J'ai fait le tour du Québec dans Flight Simulator, voici le (relativement) triste résultat
Raphaël Lavoie
Avec la sortie de la plus récente édition de Microsoft Flight Simulator sur la Xbox Series X le mois dernier, j’ai enfin pu me lancer dans un projet que je convoite depuis près d’un an: faire le tour du Québec à bord d’un avion virtuel.
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Je vais être très clair avec vous: l’aviation et ses particularités ne me fascinent pas tellement. Et j’ai toujours une immense difficulté à contrôler absolument tous les avions de l’histoire des jeux vidéo.
Bref, ce n’est pas pour me préparer à de futurs cours de pilotage que j’ai téléchargé (avec une excitation très vive) Flight Simulator sur ma console, mais plutôt pour faire ce que je m’empêche de faire depuis des mois pour des raisons assez évidentes... voyager! Me promener autour du monde, revisiter les beaux pays baltes dont je m’ennuie tellement et, évidemment, voir de quoi a l’air notre province du haut des airs.
Parce qu’on le rappelle, ce qu’il y a de magique avec cette plus récente mouture du simulateur de vol de Microsoft, c’est que toute la planète, et chacun de ses aéroports, y est modélisée grâce à la magie de l’intelligence artificielle et des images satellites, gracieuseté de Bing Maps. En d’autres mots, c’est un peu le monde ouvert ultime. Enfin, sur papier.
Alors, comment se sont passés mes premiers pas avec Flight Simulator 2020? Si une image vaut 1000 mots, je vais vous offrir celle-là:
Comme son nom l’indique, Flight Simulator est un simulateur! Et avec toutes les belles innovations de la dernière édition, on – incluant l’auteur de ces lignes – a tendance à l’oublier.
De pouvoir décoller de n’importe où et, surtout, aller n’importe où est tout particulièrement grisant. Mais pour s’y rendre, il faut rester dans les airs. Et ce n’est pas toujours facile. Même avec toutes les aides au pilotage, ça demeure assez difficile.
Reste que j’ai fini par trouver un petit bolide jaune qui ne va pas très vite, mais qui se contrôle re-la-ti-ve-ment bien.
Et après fait le tour obligatoire des pyramides et de Manhattan, je suis finalement retourné à mon idée première en décollant de l’aéroport Jean-Lesage pour parcourir le très invitant territoire québécois... et voir de quoi il a l’air dans un jeu vidéo.
Insérez ici les deux premières lignes d'une chanson célèbre de Robert Charlebois
Habitant moi-même la plusse belle ville de la province, j’ai nommé la capitale nationale, j’ai commencé par aller voir les différents attraits de Québec pour découvrir à quel point ceux-ci avaient été saccagés (ou non) par les sorciers d’Asobo Studio.
Premier constat, le Château Frontenac est en un seul morceau. C’est rassurant.
Même chose pour l’édifice Price, le Complexe G et l’Assemblée nationale. On a encore un parlement, gang. Et c’est étonnamment assez ressemblant.
C’est en allant voir si le pont de Québec était finalement tombé dans un univers virtuel parallèle que les choses se sont un peu gâtées.
Plus besoin de se chicaner pour savoir qui doit peinturer sa structure rouillée, Microsoft a enfin trouvé la solution: on jette tout ce qu’il y a de métallique sur le pont et on garde juste la route. C’est... audacieux.
Autre déception en retournant vers mon quartier – où ma demeure ressemblait tristement à un champ de ruines – le Centre Vidéotron a, lui aussi, perdu pas mal de son look iconique.
On dirait davantage le Cyclorama de Jérusalem que l’amphithéâtre moderne qui accueillera un jour les (nouveaux) Nordiques.
Dernier arrêt dans la région de Québec, notre fameuse cascade locale, la chute Montmorency, qui a plutôt l’air d’un rouleau d’essuie-tout légèrement déroulé.
Triste.
