L'organisateur du party d'influenceurs veut acheter tous ses voisins
Francis Pilon | Journal de Montréal
L’organisateur du party controversé sur un vol de Sunwing sème autant la zizanie en l'air que sur terre, lui qui multiplie les offres pour acheter les propriétés de ses voisins pour les éloigner de son petit royaume sur la Rive-Nord de Montréal.
Le Journal s’est rendu au rond-point de la rue Place du Coteau à Bois-des-Filion pour observer les six maisons et un terrain boisé appartenant à James William Awad. L’homme de 28 ans, que le premier ministre Justin Trudeau a qualifié d'«Ostrogoth» la semaine dernière, a déboursé 6,3 millions de dollars pour ces acquisitions.
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«Personne ici n’a été surpris ici de voir qu’il a fait les manchettes à l'international avec son vol. Ce n’est que la pointe de l’iceberg de ce qu’il fait. Dans le rond-point, tout le monde a eu une offre d’achat de lui, mais certaines familles résistent. Il veut faire un club privé ici», explique en soupirant Pierre Châteauvert, voisin immédiat d’Awad.
Ce dernier, qui habite depuis 18 ans à cet endroit, ajoute que l'arrivée d'Awad a pertubé la quiétude du voisinage : «Cet été, 150 personnes au moins sont venues faire le party. Aucun ne respectait les mesures sanitaires. La musique était très forte, personne ne pouvait dormir. Les policiers sont venus à plusieurs reprises, mais ils ne pouvaient rien faire pour les arrêter».
Comme un roi
Même s’il habite le quartier depuis environ deux ans, une bonne portion de la rue semble déjà lui appartenir.
Impossible de ne pas remarquer les nombreuses statues à l’effigie de James William Awad devant ses résidences qui serviront à accueillir ses futurs clients du «Private Club 111».
Devant une maison convertie en studio d’enregistrement pour sa musique, une statue d’Awad tient un micro. Une autre de lui en peignoir se trouve en face d’une résidence transformée en spa.
Et signe que ses propriétés sont bien gardées, deux sculptures avec des épées à la main protègent l’entrée principale menant à son château au sommet d’une colline.
«Tout le monde se demande comment il fait son argent. On se sent intimidé avec nos familles pour partir d’ici et parce qu’il veut être le seul propriétaire du coin. Il se prend pour un roi», tonne une voisine, qui veut rester anonyme par crainte de représailles.
Au moins huit voisins d’Awad, qui ont refusé de s’identifier pour ne pas «avoir de problèmes», ont indiqué avoir eu des offres d’achat. L’organisateur controversé compterait même installer une guérite lorsqu’il possèdera toutes les résidences du coin.
«Je veux pas de voisins non plus. J’essaie d’acheter les maisons à côté pour ne pas avoir de voisins, avoue par textos et sans filtre M. Awad. Ils veulent tous vendre, mais ils demandent des prix ridicules.»
Écoutez l’entrevue de Benoit Dutrizac avec Gilles Blanchette, maire de Bois-des-Filion sur QUB radio :
Menaces de mort
Le Journal a aussi appris que des résidents forment désormais un petit comité pour surveiller Awad.
«La goutte qui a fait déborder le vase, c’est lorsqu’il a mis des plaques menaçant de mort toute personne qui voudrait rentrer sur ses terrains. Les gens se sont plaints à la police parce que les enfants avaient peur. Il les a finalement retirées le mois dernier», raconte l’un d’entre eux.
Sur celles-ci, on pouvait y lire en anglais : «Toute intrusion peut entraîner une mort subite». James William Awad a d’abord dénié l’existence de ces plaques, puis a dit qu’il s’agissait d’une simple blague.
«Pour moi, ça n’a pas l’aspect d’une blague. C’est clairement une menace de mort. Si c’était une affiche colorée d’un film avec ce mot ou une affiche rose avec des émojis, ça serait différent. Cette plaque est clairement écrite pour empêcher les gens de rentrer sur le terrain et susciter la crainte. Ça, c’est illégal», affirme Me Alexandra Longueville, avocate criminaliste.
Gros party
Plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux de James William Awad montrent en effet des centaines de personnes réunies dans son boisé à la fin de l’été. Les fêtards font le party sans respecter aucune règle sanitaire, comme à bord du vol de Sunwing à la fin du mois de décembre.
«Nous ne commentons pas les dossiers particuliers visant des endroits précis», a indiqué brièvement par courriel le Service de police intermunicipal de Terrebonne, Sainte-Anne-des-Plaines et Bois-des-Filion. Ce dernier a aussi refusé de dire si une enquête au sujet de M. Awad était en cours ou non.
— Avec Philippe Langlois et Pascal Dugas Bourdon, Bureau d’enquête
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