Barron: «Je le voyais un peu comme un Pietrangelo» - Daigneault
Nicolas Cloutier
Au téléphone, Jean-Jacques Daigneault, qui a dirigé Justin Barron avec les Mooseheads de Halifax, n’est pas surpris outre mesure de l’échange qui a envoyé son ancien joueur aux Canadiens de Montréal lors de la date limite, lundi après-midi.
Il note rapidement que Jeff Gorton connaît bien les Barron. Le frère de Justin, Morgan, a été repêché par les Rangers durant l'ère de Jeff Gorton à New York.
Daigneault a lui-même collaboré pendant quelques années avec Gorton à l’époque où il était entraîneur adjoint avec le Wolf Pack de Hartford dans la Ligue américaine. À titre de directeur du personnel des joueurs des Rangers, Gorton venait souvent assister aux matchs du club-école pour suivre la progression de la relève.
Et aux dires de Daigneault, son ancien collègue de travail a réalisé un coup fumant.
«C’était le meilleur joueur de mon club à Halifax. J’en ai fait mon capitaine. Il était très respecté de ses coéquipiers et je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas devenir ce leader chez les professionnels.
«Justin est un défenseur très dynamique avec un coup de patin incroyable. C’est un bon passeur. Il peut faire de bonnes sorties de zone en y allant d’une bonne première passe. Il a cette habileté d’être premier sur la rondelle avec son bon coup de patin. C’est ça qui le séparait des autres dans le junior.»
Barron n’est pas Erik Karlsson ou Quinn Hughes. Son style est bien plus sobre. N’empêche, il a certaines habiletés offensives, notamment un bon tir, combiné à des qualités athlétiques pas piquées des vers.
À en croire son ancien entraîneur, Barron a un peu d’Alex Pietrangelo dans le nez, ce qui a de quoi faire saliver les partisans du Tricolore.
«Je ne pense pas qu’il sera sur la première vague d’un avantage numérique, mais je le voyais un peu comme un Pietrangelo, qui n’était pas toujours sur la première vague à St. Louis ou Vegas. Si je peux faire une projection, j’irais un peu dans ce sens-là.
«C’est quelqu’un qui défend bien, qui a une bonne robustesse et un très bon lancer sur réception. Si je fais une projection dans trois ou quatre ans, c’est un peu de même que je le vois quand il va atteindre sa maturité.»
Les experts moins friands du jeu de Barron le décriront davantage comme un défenseur limité qui évoluera sur une troisième paire. On pourrait affirmer sans trop se tromper que Daigneault se range dans le camp des optimistes, lui qui voit un joueur apte à remplacer Jeff Petry à long terme.
«Je pense qu’il y a beaucoup de similitudes dans leur jeu, c’est une très bonne comparaison, mentionne l’homme de hockey, qui a naturellement dirigé Petry lorsqu'il était entraîneur adjoint avec les Canadiens. Ce sont deux excellents patineurs. Petry est un peu plus grand, mais les deux ont un excellent lancer aussi.»
La Ligue américaine d’abord?
S’il était plus près de la LNH que 95% des joueurs dans la LHJMQ au moment où il l’a dirigé, Barron était encore loin d’avoir terminé son développement lorsqu’il était dirigé par Daigneault.
«Quand je l’ai coaché, il voulait tout le temps partir avec la rondelle. J’ai essayé de lui apprendre d’être plus opportuniste. J’ai dû l’apprendre aussi dans la LNH. Il y a des matchs dans lesquels tu auras cinq opportunités offensives et tu dois essayer de les saisir au lieu d’en créer lorsque l’ouverture n’est pas là.
«Il est réceptif de ce côté. C’est facile de lui enseigner des trucs.»
Daigneault avait également remarqué un certain défaut dans sa mécanique de patinage.
«La dernière séance vidéo que j’avais faite avec lui portait sur sa posture quand il patinait à reculons. Il était trop penché vers l’avant, trop sur le bout des orteils. Ce sont de petits détails qu’un ancien défenseur peut voir. Il a travaillé beaucoup là-dessus. Parfois, ça peut nuire à ta mobilité, car tu perds ton équilibre.»
Continuer d’engranger de l’expérience dans la Ligue américaine pourrait être bénéfique dans le cas de Barron, et Gorton pourrait bien être de cet avis.
«J’ai travaillé six ans avec Jeff Gorton dans l’organisation des Rangers, rappelle Daigneault. Il venait souvent voir nos prospects à Hartford. J’ai travaillé avec Dan Girardi et Ryan McDonagh, notamment. On prenait notre temps avec les défenseurs. Jeff reconnait le processus que ça prend.»
Après tout, il n’y a rien comme la jungle qu’est la LAH pour préparer un espoir.
«Je crois qu’un défenseur doit devenir un leader dans la Ligue américaine avant de devenir un leader dans la Ligue nationale, explique Daigneault. La Ligue américaine est une ligue très difficile. En quelque sorte, c’est plus facile de jouer dans la LNH, où il y a plus de talent que de jouer dans la Ligue américaine où tu dois vraiment te démarquer individuellement pour avoir de bonnes statistiques.»