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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

«Je ne pense pas que j’ai gaspillé les fonds publics»: la présidente de l'Office de consultation publique Isabelle Beaulieu se défend

Après avoir refusé de s'expliquer pendant des semaines, la présidente est sortie de son mutisme mercredi

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Dominique Cambron-Goulet et Annabelle Blais

2023-11-08T21:47:55Z
2023-11-08T23:29:19Z
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Sortant de son mutisme pour la première fois mercredi, la présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) reconnaît des erreurs, mais juge qu’elle n’a pas «gaspillé les fonds publics».  

«Je ne pense pas que j’ai gaspillé les fonds publics. J’ai pu faire des erreurs, je ne suis pas parfaite», a affirmé Isabelle Beaulieu, en entrevue avec notre Bureau d’enquête.

La présidente de l’OCPM est sur la sellette en raison de nos révélations sur de nombreuses dépenses douteuses de son organisme pour des restaurants, des voyages et du mobilier, tant sous son règne que sous celui de sa prédécesseure, Dominique Ollivier, aujourd’hui bras droit de Valérie Plante.  

Jusqu’à hier, elle avait refusé toutes nos demandes d’entrevue et ignoré tous nos appels.

Elle nous a accordé 15 minutes au téléphone au cours desquelles elle a pris une part du blâme, tout en rejetant la faute sur les «pratiques transmises» par l’ancienne direction de l’OCPM, soit Mme Ollivier.

«Moi, j’hérite de la façon de faire de mes prédécesseurs», a affirmé Mme Beaulieu en assurant qu’elle reverrait les façons de faire, notamment pour les dépenses de voyage et de restaurant.

Aucune politique

Bien que la présidente précédente, Dominique Ollivier ait assuré toujours avoir respecté «les règles de l’Office», Mme Beaulieu a admis en entrevue qu’il n’y avait pas de politique encadrant ces dépenses. 

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«Actuellement, il n’y a pas de politique à l’OCPM. J’ai demandé à ma prédécesseure [Dominique Ollivier] qui m’a dit que c’était 1% du budget annuel pour les frais de représentation et de voyage, mais il n’y a pas de document écrit», a-t-elle convenu.

Souper d’huîtres à 350$, nombreuses réunions au restaurant, voyages qui s’étirent avec des membres de la famille, sont au nombre des dépenses douteuses qu’a faites l’OCPM depuis 2016. 

«Oui ,j’ai fait des rencontres de travail au restaurant le midi, c’était dans les pratiques de le faire depuis 20 ans, a reconnu Mme Beaulieu. Ça ne se reproduira plus.»

Lorsqu’elle était commissaire, soit à partir de 2015, elle confirme avoir été invitée au restaurant par la présidente Dominique Ollivier, mais ne se souvenait pas des établissements. «Il faudrait demander à Mme Ollivier», dit-elle. 

Celle-ci a soutenu qu’il n’y avait pas d’alcool dans ces réunions, mais ne pouvait toutefois expliquer comment en avril dernier elle avait pu avec un seul autre convive dépenser 211,50$ au café Ferreira le midi.

Mme Beaulieu s’est aussi engagée à resserrer les règles de voyage, qui ont permis à Guy Grenier de prendre part à la Fête nationale dans un bar à Londres et l’enregistrement d’un balado à Paris, aux frais des contribuables.

«On va se repencher là-dessus et on va se refaire une politique plus claire sur comment encadrer les déplacements, ça, c’est certain», a-t-elle assuré. 

Cette annonce survient alors que M. Grenier se trouve à Rio de Janeiro, au Brésil, ces jours-ci, pour participer au congrès annuel de l’Observatoire international de la démocratie participative.

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Selon nos informations, en raison de la controverse, il aurait écourté son séjour et annulé sa participation à un atelier.

  • Écoutez l'entrevue de la journaliste Annabelle Blais à l'émission de Sophie Durocher via QUB radio:

Pas de conflit d’intérêts

Isabelle Beaulieu juge que d’avoir nommé Guy Grenier au poste de secrétaire général, un homme de qui elle avait acquis une entreprise en 2018, ne la plaçait pas en conflit d’intérêts. 

«La vérificatrice générale va venir vérifier ça et elle va pouvoir confirmer qu’il n’y aucun conflit d’intérêts», dit-elle. 

La présidente a convenu qu’il n’y avait eu aucun appel de candidatures pour ce poste, pourtant rendu vacant par le départ à la retraite de Luc Doray, lui aussi visé par nos révélations. 

«J’ai rencontré quelques individus lors de repas de travail. M. Grenier était le meilleur candidat» , jure-t-elle. 

Pourtant, quelques années auparavant, Guy Grenier avait fait la manchette dans un scandale politique à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Celui-ci avait été congédié de son poste de chef de cabinet du maire Alain Laplante après seulement quelques mois, pour avoir mis les intérêts de son ami d’enfance, le maire, avant ceux de la Ville. 

«C’est un homme intègre. Son passé c’est son passé. Pour l’Office c’était la meilleure candidature», assure Mme Beaulieu.  

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