les enjeux qu’on a à notre école, particulièrement, c’est le nombre. On a déjà eu des classes de 36. Demande à une enseignante de français de corriger 36 copies... Et ce n'est pas juste le français, n’importe quel enseignant qui a cette classe-là, c’est très difficile», souligne celle qui qualifie les compensations qu'ont les profs pour les grosses classes de «pinottes». Selon elle, cet argent en plus ne pallie pas la fatigue engendrée par la charge de travail.

Pénélope Beauchemin, enseignante au secondaire à Montréal
Pénélope Beauchemin, enseignante au secondaire à Montréal Photo Camille Dauphinais-Pelletier

«Passer des nuits complètes, des semaines complètes à corriger... est-ce qu'on peut se dire qu'il n'y a pas grand-chose qui se passe [dans sa vie personnelle] dans ce temps-la?», soulève-t-elle.

L'obtention d'une meilleure conciliation travail-famille et l'amélioration des conditions salariales font aussi partie des revendications des enseignants et enseignantes. 

Ils ont été nombreux à prendre les rues jeudi pour manifester, notamment à Montréal, mais aussi à d'autres endroits à travers le Québec.

Photo Camille Dauphinais-Pelletier
Photo Camille Dauphinais-Pelletier

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