Le Rocher Dégonflé
Pour me consoler, j’ai pris la direction de l’Est. Parce que quand on a le moral un peu bas, on s’en va dans l’Est se le remonter.
Mais bon, il n’y avait pas que moi de dégonflé; le Rocher Percé aussi l’était.
Je dois vous avouer que j’avais le rêve un peu fou de passer en avion dans le trou du Rocher, mais, comme vous pouvez le constater, mes espoirs ont rapidement été anéantis.
Une chance que l’île Bonaventure avait un peu plus d’allure. Les fous de Bassan brillaient par leur absence, mais ils étaient peut-être cachés de l’autre côté, qui sait.
Après la nature, je me suis dit qu’il était temps de contempler un monument de l’ingénierie québécoise un peu (beaucoup) plus au nord: le barrage Daniel-Johnson et la centrale Manic-5.
J’arrive sur place par la magie de la téléportation (il y a des limites à faire des heures d’avion en temps réel) et, aussitôt, je suis jeté par terre par la beauté du grand espace vert et bleu. Voyons que c’est beau comme ça, le Nord québécois!
C’est en volant vers le barrage et en me retournant pour contempler l’immense structure que la magie, cependant, s’est encore une fois un peu envolée.
Ouain, il a l’air un peu moins étanche vu comme ça.
La petite maison blanche tient encore debout, mais...
Après avoir constaté que le savoir-faire d’ici avait une allure un peu plus glorieuse dans la vraie vie que dans Flight Simulator, j’ai repris la route (ça se dit, en avion?) vers le Sud, en faisant un arrêt au Saguenay pour voir comment se porte l’un des plus grands symboles de la résilience québécoise, j’ai nommé la petite maison blanche de Chicoutimi.
Vous savez, l’unique demeure qui était restée debout lors du déluge du Saguenay en 1996, alors que l’ensemble des maisons du quartier avaient été emporté par le courant?
Celle-ci a été transformée en musée depuis, mais, 25 ans plus tard, elle fait encore fièrement partie du paysage saguenéen, souvenir de l’épreuve qu’ont dû traverser les résidents touchés par la catastrophe naturelle.
Eh bien, dans Flight Simulator, je ne dirais pas que sa représentation est insultante... mais presque.
C’est quoi ça? Un bungalow avec une immense antenne parabolique sur le toit? Au moins, ici aussi, elle est encore debout.
De retour sur la 20 (on ne perd pas ses bonnes habitudes, même lorsqu’on pilote un aéronef), je me suis dit que j’irais voir ce que Microsoft a réservé pour un autre morceau du patrimoine québécois, la Vieille prison de Trois-Rivières. Qui, même si elle est aussi transformée en musée, ressemble toujours à... accrochez-vous... une vieille prison.
Alors, est-ce que c’est réussi? Si vous faites partie de ceux qui croient qu’habiter en condo est une forme d’emprisonnement en soi, alors peut-être.
Sinon, vous pouvez constater que les barreaux dans les fenêtres ont disparu et ont été remplacés par de belles plantes vertes.
En route vers Montréal, je remarque d’ailleurs que la belle bâtisse du Théâtre Granada de Sherbrooke a également été peinte d’une belle couche d’anonymat. En fait, je vous mentirais si je pouvais vous disais que je savais précisément lequel de ces immeubles abrite la version virtuelle de la salle de spectacle.
Quelques 80 kilomètres plus loin, au moins, je me rassure de voir que le vénérable Zoo de Granby, de même que ses locataires poilus, n’a pas été oblitéré par Bing et ses cartes satellites.
J’aurais aimé voir des éléphants en me rapprochant, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie.
À moins d’avoir beaucoup d’argent et de magasiner au DIX30.
C’est beaucoup d’asphalte. En tout cas.
