Jacques, le documentaire : à voir au cinéma
Équipe Salut Bonjour
Depuis plus de quarante ans, Jacques Duhoux, pionnier des expéditions nordiques québécoises, vit seul en autonomie au pied des monts Groulx. Aujourd’hui, à 85 ans, il persiste à vivre en marge du monde, malgré un déclin inéluctable. Apprenez-en plus sur ce monument de l’exploration nordique via ce film-hommage à voir en décembre.
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Jacques, le film nous parle de l’équilibre délicat entre la nature, la vieillesse et la recherche de liberté.
À propos de Jacques
Jacques est d’origine belge et a grandi en Afrique. Il était enseignant au Burundi lors des sanglants événements de 1972. Son implication dans ce conflit l’a obligé à quitter le pays.
En 1980, il s’installe au Québec dans les Monts Groulx afin de vivre en harmonie avec la nature. Dans son nouveau lieu de vie qu’il a surnommé le Camp Nomade, il organise des expéditions en traineau à chien : ce sont les débuts du tourisme d’aventure.
Aujourd’hui atteint de la maladie de Parkinson, Jacques décide de continuer à vivre au Camp Nomade malgré la perte graduelle de son autonomie.
« Je refuse une vie d’esclave, je veux une vie dans laquelle je sois libre. »
- Jacques Duhoux, lettre 1978
Questions et réponses de la réalisatrice Lysandre Leduc-Boudreau
Quel est ton lien avec Jacques?
Ma mère avait fait une randonnée avec Jacques dans les années 80, ils ont gardé contact par la suite. Il passait une fois par an à la maison, il m’a vue grandir et ses récits d’aventures ont marqué mon enfance.
Jacques n’est pas facile d’approche. Plusieurs ont essayé de faire un film sur lui et il a tout refusé, sauf pour un seul (La trace, réalisé par Alain de Halleux, 1990) qui portait sur les randonnées qu’il organisait avec Aventures Nomades à l’époque.
Ce fut un honneur d’avoir eu cet accès et d’avoir pu récolter ses derniers témoignages avant que la maladie prenne le dessus au niveau cérébral.
Peux-tu décrire le contexte des tournages?
Le Camp Nomade (là où vit Jacques) est situé à 15 h de route de Montréal, à 5 heures de Baie-Comeau, il faut dépasser Manic-5, mettre de l’essence à la dernière station et faire encore 25 km. Il n’a pas d’eau courante, il n’a pas d’électricité et nous y restions sur des périodes de 5 à 7 jours. Nous avons développé certaines techniques : dormir avec les batteries, respecter le nombre d’heures de tournage par jour, transférer les cartes et recalculer notre horaire, prévoir du temps pour couper le bois.
Pour les plans extérieurs, nous devions taper la neige avec nos raquettes afin de créer une plateforme assez solide pour soutenir et stabiliser le trépied. D’ailleurs, on ne pouvait aller nulle part si on ne mettait pas les raquettes - c’est même dangereux !
Comment est venue l’idée de faire ce film?
Il y a 6 ans, j’étais dans une période où je voulais passer de Recherchiste à Réalisatrice, je me sentais prête, mais il me fallait un premier projet solide pour faire le grand saut.
Lorsqu’on a appris que Jacques avait le Parkinson, je lui ai demandé la permission de faire mon premier film avec lui. Après quelques échanges, il a accepté de me laisser entrer dans son univers.
Jacques ne parle pas beaucoup. Le contexte du documentaire m’a permis de répondre aux questions qui me brûlaient les lèvres depuis bien longtemps. J’ai toujours voulu comprendre pourquoi il avait fait ce choix de vie et j’étais curieuse de voir ce qui arrive aux gens qui vivent en marge lorsqu’ils vieillissent.
Que voulais-tu raconter avec ce film?
J’ai souvent eu moi-même ce désir de vivre de manière différente à ce que nous propose la société. Je ne voulais pas vivre comme Jacques, mais je voulais comprendre l’état d’esprit qui l’a amené à faire ce qu’il voulait vraiment et vivre comme il l’entend.
Tout en racontant l’histoire de Jacques et en l’observant s’adapter à sa maladie, avec ce film, je voulais montrer que la réelle autonomie, ce n’est pas de savoir couper son bois, trapper ou de chasser, mais c’est d’être capable de mettre en place tout ce qui est nécessaire pour aller au bout de ses rêves... et de continuer à le faire, même lorsqu’on vieillit.
La bande-annonce de Jacques, le documentaire :
Pour connaître l'horaire des prochaines représentations et pour acheter des billets : Production Paraloeil
À propos de Lysandre Leduc-Boudreau
Lysandre Leduc-Boudreau est une documentariste originaire de Lennoxville dans les Cantons-de-l’Est (Québec).
Elle est recherchiste, réalisatrice et productrice au contenu sur différentes collaborations telles que For Tomorrow sur AmazonPrime, différents courts-métrages pour Vice-Québec, De pied ferme d’ImpactTV et plusieurs autres.
Jacques (2023) est son premier long-métrage documentaire indépendant.