J’ai mal à mon humanité quand je pense à la Fonderie Horne!
Raôul Duguay est un artiste multidisciplinaire, philosophe, environnementaliste et auteur de «La bitte à Tibi»
J’ai mal à mon humanité quand j’apprends que la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, émet actuellement 33 fois plus d’arsenic que la norme québécoise fixée à 3 nanogrammes par mètre cube (ng/m3).
J’ai mal à mon humanité quand j’apprends que la population de mon Abitibi a été exposée à des émissions 333 fois plus élevées que cette norme. La Fonderie Horne intoxique la population depuis trop longtemps. Aucun citoyen de Rouyn-Noranda ne doit accepter d’attendre des années avant de se sentir en sécurité.
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J’ai mal à mon humanité quand des chercheurs scientifiques m’apprennent que l’exposition à l’arsenic dans l’air peut provoquer des maladies pulmonaires obstructives chroniques et des cancers des poumons ou affecter le poids des enfants à naître. Il est plus que temps d’écouter la voix des citoyennes et des citoyens qui subissent depuis des décennies les souffrances causées par la profanation des règles élémentaires d’une éthique planétaire.
Prise de conscience planétaire
La lettre qu’ont signée les médecins de Rouyn-Noranda est un indice de la prise de conscience sociale concernant la sécurité de la population. Les médecins, tout comme la majorité des citoyens, demandent au premier ministre du Québec d’exiger sans délai que la Fonderie Horne respecte la même norme (3 ng/m3) que partout au Québec en ce qui a trait à l’exposition aux contaminants atmosphériques – arsenic et autres métaux lourds.
Écoutez l'entrevue avec Raôul Duguay à l’émission de Sophie Durocher diffusée chaque jour en direct 14 h 38 via QUB radio :
Quand les médias m’apprennent que Mark Rich, le fondateur de Glencore dont fait partie la Fonderie Horne, s’est retrouvé au centre de multiples controverses touchant l’environnement, les paradis fiscaux, la corruption internationale et qu’il a échappé au FBI pour 50 accusations de fraude, d’extorsion, d’évasion fiscale, je me demande pourquoi nous devrions accorder notre confiance à cette multinationale.
La santé avant l’économie
Le 3 août dernier, la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine a mandaté la firme Léger pour réaliser un sondage auprès de 995 Québécois au sujet de l’industrie minière au Québec. La prise de conscience de la population du Québec est claire : « La santé et l’environnement doivent passer avant l’économie même si cela signifie que certains projets miniers devront cesser leurs opérations. Le principe pollueur-payeur doit aussi s’appliquer pour que l’industrie minière paie la totalité de ses impacts sur l’environnement et la santé publique. »
La Fonderie Horne s’engage à réduire ses émissions d’arsenic à 15 ng/m3 en investissant 500 millions dans un plan de modernisation. Cela demeure cinq fois plus élevé que la norme nationale. Il n’est pas question de donner un seul sou à la Fonderie Horne. Elle a fait des dégâts, elle doit les payer.
Bref, c’est au gouvernement d’assumer ses responsabilités et de prendre en charge le processus pour amener la Fonderie à respecter les normes.
Boom minier
J’ai mal à mon humanité quand j’apprends que dans certaines régions du Québec, la superficie couverte par des titres miniers a plus que doublé ces dernières années – à un rythme quatre fois plus rapide que l’augmentation des territoires protégés de l’activité minière –, alors je comprends que la demande mondiale pour les minéraux « rares » facilitant l’électrification des transports ne pourra que dérégler davantage les écosystèmes.
Face au boom minier qui déferle sur le Québec, il est clair qu’un moratoire est nécessaire maintenant, car pour une grande majorité de Québécois, il faut « interdire tout projet minier dans des zones touristiques ou de villégiature de même que le rejet de déchets miniers dans tout lac, rivière ou milieu écologique sensible ».
Raôul Duguay, Artiste multidisciplinaire, philosophe, environnementaliste et auteur de « La bitte à Tibi »