«Je ferai tout en mon pouvoir pour aider cette organisation» -Emil Heineman
Louis-André Larivière
La transaction qui a envoyé Tyler Toffoli à Calgary suscite des réactions mitigées chez les partisans des Canadiens de Montréal : si certains veulent une reconstruction quasi complète, d’autres croyaient que l’ailier aux boucles d’or figurait dans les plans d’avenir de l’organisation.
La stratégie derrière la deuxième transaction du règne de Kent Hughes laisse entrevoir que le premier scénario est le virage dans lequel la nouvelle direction s’est engagée et qu’elle ne refusera aucune proposition décente d’échange qui servira de carburant pour mener son plan à bon port.
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Le départ de Toffoli, dont le salaire annuel moyen de 4,25 millions$ constitue une aubaine, est un indice flagrant. Ainsi, le club a ajouté une sélection de premier tour à sa banque, en plus d'obtenir un intrigant espoir suédois, l’attaquant Emil Heineman, à sa pépinière.
L’ailier du Leksands IF, en ligue d’élite suédoise, n’a aucune expérience en Ligue nationale de hockey. Il n’a jamais participé à un camp d’entraînement ou même à la clinique d’évaluation des espoirs, le «Combine». Pourtant, l'espoir de 20 ans a déjà été échangé deux fois depuis que les Panthers de la Floride en ont fait le 43e joueur repêché à l’encan amateur de 2020, lui dont les droits ont été marchandés dans la capitale canadienne du steak Angus, le printemps suivant, en retour de Sam Bennett.
Avant même d’aborder cette chronologie avec lui, Heineman l’a lui-même soulevée au début d’un entretien téléphonique accordé au TVASports.ca. Il dit prendre les bouchées doubles, car son sort lui sert de motivation pour travailler plus fort et apprendre encore plus d’astuces pour vivre le rêve nord-américain. Qui plus est, avec le club le plus titré de l’histoire, plongé dans une reconstruction.
«Ça ouvre des places et je veux prendre la mienne. Ce contexte est encourageant pour un jeune joueur et je me préparerai du mieux que je peux pour revêtir ce maillot», a-t-il prévenu, 24 heures après être devenu un membre de la Sainte-Flanelle, non sans profiter de l’occasion pour lancer un message aux fidèles.
«Je ferai tout en mon pouvoir pour aider cette organisation à s’améliorer.»
«J’adore marquer des buts»
Doté d’un tir dévastateur et d’un excellent coup de patin, l’ailier veut perfectionner ses forces et apprendre de ses faiblesses. Un des plus jeunes joueurs à endosser l’uniforme bleu et blanc dalécarlien, il n’hésite pas à demander conseil à ses confrères.
«Il y a tellement d’expérience au sein de notre équipe. Certains ont joué en KHL, dans la Ligue américaine, et d’autres ont l’expérience de la LNH. J’essaie d’apprendre de tout le monde.
«Notre entraîneur adjoint était mon instructeur en chef dans le junior et il m’aide beaucoup. On regarde de la vidéo et on repasse tous les détails.»
Parmi les vétérans aguerris dans l'effectif, il partage la glace avec l’ancien des Sénateurs d’Ottawa Max Veronneau, meilleur pointeur du club et dont l’agilité impressionne les plus jeunes.
«La façon dont il crée des occasions de marquer. Il peut contourner un défenseur et se faufiler en échappée. Il est toujours dangereux et peut alimenter la rondelle.
Plusieurs recruteurs voient en Heineman un potentiel qui lui permettrait d’évoluer sur un troisième trio. Pour l’instant, étant donné qu’il n’en est qu’à sa deuxième saison comme régulier avec Leksands, Heineman fait surtout ses classes sur la quatrième unité.
«Notre quatrième trio marque des buts tout en prenant beaucoup de mises au jeu défensives. J’apprends d’un bout à l’autre de la patinoire et je travaille à développer mes habiletés offensives.»
Cela dit, l’auteur de 11 buts et 16 points en 36 matchs, qui dit admirer Sidney Crosby et Elias Pettersson, voire l’illustre Peter Forsberg, veut assurer qu’il n’est pas un joueur défensif.
«Mon tir est mon plus grand atout, informe-t-il. Mon patin aussi. J’ai gagné de la vitesse depuis quelques années et je me sens plus fort. Je peux sortir des coins à vive allure et créer des occasions de marquer à moi seul.
«J’adore marquer des buts et je ne joue pas d’une manière typique du hockey suédois. J’aime utiliser ma vitesse et mon corps pour compter. J’aime aussi alimenter mes hommes.
«Mon jeu est sur 200 pieds. Je veux être à mon meilleur d’un bout à l’autre de la glace.»
Dans la mire du CH en 2020?
Lundi, en début de soirée, Heineman s’en allait souper avec sa copine lorsque son téléphone a sonné. Le directeur général des Flames Brad Treliving lui a annoncé qu’il s’était départi de ses services, puis un membre du CH l’a joint pour lui souhaiter la bienvenue (il ne se souvient plus qui). Le téléphone ne dérougissait pas pendant que les ardeurs d’un souper de Saint-Valentin, elles, se sont refroidies, a-t-on idée.
«C’était surréaliste», admet-il.
Le recruteur suédois des Canadiens lui a aussi passé un coup de fil. Heineman a reconnu sa voix, puisque ce n’était pas la première fois que les deux hommes se parlaient. Il explique :
«Tommy Lehmann voulait me souhaiter la bienvenue et savoir comment ma saison se déroulait jusqu’ici. Nous nous étions beaucoup parlé l’année de mon repêchage. J’avais eu quelques conversations téléphoniques avec lui.
«Il m’a dit "c’est bien de prendre de tes nouvelles". C’était très chaleureux.»
Si on lit entre les lignes, doit-on en déduire que le Club de hockey Canadien était intéressé à le recruter en 2020?
«De ce que j’ai entendu de mon agent, Montréal était intéressé, mais la Floride m’a repêché avant.»
Effectivement, après avoir repêché le défenseur Kaiden Guhle au tour initial de cette séance, Marc Bergevin et Trevor Timmins détenaient les 47e et 48e sélections, quatre rangs plus loin que les Panthers, et ont prononcé les noms de Luke Tuch et Jan Mysak, successivement. Plus tard, ils ont misé sur Sean Farell avec le 124e choix au total, une décision qui risque de bien faire paraître l’ancien régime dans quelques années.
Un an plus tôt, le tandem Bergevin-Timmins a recruté au troisième tour le défenseur suédois Mattias Norlinder, un compatriote que Heineman a affronté à quelques reprises en SHL et qui pourrait devenir un coéquipier au cours des prochaines années.
«Je ne le connais pas vraiment, mais c’est un très bon joueur et il a une belle personnalité aussi.»
Heineman est sous contrat jusqu’en 2025 avec le Leksands IF. Il a récemment paraphé une entente de trois ans.
Coache's Video: @CanadiensMTL Say hello to your new prospect, Emil Heineman, see all of his goals from this season in the @SHLse #HockeyTwitter @Sportsnet #GoHabsGo pic.twitter.com/B98fLKCBB3
— Mitch Giguere (@Mitch_Giguere) February 14, 2022