«Je me sens à ma place» - Auger-Aliassime
Mathieu Boulay
Félix Auger-Aliassime est dans une position enviable dans sa carrière. Il vient d’aider le Canada à remporter la Coupe ATP en plus de percer le top 10 pour la première fois. Difficile de demander mieux.
Toutefois, on sent que sa dernière saison n’était qu’un échantillon de son potentiel. Il pourrait encore en mettre plein la vue aux amateurs en 2022.
- À lire aussi: Djokovic de nouveau placé en rétention
- À lire aussi: Saga Djokovic: peu d’appuis chez les autres joueurs
«Je suis dans la position que j’ai toujours voulu être, a mentionné le Québécois lors d’un entretien avec Le Journal de Montréal, vendredi. On est rendu dans le money time. Là où ça se passe.
«C’est là que tu peux atteindre les plus hauts sommets de ta carrière. Je fais partie des meilleurs joueurs au monde. Je ne suis plus en ascension. Par contre, c’est sûr que je veux devenir un meilleur joueur et que je veux demeurer dans ce groupe élite.»
En février 2019, le Québécois était classé 104e mondial. Moins de trois ans plus tard, il est neuvième au classement de l’ATP. Il n’est âgé que de 21 ans seulement.
«C’est arrivé rapidement, mais je l’ai réalisé étape par étape, a fait remarquer le protégé de Fred Fontang. Je me sens à ma place. Mes piliers sont solides et ma base est solide. Je me sens prêt pour ce qui arrive devant moi.»
Plus mature
Auger-Aliassime n’est pas arrivé à ce niveau par magie. Il a vécu des hauts et des bas sur le court au cours des deux dernières années. Il a encaissé des défaites crève-cœur qui lui ont permis d’engranger une expérience qui vaut son pesant d’or.
«J’ai appris à me connaître. Les défaites difficiles que j’ai eues dans certains tournois m’ont permis de découvrir ce qui fonctionne et d’être alerte sur certains aspects.
«Ce fut un bel apprentissage. Par contre, il continuera durant toute ma carrière. Toutes ces expériences m’ont permis de me solidifier comme joueur et comme personne.»
Il n’est pas dupe. Il est plus facile pour un joueur d’accepter certaines leçons avec le sourire lorsqu’il obtient du succès.
«Ça vient souvent en parallèle avec des résultats. Avec mes résultats à Wimbledon et au US Open en 2021, j’ai passé à une autre étape de ma jeune carrière. Je deviens plus adulte et j’ai une meilleure maîtrise de ma carrière.»
À un certain moment, la fierté de L’Ancienne-Lorette, dans la région de Québec, a raconté qu’il a eu des discussions avec... lui-même! Il s’est regardé dans le miroir pour se dire ses quatre vérités.
«Je me suis responsabilisé et je me suis dit que je devais prendre un cran de maturité. Il fallait que je devienne le joueur que je voulais devenir dans le futur. J’ai eu de bonnes réflexions avec moi-même. Je me suis senti plus en confiance par la suite.»
L’influence de Nadal
Auger-Aliassime travaille avec son mentor Toni Nadal depuis maintenant un an. Après quelques tournois et quelques ajustements, les résultats de cette association ont commencé à être perceptibles.
«Toni est une personne avec qui on peut discuter. Il peut confirmer que nous sommes sur la bonne voie ou il peut pointer les choses que nous devons améliorer.
«À la fin, c’est moi qui joue les matchs et c’est moi qui dois bâtir ma propre expérience et apprendre à gérer tout cela.»
L’oncle de Rafael Nadal a insufflé une dose de confiance et de sérénité au sein de l’équipe d’Auger-Aliassime.
«Par sa présence, Toni a aussi apporté une certaine normalité à faire des résultats comme ceux au US Open. Personne ne s’est affolé ou excité du fait que j’étais en demi-finale d’un Grand Chelem. C’est quelque chose qu’il veut me voir faire une multitude de fois.
«Quand tu approches une personne comme Toni, tu dois être ouvert à recevoir des conseils, mais aussi à essayer de nouvelles choses. Il m’a aidé à améliorer certains aspects de ma personne et de mon attitude.»
La prochaine étape
Auger-Aliassime aimerait s’approcher du top 5 cette saison, mais il devra trouver une façon de remporter quelques tournois pour atteindre son objectif.
«Je ne sais pas encore ce que ça prend pour atteindre ce plateau. Selon moi, ça se joue sur les détails. Je suis déjà extrêmement pointilleux lors des entraînements et des matchs.
«Je vais continuer de faire ce que je fais depuis mes premiers pas dans le tennis, mais avec une exigence encore plus élevée et une précision encore plus grande. J’ai bon espoir que ça va me mener à bon port.»
Même s’il est dans le top 10 mondial, il n’a toujours pas de titre de l’ATP en poche. Et ce n’est pas parce qu’il n’a pas essayé. Il n’a toujours pas de victoire en huit participations à une finale.
«C’est un de mes objectifs principaux de la saison 2022. Le titre remporté à la Coupe ATP était bien même si c’est un tournoi par équipe. C’est un titre important à mes yeux. C’est une conquête qui a fait beaucoup de bien à ma confiance.
«Mon premier titre en simple va venir.»
Un Finlandais d’entrée de jeu
Auger-Aliassime se mesurera au Finlandais Emil Ruusuvuori, classé 90e au monde, au premier tour des Internationaux d’Australie.
Un adversaire qu’il connaît bien.
«Je ne l’ai jamais affronté, mais on s’est entraîné ensemble quelques fois, alors que nous nous étions rencontrés à l’Académie Nadal en décembre 2020, a expliqué Auger-Aliassime. Je l’apprécie comme personne.
«C’est un excellent joueur. Il est quand même assez jeune [22 ans]. Il a une bonne qualité de frappe. Je vais devoir donner le meilleur de moi-même.»
Lors de ses deux derniers tournois majeurs, il a été en mesure de livrer d’excellents résultats avec une participation aux quarts de finale à Wimbledon et une aux demi-finales des Internationaux des États-Unis.
À Melbourne, il sera sous les projecteurs, et les attentes seront élevées à son endroit.
Même recette
Toutefois, il n’a pas changé la recette avec laquelle il a connu du succès la saison dernière.
«Je ne change pas mes habitudes, a souligné le neuvième joueur mondial. Je fais mes entraînements avec concentration et intensité, mais on n’étire pas les journées de travail.
«Lors des tournois majeurs, il faut savoir doser ses énergies physique et psychologique. Entre les matchs et les entraînements, je tente de me reposer le plus possible. Je vais prendre un moment et un match à la fois. »
Pendant les événements du Grand Chelem, les joueurs mènent une bataille de tous les instants entre leur mental et leur corps. Ils tentent d’avoir le meilleur équilibre possible.
«Les deux sont intimement reliés, a expliqué Auger-Aliassime. Lorsque je me sens fort physiquement, c’est plus facile de me sentir bien dans ma tête. Et vice versa.
«Tu as de la marge d’erreur. Tu as un élément sur lequel tu peux durer jusqu’à la fin du match. Ces deux aspects m’amènent beaucoup de confiance.»