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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

«J'ajoute un supplément au bas de chaque facture»: les restaurants et les producteurs américains confrontés au choc des tarifs douaniers

AFP
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4 avril à 11h45
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Des vins européens aux outils industriels, les nouveaux droits de douane annoncés mercredi soir par le président américain Donald Trump pourraient bouleverser l'ensemble de l'économie américaine, en frappant les restaurateurs comme les industriels.

Pour Brett Gitter, qui fait fabriquer ses instruments de contrôle qualité en Chine, la hausse des droits de douane marque un nouveau coup dur.

«J'ajoute un supplément au bas de chaque facture pour couvrir le coût des droits de douane», a-t-il déclaré à l'AFP

Il s'ajoute aux 25% déjà en vigueur avant le retour de M. Trump au pouvoir, qu'il dit avoir tenté d'absorber partiellement.

«C'est beaucoup. Cela va alarmer les gens».

Les clients de Brett Gitter, des industriels américains eux aussi, devront décider s'ils acceptent ces surcoûts, alors que d'autres pays de production sont également touchés par les hausses des droits de douane décidées par M. Trump.

«La question c'est dans quelle mesure mon produit fabriqué en Chine est-il touché par rapport à mes concurrents ?»

«Un désastre»

Andrew Fortgang, qui dirige trois restaurants et une cave à vin dans l’Oregon, redoute la surtaxe de 20% imposée sur les importations européennes, notamment sur le vin, qui entrera aussi en vigueur le 9 avril.

«Environ 25% de nos revenus proviennent du vin importé», a-t-il déclaré à l'AFP, qualifiant d'«effrayante» la perspective de voir ces revenus disparaître.

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Au-delà, «de l'huile aux moutardes, aux fromages et aux viandes, ils ne sont tout simplement pas interchangeables, ils ne sont pas fabriqués ici», s'inquiète-t-il.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Il s'attend à devoir répercuter certains coûts sur ses clients en augmentant les prix des menus, alors que l'inflation élevée qui a suivi la pandémie de Covid-19 a déjà bien pesé sur eux.

«On va atteindre une sorte de point de bascule» concernant ce que les clients seront prêts à supporter, s'attend-il.

Pour Ben Aneff, président de l’US Wine Trade Alliance, qui représente la branche du commerce de vin et d'alcool, les nouveaux droits de douane constituent «un désastre pour les petites entreprises».

«Les restaurants dépendent de marges importantes pour financer le reste de leurs activités», a-t-il expliqué, ajoutant. «Les consommateurs verront probablement les prix augmenter.»

«Nous importons environ 4,5 milliards de dollars (de vin) de l'UE et les entreprises américaines tirent près de 25 milliards de dollars de ces importations. Il n'y a pas de solution à ce problème, a-t-il déclaré à l'AFP.

D'autres professionnels du secteur agroalimentaire ont déjà été touchés par les précédentes vagues de taxes imposées par M. Trump.

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Bill Butcher, brasseur artisanal en Virginie, a vu les géants du secteur abandonner les canettes en aluminium - du fait des taxes - au profit du verre, provoquant des pénuries. Il guette désormais les réactions de ses fournisseurs aux nouvelles hausses des droits de douane sur les céréales et le houblon européens.

«C'est juste l'incertitude et le chaos dans notre chaîne d'approvisionnement», déplore-t-il.

Relocalisation impossible

Brett Gitter, dont l'entreprise est basée dans le New Jersey, a tenté «à maintes reprises» de relocaliser sa production aux États-Unis.

«Il n'y a pas assez d'infrastructures aux États-Unis pour soutenir notre activité», a-t-il affirmé. Les cartes de circuits imprimés qu'il utilise, par exemple, nécessitent des puces fabriquées en Asie de l'Est.

Will Thomas, dont l'entreprise transforme des rouleaux d'acier en produits métalliques, affirme importer «par nécessité, pas par désir».

S'il n'est pas vraiment touché par les nouveaux droits de douane introduits cette semaine, les taxes de 25% déjà introduites sur l'acier et l'aluminium ont entamé ses marges bénéficiaires.

«Je croise les doigts pour que ce ne soit pas un autre clou planté dans le cercueil de l'approvisionnement de l'étranger,» a déclaré M. Thomas. «J'aimerais juste que les dirigeants des pays soient en mesure de s'asseoir ensemble pour trouver une solution».

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