«Je gagnais 500$ par année» -André Tourigny
TVA Sports
Vous cherchez une personne inspirante sur qui prendre exemple? André Tourigny, entraîneur-chef des Coyotes de l’Arizona, répond assurément aux critères de «l’emploi».
La présence de l’homme de 48 ans derrière le banc d’une équipe de la Ligue nationale de hockey est liée à tout, sauf au hasard. En fait, elle rime carrément avec «persévérance».
En vidéo principale, voyez le bel entretien entre Tourigny et notre journaliste Marc-André Perreault.
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Natif de Nicolet et issu d’une famille de fermiers, Tourigny ne s’est toujours fié qu’à lui-même pour gravir les échelons. Il a tracé son chemin à force de travail acharné.
À l’occasion d’un récent entretien avec notre journaliste Marc-André Perreault, le sympathique instructeur s’est ouvert et a gentiment et sans tabou accepté de raconter sa belle histoire.
«Tu te lèves le matin, puis tu travailles. Et tu recommences le lendemain. C’est un pas à la fois. Ma mère m’a toujours dit que j’étais capable de faire ce que je voulais. Elle me disait de croire en moi et m’a toujours donné beaucoup de confiance. J’ai toujours voulu coacher au hockey. J’étais p’tit cul et je savais que je voulais faire ça. L’opportunité s’est finalement présentée lors d’un party de famille du côté de ma femme. Junior St-Louis, le chum de sa cousine, m’a offert d’être son adjoint dans le hockey mineur. J’ai accepté et de fil en aiguille j’ai progressé.»
500$... par année!
Tourigny a ensuite enchaîné avec une déclaration qui en dit très long sur la rapide façon dont il a englouti les étapes vers la LNH, mais aussi sur les sacrifices qu’il a dû mettre pour y parvenir.
«Moi, mon but, c’était de coacher Bantam BB à Nicolet pour 20 ans! Je n’ai jamais dit que j’allais entraîner dans la Ligue nationale. Jamais. Un jour, Denis Francoeur m’a proposé d’aller œuvrer comme adjoint dans la LHJMQ. Je capotais raide! À l’époque, il n’y avait qu’un seul adjoint dans le junior majeur, mais il voulait que je sois son deuxième assistant. Il m’avait offert 500$... pour l’année!
«C’était un poste à temps partiel. Je lui ai alors répondu que j’acceptais, mais que je voulais travailler pour lui à temps plein. Je gagnais donc 500$ par année, à ce moment-là...»
De bons mots pour Martin St-Louis
Questionné à savoir ce qu’il pensait du boulot accompli jusqu’ici par Martin St-Louis, Tourigny y est allé d’une réponse plutôt révélatrice.
«Il est encore tôt, mais tu vois, par sa présence et par les commentaires des joueurs, que c’est un excellent leader. Tu vois tout de suite qu’il a un plan en tête et qu’il sait ce qu’il veut. Ses joueurs jouent de plus en plus à sa façon. Je pense qu’il fait un excellent travail.
«Cela dit, je ne pense pas qu’on puisse vraiment analyser le travail d’André Tourigny après un an et demi, tout comme je ne pense pas qu’on puisse le faire pour celui de Martin. Mais il n’est pas passé par les mêmes étapes que tout le monde pour parvenir à ses fins et il est prêt depuis un bon moment à faire ce qu’il fait actuellement.»
Jongler entre reconstruction... et désir de vaincre
Parlant de St-Louis, Tourigny doit composer avec une réalité très similaire à celle vécue par l’entraîneur du CH : tous les deux veulent évidemment gagner le plus grand nombre de matchs possibles, mais sont ralentis par le processus de reconstruction mis en place par les dirigeants de leur club.
Comment Tourigny vit-il avec cela?
«Si tu fais ce qu’il y a de mieux pour l’équipe en tant qu’entraîneur, tu n’as pas à t’inquiéter. L’équipe pendra aussi soin de toi.
«La chose importante dans tout cela, c’est qu’il faut tu gardes ta crédibilité auprès de tes joueurs. Et si tu n’es pas crédible dans ce que tu dis, tes gars vont finir par se dire entre eux que tu ne dis que la bullshit. Dans tous les clubs au monde, les joueurs veulent un entraîneur honnête. Alors si tu dis à tes gars que tu souhaites une équipe qui bloque des tirs, mais que trois joueurs ne le font pas et que ça n’affecte en rien la façon dont tu les gères, tu n’es pas honnête.
«Dans une équipe en reconstruction, les joueurs comprennent que tu fasses jouer les jeunes. Mais si les jeunes ne font pas attention aux petits détails et que ça n’affecte pas leur temps de glace, les joueurs ne respecteront pas ça.»
Tourigny, bien en verve, ne s’est pas arrêté là, se prononçant sur le fameux dilemme entre repêcher tôt et compétitionner de façon régulière.
«En Arizona, le DG Bill Armstrong est extrêmement compétitif. Quand on perd, il entre dans le bureau et est encore plus fâché que nous tous! Il sait pertinemment que les équipes championnes ne se bâtissent pas sans compétitionner chaque soir. Mais en même temps, Bill est un recruteur de profession!
«C’est drôle parce que quand on a commencé l’année, il parlait du top 3-4 du repêchage à venir. Mais quand on s’est mis à gagner des matchs, sa liste s’est allongée! Ce que j’aime de Bill, c’est qu’il ne voit pas une victoire comme une barrière à repêcher tôt. Il essaie plutôt de repérer le meilleur joueur qui sera toujours disponible au rang où nous aurons à nous prononcer, peu importe ce sera quand.»