Insérez ici le titre d'un autre grand succès de Robert Charlebois
Ce qui nous mène à la métropole québécoise, berceau de Pèse sur start, la Gran’ Ville, diront certains. Oui, je parle bien ici de Montréal, cet endroit que je visite quelques fois par année pour affaires et, parfois, pour tourisme. Vous m’excuserez donc si mon parcours aérien n’est pas celui d’un vrai descendant de Jeanne Mance.
Reprenons, donc, avec le plus beau vaisseau spatial de Montréal: le Stade olympique.
En toute franchise, je dois dire que la ressemblance est frappante, à quelques textures étranges près. C’est très impressionnant, à peu près tout est là: le mât, la structure, le toit.
Et, en général, je dois dire que le commentaire s’applique presque à l’ensemble des quartiers centraux de la métropole. On a réellement l’impression de survoler Montréal et ses édifices notoires sans que l’immersion soit brisée.
Le 1000 rue de la Gauchetière se remarque de loin.
La basilique Notre-Dame est un peu angulaire, mais pas besoin d’avoir la foi pour la reconnaître.
Écoutez, il y a même le gros panneau de la farine Five Roses!
Avec tout ça, on est comme obligé de pardonner à Microsoft le changement de couleur de l’Orange Julep, qui a désormais l’air d’un gros gyrophare ou d’un nez de clown géant.
Cela dit, c’est certain que lorsqu’on s’éloigne un peu des secteurs denses de la ville, c’est un peu moins attendrissant.
Habitat 67 a encore l’air d’un tas de blocs Lego, mais un peu croche cette fois-ci.
La Biosphère est là, mais en plus rugueuse.
La Ronde fait ce qu’elle peut.
Le Casino de Montréal est assez ressemblant...
Mais le circuit Gilles-Villeneuve a l’air d’être abandonné depuis 35 ans. Et moi qui croyait que le dernier Grand Prix y avait eu lieu en 2019. Ben coudonc!
Et c’est sans parler des pauvres liens routiers de la métropole.
Le pont Jacques-Cartier a maintenant une espèce de jupette, alors que le pont Champlain...
Voulez-vous vraiment qu’on en parle? On va blâmer ça sur la construction de la nouvelle structure, tiens.
Alors, est-ce qu’on retourne à la maison maintenant?
Pas tout de suite! Tant qu’à être pas trop loin, pourquoi ne pas faire un petit stop à Gatineau, où on retrouve de la bonne bière et pas mal d’Ontariens, mais aussi le Musée canadien de l’histoire et son architecture complètement folle. Bref, il fallait que je vois ce que ça donne dans le monde de Flight Simulator.
Eille, c’est pas si pire!
Et ce, même si c’était peut-être l’une des bâtisses québécoises les plus particulières à reproduire. Une chance, parce que ça aurait été bizarre de finir sur une mauvaise note une grande épopée du genre.
(Même si je n’ai pas été capable de m’empêcher de m’écraser quelques secondes plus tard.)
Vous allez rire
Ça fait que, est-ce que ça vaut la peine de s’acheter un petit casque en cuir, une belle écharpe blanche et de survoler le Québec dans le dernier Flight Simulator?
Je dirais que ça dépend de vos attentes. Si votre seul but et d’aller faire des cascades au-dessus de votre maison à Saint-Lambert-de-Lauzon, je ne sais pas trop quoi vous dire, parce que vous risquez de juste pas trouver votre demeure et ainsi vous mériter une belle dose d’amertume.
Par contre, si vous avez l’âme d’un explorateur et quelques heures à perdre, je vous le dis tout de suite, vous allez rire un bon coup.
Rire parce que vous êtes surpris, rire parce que vous êtes impressionné, rire d’exaspération et de découragement, rire parce que vos talents de pilote sont inexistants, mais, au moins, vous allez rire.
C’est quelque chose que l’on n’a pas nécessairement fait collectivement très souvent au cours des derniers mois, alors, vous savez quoi, je vous le conseille, ce roadtrip du haut des airs.
Et, au pire, si la rue principale de votre bourgade natale vous déçoit trop, vous irez voir les pyramides.