J'ai marché la ligne jaune du métro du début à la fin: voici comment ça s'est passé
Jean-Michel Clermont-Goulet
BILLET - Avant que le froid ne s’installe officiellement sur le Québec, j’ai profité du début de l’automne et du beau temps pour marcher la ligne jaune du métro. J’ai fait des découvertes inattendues et joui d’une vue imprenable sur Montréal. Voici pourquoi je vous recommande fortement ce petit trajet pédestre.
• À lire aussi: J'ai marché la ligne verte du métro du début à la fin
Pourquoi faire ça?
Puisque je vis à Longueuil et que je travaille à Montréal, le trajet maison-boulot peut devenir redondant, à un moment donné. Je me suis donc dit «pourquoi ne pas mettre un peu de piquant (et de sueur) dans une routine qui, en temps normal, prend 30 minutes de transport en commun?».
Mais c’est aussi une belle occasion de visiter son coin de pays et de prendre le temps de respirer. D’autant plus qu’une partie du trajet se fait en forêt urbaine, un plus à mon avis.
Ça prend combien de temps?
Le tunnel de la ligne jaune, qui ne compte que trois stations, rappelons-le, a une longueur de 4,25 km. Par contre, vous comprendrez que faire le trajet à la marche comprend quelques détours, fleuve Saint-Laurent oblige.
Au total, 7,76 km de marche ont été nécessaires pour accomplir ma mission:
- Porte-à-porte entre le métro Longueuil et la station Jean-Drapeau, j’ai marché un bon 3 km.
- De la station Jean-Drapeau à Berri-UQAM (ou Berri-De Montigny, pour les vieux de la vieille), c’est un peu plus long: 4,7 km, puisque la deuxième partie du pont Jacques-Cartier est bien plus longue que la première.
En tout et partout, un peu plus d’une heure et demie m’aura suffi pour franchir la Manche montréalaise, incluant les courts arrêts pour prendre des clichés.
• À lire aussi: Les chiens admis dans le métro dès le 15 octobre
De quel côté commencer?
J’ai décidé de commencer mon épopée à Longueuil, directement à partir du terminus. D’abord, parce qu’on m’a offert un lift jusqu’au métro, ce qui est non négligeable.
Ensuite, parce que j’allais pouvoir reprendre mon souffle (et sécher ma sueur de marcheur) une fois au bureau, situé non loin de mon point d’arrivée.
Qu’y a-t-il d’intéressant à voir durant le trajet?
«On ne marche pas sur le pont Jacques-Cartier tous les jours», comme le dit le dicton. Donc, la grande majorité du trajet a un petit je-ne-sais-quoi qui saura capter l’attention du marcheur.
On pourrait diviser l’aventure en trois grandes parties.
1.Vers l’île Sainte-Hélène
D’abord, trois options s’offrent à vous pour avoir accès à la structure routière à partir du métro Longueuil :
- Emprunter un escalier de 109 marches (!) qui vous mène soit du côté droit ou gauche du pont;
- Utiliser un passage piéton au sud de la station de métro, qui vous permet d'accéder au côté droit du pont (vue sur la Ronde);
- Commencer au tout début de la piste cyclable, située à l’intersection de la rue Saint-Laurent et du boulevard La Fayette (côté gauche du pont, avec vue sur la Biosphère et le centre-ville).
J’ai choisi de marcher du côté gauche en prenant l’escalier, car c’est l’accès le plus près du métro. D’emblée, puisque c’est l’automne, les cyclistes se font moins présents sur le pont Jacques-Cartier, ce qui rend la marche un peu plus amicale.
Car on va se le dire, l’été, il y a autant de trafic sur la voie cyclable que sur la voie automobile. J’exagère, mais vous voyez le genre.
Avec la vue panoramique sur les îles Notre-Dame et Sainte-Hélène habillées d’arbres aux feuilles multicolores, on en vient à oublier les centaines de voitures qui nous croisent.
Sur le pont, j’ai découvert deux choses: il y a une limite de vitesse pour les vélos, trottinettes, patineurs et coureurs aguerris (20 km/h) et il semble y avoir une frontière psychologique Montréal-Longueuil bien identifiée sur un lampadaire.
• À lire aussi: À Détroit, le tramway est gratuit
2. Sur l’île Sainte-Hélène
Pour faire un arrêt à la station Jean-Drapeau, il faut descendre du pont pour se rendre sur l'île Sainte-Hélène, où se trouve notamment La Ronde.
J’ai de nombreuses fois emprunté le pont pour me rendre à La Ronde, à pied ou à vélo. C’était en revanche la première fois que je me rendais ainsi à la station Jean-Drapeau et il y en a des choses à voir autour!
En empruntant le premier chemin pédestre qui se présentait à moi, je suis tombé — tenez-vous bien — sur un ancien cimetière militaire britannique établi entre 1828 et 1878 tout près la Biosphère.
On y apprend que des soldats et leurs familles y ont été enterrés et qu’une bonne partie des sépultures ont été déplacées à Montréal, laissant deux tombes et un monument commémoratif.
Une fois à la Biosphère (ou pour les 60 ans et plus qui nous lisent, l’ancien pavillon des États-Unis lors de l’Expo 67), un demi-tour sur soi-même suffit pour arriver à la station Jean-Drapeau.
Pour voir du pays, je ne suis pas retourné directement sur mes pas pour rejoindre le pont Jacques-Cartier.
J’ai plutôt opté pour un petit détour vers la rive nord de l’île-Sainte-Hélène, avec vue sur la métropole.
Je suis même arrivé en plein cœur d’une aire d’entrainement et j’ai vu le site des Piknic Électronik dépourvu de ses festivaliers.
• À lire aussi: Voici de quoi auront l'air les maisons du futur au Québec
3. Vers Montréal
De retour sur le pont en direction Montréal, c’est Jacques Cartier lui-même qui nous accueille!
Le saviez-vous, que le pont Jacques-Cartier s’appelait «le pont du Havre», lors de son inauguration le 24 mai 1930? La preuve, voici la couverture du journal La Presse, la journée de la grande ouverture. De rien.
À partir du pont, on voit aussi l’ancien fort de l’île Sainte-Hélène, érigé par l’armée britannique au 19e siècle pour protéger le pays d’une éventuelle attaque des Américains.
En direction Montréal, une autre pente s’impose pour terminer les derniers kilomètres du pont.
D’ailleurs, durant mon pèlerinage, j’ai croisé seulement une poignée de joggeurs et une vingtaine de cyclistes qui ont bravé le temps automnal. Parce que malgré le soleil plombant (et les orages à l’horizon), il vente pas mal sur le pont. Une «petite laine» s’impose.
Une fois à Montréal, vous êtes déjà accueilli par des pancartes orange et des détours. Ça ne s’invente pas!
Oui, la ligne jaune mène directement à Berri-UQAM, mais vous aurez compris que le pont ne mène pas du tout au Quartier latin. Il se termine à la hauteur de la station Papineau, sur la ligne verte.
C’est pour cette raison qu’une courte marche sur la ligne verte s’impose pour terminer l’aventure pédestre.
Après le périple sur la Sainte-Catherine et la traversée du Village, vous y êtes, à Berri-UQAM, «correspondance entre les lignes jaune, orange et verte».
Vous avez marché la ligne la plus courte du métro! Prochaine étape, la bleue?