«Je me sentais dans Star Trek»: un premier Québécois a reçu une greffe de cellules cultivées en laboratoire pour soigner son diabète
Il a participé à un essai clinique avec ses médecins du CUSM


Hugo Duchaine
Un Montréalais atteint de diabète est devenu le premier patient au Québec à recevoir une greffe de cellules non pas d’un donneur, mais tout droit sorties d’un laboratoire, ce qui lui évitera de multiples piqûres d’insuline par jour.
«Je me sentais dans Star Trek. Je me disais “Wow” et j’étais vendu d’avance», lance Bruno Houde, qui s'est retrouvé parmi une trentaine de patients dans le monde à participer à un nouvel essai clinique contre le diabète de type 1.

Cette maladie est causée par la perte des cellules productrices d’insuline. Les personnes qui en sont atteintes doivent constamment surveiller leur taux de sucre et s’injecter de l’insuline pour le réguler.
L’homme de 58 ans a reçu une greffe d’îlots de Langerhans, soit une bulle de cellules contenues dans le pancréas qui produisent les hormones servant à réguler le taux de sucre (insuline et glucagon).
Source illimitée
Mais plutôt que de provenir du pancréas d’un donneur décédé, selon la procédure habituelle, les îlots de cellules greffées à M. Houde ont grandi en laboratoire. La pharmaceutique Vertex, aux États-Unis, les a développées pour lui à partir de cellules souches humaines.
«C’est une greffe dont la source est presque illimitée», se réjouit le chirurgien Dr Steven Paraskevas, aussi scientifique à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill et professeur de chirurgie à McGill (CUSM).
Ce dernier est le seul au Québec à faire des greffes d’îlots de Langerhans, une technique qu’il a développée à partir d’organes de donneurs. Il cherchait alors à réduire le risque de complications liées aux greffes de pancréas en entier et à soigner plus de patients.

«L’idée était qu’un pancréas allait créer assez d’îlots pour 3 ou 4 patients, mais l’inverse s’est produit», explique-t-il. Les patients se retrouvent à avoir besoin de plusieurs greffes d’îlots, provenant parfois de plus d’un pancréas, en plus d’attendre des donneurs.
Combat quotidien
Quelques mois après la greffe, le soulagement est total pour Bruno Houde. Son taux de sucre faisait constamment des montagnes russes, le plongeant même dans le coma par le passé.
«Le diabète, c’est un combat quotidien, avec de petites victoires, mais ça reste un combat perdu d’avance», souffle-t-il, ajoutant qu’il se sent mieux dans sa peau et dans sa tête aujourd’hui.
Il a troqué les injections d’insuline pour des médicaments antirejet, mais il souligne que les effets secondaires sont moindres.
Avec des résultats préliminaires prometteurs, le Dr Paraskevas a bon espoir que les cellules de laboratoire pourront être commercialisées ces prochaines années afin de libérer du diabète encore plus de patients.
Les îlots de Langerhans, c’est quoi?
- Il s’agit d’une grappe de cellules dans le pancréas, qui produisent l’insuline.
- Lors d’une greffe traditionnelle, ces cellules sont isolées du pancréas d’un donneur et perfusées dans le foie d’un patient au moyen d’un petit cathéter dans l’abdomen.
- Le patient est alors capable de produire de l’insuline et n’a plus besoin d’injections quotidiennes.
- Pour l’essai clinique, les cellules des îlots de Langerhans ont été cultivées en laboratoire à partir de cellules souches humaines.
- Cette technique pourrait permettre une production en quantité illimitée, sans devoir attendre un donneur d’organe compatible.