Jays: en profiter avant que ça ne coûte trop cher
François Paquet
Les Blue Jays jouent du bon baseball depuis un mois et se retrouve en pleine course au meilleur deuxième dans la Ligue américaine. Difficile de dire si la troupe de Charlie Montoyo réussira à se classer, mais il est certain que les amateurs se doivent de savourer chaque instant de cette équipe spectaculaire, parce qu’elle pourrait être fort différente, et ce, dès l’an prochain.
Il est clair que dans la Ligue américaine, quelques clubs semblent être bâtis sur des bases solides. Que ce soit les White Sox de Chicago, les Rays de Tampa Bay et même les Tigers de Detroit, qui semblent avoir fait une reconstruction intéressante. Les Jays font aussi partie de cette catégorie avec une équipe solide et un réseau de filiales encore bien garni.
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Lorsque la saison 2021 se terminera, plusieurs joueurs importants pourront profiter de leur autonomie. À commencer par Marcus Semien, qui connait la meilleure saison de sa carrière. Il avait accepté un pacte d’une seule saison à Toronto pour 18 millions $ et risque de signer un contrat à long terme beaucoup trop dispendieux pour l’organisation torontoise. Mais il y a plusieurs questions à se poser à savoir si des jeunes comme Jordan Groshans ou le québécois Otto Lopez sont prêts pour jouer à temps plein dans la grande ligue ou est-ce que Cavan Biggio ou même Lourdes Gurriel pourrait faire partie de la solution. De plus, une entente avec un joueur autonome plus ou moins dispendieux n’est pas hors de question.
Au monticule, la direction devra faire des choix déchirants. À commencer par Robbie Ray qui, à 8 millions $, représente toute une aubaine, surtout qu’il pourrait remporter le premier trophée Cy-Young de sa carrière. Un peu à l’image de Semien, il avait accepté une entente d’un an pour refaire sa valeur sur le marché et il a gagné son pari haut la main. Les Jays aimeraient bien le garder, mais seront-ils prêts à déplier les gros dollars et offrir 20 à 25 millions $ par année à leur meilleur lanceur? Ça reste un pari risqué, surtout pour un lanceur partant qui aura 30 ans, le 1er octobre.
Steven Matz pourra aussi profiter de son autonomie. Il s’agissait d’un autre projet pour l’instructeur des lanceurs Pete Walker et ce dernier a relevé le défi avec brio. Mais peut-on vraiment donner 10 à 12 millions $ par année à notre 4e ou 5e partant? Ça ne fait aucun sens, surtout que les Jays ont espoir de voir quelques jeunes lanceurs passer à l’étape suivante l’an prochain, dont Nate Pearson, qui pourrait se retrouver dans la rotation l’an prochain.
Jose Berrios ne sera pas joueur autonome avant la fin de la saison 2022, mais il aura droit à l’arbitrage cet hiver, ce qui veut dire qu’il gagnera beaucoup plus que les 6,1 millions $ qu’il gagne cette année. Pourrait-il être intéressé à un contrat à long terme avec l’équipe? Comme il n’a que 27 ans et qu’il semble être heureux et à l’aise avec cette nouvelle équipe, cela pourrait être une certaine possibilité. Même chose pour Teoscar Hernandez, qui ne gagne que 4,32 millions $ cette saison, mais devrait recevoir une grosse augmentation, ayant lui aussi le droit à l’arbitrage.
Il y a deux joueurs, voire deux contrats, que les Jays pourraient échanger pour faire de la place. Randall Grichuk, a encore deux saisons à plus de 10 millions $ par année. Pour un gars de 25 circuits qui peut jouer les trois champs, il y aurait surement preneur. Et si on plaçait Hyun Jyn Ryu sur le marché? Même après une saison 2021 très décevante, il y aurait certainement quelques équipes à gros budgets qui seraient intéressées à ramasser les deux dernières années de son contrat à 20 millions $ par saison, surtout avec le manque de bras de qualité dans le baseball majeur. Une transaction qui pourrait permettre aux Jays de garder Robbie Ray ou d’investir dans Marcus Semien.
Mais il faut aussi réfléchir chez les Jays, à l’avenir à long terme de l’équipe puisque des joueurs comme Bo Bichette et Vladimir Guerrero, pourront d’ici deux ans, profiter de l’arbitrage et peut-être même signer des ententes à très long terme avec l’équipe. Cependant, depuis quelques années, on se rend compte que les meilleurs joueurs vont chercher entre 30 et 40 millions $ par saison, ce qui représente une très grande partie du budget lorsqu’on a deux ou trois gros noms à signer.
Alors c’est pour ça que je vous dis d’en profiter pendant que ça passe. Je pense que les Jays seront très compétitifs pour les trois ou quatre prochaines années, mais les fenêtres d’opportunités sont beaucoup plus petites aujourd’hui avec l’arbitrage, l’autonomie et le fait que la loyauté n’existe plus dans le monde du sport professionnel. Alors espérons que les Jays auront le temps de ramener la Série Mondiale au Canada, avant que tout le monde ne passe à la caisse.