Publicité
L'article provient de Le sac de chips

Jagmeet Singh et le mot en «f»

Partager
Photo portrait de Philippe Melbourne Dufour

Philippe Melbourne Dufour

2021-03-29T19:30:49Z
Partager

Ce texte s’inscrit au catalogue du «Centre d’observation du Québec-Bashing», présenté par le Sac de chips.

• À lire aussi: Une journaliste anglophone fait un commentaire douteux sur le drapeau des Patriotes et «s’excuse»

• À lire aussi: Trois fois où le magazine Maclean’s a semé la controverse en parlant du Québec

Si on vous dit «mot en F», celui qu’on ne doit pas prononcer, quel mot vous vient en tête?

Est-ce que c’est celui de quatre lettres qui rime avec truck?

Peut-être qu’il s’agit de celui que les gens arriérés utilisent pour dégrader des membres de la communauté LGBTQ+? 

Pour Jagmeet Singh, c’est un tout autre mot qui occupe son esprit quand il entend la lettre entre «e» et «g».

Anatolii - stock.adobe.com
Anatolii - stock.adobe.com

Hier, le chef du NPD était de passage à Tout le monde en parle pour avoir une discussion franche avec Paul St-Pierre Plamondon à propos du Québec-bashing.

Ce segment est en réponse à une controverse qui fait déjà jaser depuis quelques jours. Amir Attaran, un prof de l’Université d’Ottawa n’a pas mâché ses mots en parlant de la belle province. Il est même allé jusqu’à qualifier le premier ministre François Legault de «suprémaciste blanc».

Chris Roussakis/QMI Agency
Chris Roussakis/QMI Agency

Les propos de monsieur Attaran ont été dénoncés haut et fort par le monde politique canadien. Même Justin Trudeau est intervenu avec un «woah, ça va faire là!» bien senti. 

Publicité

PSPP, lui, trouve que l’Université d’Ottawa devrait intervenir et il a même porté plainte auprès de l’institution.

Par contre, le NPD s’est tenu relativement tranquille dans cette histoire. Sauf, évidemment, un élu qui a salué les commentaires du prof controversé.

Sur le plateau de la grande messe du dimanche, Singh a affirmé être au courant de la discrimination subite par les Canadiens-Francais et qu’il avait eu une bonne conversation avec son élu pour lui expliquer que ce qu’il a fait pouvait être blessant.

Quand Guy A. Lepage lui a demandé pourquoi il n’avait pas dénoncé les propos, il a répondu qu’il «pense que c’est un danger pour les politiciens de se mêler dans comment les institutions d'éducation gèrent leurs affaires».

Par contre, il lui a rapidement rappelé qu’il était en faveur d’une suspension pour Verushka Lieutenant-Duval, une professeure du même établissement, qui avait fait les manchettes l’an dernier pour avoir dit de vive voix le «mot en n» dans le contexte d’un cours.

L’homme politique a donc répondu que, lui, ce qu’il l'intéressait, c’était de s’attaquer à certains mots qui peuvent être blessants. C’est à ce moment qu’il a utilisé en exemple le «mot en f», qui est le nom en anglais pour une grenouille.

Publicité

Frog. Un mot qui peut sembler inoffensif, a pendant longtemps été une des pires insultes qu’on pouvait dire à un.e Canadien.e-Français.e. 

C’est difficile de situer quand exactement cette injure à fait son apparition, mais on retrace son origine à l’Europe du 18e siècle. Certains croient que les Anglais se sont mis à traiter les Français de «frogs» à cause de leur appréciation pour les pattes de grenouille.

Une autre théorie serait qu’elle vient de Grenouillère, l’espace marécageux autour de Paris. Les membres de la cour royale se seraient mis à appeler ses habitants de grenouilles, et post-révolution, cette expression serait sortie de la France et serait devenue un terme offensant pour désigner un français.

Au nouveau monde, le terme s’est répandu comme un feu de paille. Les francophones ont longtemps été qualifiés de frogs par les colons britanniques et ce terme est resté une insulte populaire jusqu’à plutôt récemment.

Robert Charlebois a même chanté une chanson sur le sujet.

Par contre, au cours des dernières années, on entend moins cette injure. Si vous avez en bas de 40 ans, il est très possible que vous ne vous êtes jamais fait traiter de frog.

C’est pour cette raison que de nombreux Québécois ont été étonnés d’entendre le député de Burnaby-Sud ressortir ce mot des boules à mites. C’est comme si M. Singh a pris un livre sur l’histoire du Québec-Bashing, a lu le premier chapitre et a décidé qu’il en savait assez.

C’est à ce demander, si Amir Attaran avait traité Legault de grenouille, est-ce que Jagmeet aurait déjà condamné ses propos?

Aussi sur le Sac:

Publicité
Publicité

Sur le même sujet