«J’ai peur de la guerre et une phobie du sang»: découvrez l'histoire de Yehor, un étudiant ukrainien
Texte: Stéphane Kenech, Photos: Adrienne Surprenant
Au cœur de la guerre qui met leur pays à feu et à sang, de jeunes Ukrainiens refusent de baisser les bras. Chacun à leur manière, ils ont choisi de participer à l’effort de guerre. Dans une série de photoreportages inédite, le 24 heures vous rapporte leurs histoires.
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Étudiant à Kyïv avant la guerre, Yehor a trouvé refuge à Lviv, dans un grand appartement qu’il partage avec 12 autres personnes. Un logement mis à disposition par un jeune couple qui a souhaité participer à l’effort de guerre en proposant un toit.
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Yehor est de nature anxieuse. «J’ai peur de la guerre, et j’ai une phobie du sang», explique-t-il. Pour surmonter sa peur, il prête main-forte à des dizaines d’autres personnes, qui confectionnent des protections de camouflage pour l’armée ukrainienne, dans une librairie, au milieu des livres.
Âgés de 16 à 70 ans, ces bénévoles, dont Yehor, découpent des vêtements. «À l’aide de ciseaux, on coupe des vêtements de donateurs, ça peut être même des vêtements de marque, comme un manteau Burberry», rapporte-t-il.
Ces morceaux de vêtements sont utilisés par ces volontaires pour tresser des protections de camouflage pour l’armée ukrainienne. La demande de l’armée est grande afin de dissimuler les systèmes de missiles anti-aériens, et les barricades qui ont été mises en place dans tout le pays.
La Russie cible sans distinction des cibles militaires et civiles, alors Yehor a le sentiment de contribuer, à sa manière, à la défense de son pays et ainsi protéger sa famille qui se trouve encore à Nikopol sous le feu des missiles russes.
Malgré sa présence quotidienne dans la librairie, Yehor reste inquiet. Il négocie par téléphone le départ de sa grand-mère, récalcitrante à quitter sa maison et prendre la route de l’exode. «Si tu meurs sous les bombes russes, tu auras tout perdu, et je serai dévasté», confie-t-il comme s’il s’adressait à elle. Sa mère aussi est restée à Nikopol.
En attendant, l’arrivée de sa famille, il patiente seul à Lviv, et commence à se faire des amis. Comme tous les jeunes de son âge.