«J’ai essayé de tourner la page» -Justin Barron
Louis-André Larivière
Avec quatre recrues dans la brigade défensive des Canadiens de Montréal cet automne, Justin Barron a été le grand perdant lors d’un camp d’entrainement où les portes lui semblaient grandes ouvertes.
Le premier choix de l’Avalanche du Colorado en 2020 n’a évidemment pas été enjoué par sa rétrogradation chez le Rocket de Laval, le 10 octobre.
Ci-dessus, voyez l'entretien qu'a accordé le défenseur Justin Barron au journaliste Louis-André Larivière.
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Le Néo-Écossais doit sentir que percer la LNH est un rocher de Sisyphe. Après tout, il ne parvenait pas à se dénicher une place au sein de la sublime brigade défensive de l’organisation qui l’a repêché au 25e rang au total avant d’être échangé au Tricolore. L’histoire se répète à Montréal.
«C’était décevant, a-t-il confié au TVASports.ca après l’entraînement de mardi à la Place Bell, jour de son 21e anniversaire. Ça fait partie du métier. J’essaie de travailler sur mon jeu pour me permettre d’être le premier rappelé.»
Dans cette quête, rien n’est plus important que la façon dont il répondra à l’échec. Les entraîneurs axés sur la psychologie insistent sur cette notion avec acharnement dans la modernité.
La poussière retombée, Barron démontre beaucoup d'intensité et certains coéquipiers se disent impressionnés par la façon dont il a transformé une déception en une expérience positive. Tant sur la glace qu’à l’extérieur.
«Justin, au début, tu voyais qu’il était très déçu, raconte l’attaquant Anthony Richard, meilleur pointeur du club-école. Pour un jeune comme lui, ça peut affecter sa confiance. Souvent, c’est mentalement dû au fait d’être retranché. Surtout qu'il est si près. Il a joué presque toute la dernière saison à Montréal.»
Malgré son moral dans les talons qui a occasionné un lent départ, Barron s’est retroussé les manches et il a mis ses bottes de travail. Il est le défenseur le plus productif du Rocket après 15 matchs, avec une récolte de huit points.
«J’ai essayé de tourner la page assez rapidement, explique-t-il. Ici, je suis employé dans toutes sortes de situations, sur les unités spéciales et j’ai beaucoup de temps de glace. Je concentre mes énergies à aider l’équipe à gagner des matchs.»
«Il s’est présenté ici avec la meilleure attitude, assure Anthony Richard. Depuis le début, il est notre meilleur défenseur. On voit pourquoi c’est un choix de premier tour. Il est habile sur ses patins pour un gros bonhomme.»
Prouver sa valeur
Barron a connu un camp ordinaire avec de brillants moments, sans plus. Si le CH avait décidé de le garder, il aurait sans doute eu à observer les rencontres sur la passerelle de presse plutôt que d’obtenir les responsabilités que lui offre l’entraîneur-chef Jean-François Houle.
Il reste que le défenseur de 6 pi 2 po et 201 lb laisse transparaître qu’il joue pour prouver sa valeur au grand club. Dans la langue de Shakespeare, l’expression populaire Chip on his shoulder illustre bien le contexte où un choix de premier tour ne parvient pas à atteindre la LNH.
«C’est sûr que c’est frustrant. Je sentais qu’il y avait de bonnes chances que je perce la formation. Il y avait plusieurs postes disponibles, admet-il en précisant qu’il ne rumine pas.
«À la fin de la journée, ça ne m’apportera rien de bon de m’apitoyer sur mon sort. Comme j’ai dit, j’ai tourné la page ici. Le personnel d’entraîneurs est formidable et les joueurs sont bons pour moi.»
La seule chose qui manque pour Barron et le Rocket, ce sont les victoires. L’équipe est parmi celles ayant accordé le plus de buts jusqu’ici en 2022-2023. Un facteur expliquant sa fiche, Laval a perdu sept matchs par un seul point.
«On a un bon groupe ici. On n’a pas eu les résultats qu’on souhaitait dernièrement. On a été dans des matchs très serrés et on doit resserrer certaines choses pour surmonter cette mauvaise passe.
«C’est de l’adversité tôt en saison et je crois qu’on en ressortira plus fort vers la deuxième moitié de la saison.»
Intensité et compétition
Barron est aussi d’avis qu’avec le noyau de joueurs, le Rocket forme une excellente équipe malgré ce qu’indique sa fiche.
«Le niveau de compétition est très élevé ici. Nos attaquants n’ont pas un physique imposant, mais nous sommes super compétitifs et on applique de la pression sur les autres équipes pendant 60 minutes.
«Ça nous donne une chance tous les matchs. Ça fait que les parties sont très amusantes avec ce style de hockey divertissant.»
Enfin, pendant que le Rocket (4-8-3) tente de prendre son envol, les joueurs ne sont pas indifférents au surprenant début de saison du grand club de l’autre côté de l’autoroute 15.
«Ils ont bien joué (après 17 matchs). Je sais que c’était très décevant l’an passé et on se réjouit de voir les gars gagner, dit Barron. Je parle encore à quelques-uns dans l'équipe et j’ai pu passer du temps avec certains d’entre eux.»
Barron dit aussi apprécier les visites de ses parents, qui résident dans la région de Halifax : «ils habitent à 10 ou 11 heures de voiture d’ici. Ils sont venus me voir jouer quelques fois», conclut celui qui a eu droit à leur visite, jeudi soir, pour son anniversaire.