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Un candidat à la mairie de Montréal affirme que l’itinérance est un «choix de vie»: ses propos jugés «ridicules»

Le chef du parti Action Montréal, Gilbert Thibodeau
Le chef du parti Action Montréal, Gilbert Thibodeau Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2021-10-13T20:30:00Z
2021-10-13T20:48:34Z
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Pour régler l'itinérance à Montréal, le candidat à la mairie Gilbert Thibodeau a proposé d'envoyer les sans-abri sur un terrain loin des commerces et des résidents, ce qui a suscité l'ire des organismes du milieu.

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Le chef d'Action Montréal a également affirmé qu’il était impossible de sortir les sans-abri de la rue, parce que l’itinérance est un «choix de vie».

«Pourquoi ne pas leur dire de s’installer sur un terrain précis, leur offrir de la terre, qu’ils plantent des légumes tout l’été et qu’ils s’habituent à un rythme? Peut-être que, l’automne, on pourrait leur [dire] de récolter ce qu’ils ont fait et de le vendre sur le bord de la rue», a-t-il soutenu lors d'un débat visant à aborder les enjeux qui interpellent la jeunesse, mardi. 

«J’ai cru que c’était une blague»  

«Quand j’ai vu la citation, j’ai tout de suite cru que c’était une blague, raconte Samuel Watts, PDG de la Mission Bon Accueil. C’est vraiment surprenant, pour moi, en 2021, qu’une personne qui aspire à être un élu exprime des idées comme celles-ci dans un forum public.»

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«Ce genre de commentaires là, c’est irresponsable et irrespectueux envers les personnes qui se trouvent en situation d’itinérance», croit pour sa part Melissa Bellerose, vice-présidente des communications et des affaires publiques à la Mission Old Brewery.

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Samuel Watts assure ne pas être de mauvaise foi. De manière générale, face à une proposition «qui peut sembler absurde», il essaie de trouver le positif. 

«Souvent, des idées qui semblent un peu ridicules ont une dimension ou un grain de sagesse. Mais dans le cas présent, honnêtement, les remarques démontrent une incompréhension des réalités de l’itinérance, en plus de proposer une solution tout à fait irréaliste», regrette-t-il. 

TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI
TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI

Il soutient en effet qu’il serait impossible d’implanter une telle mesure, non seulement parce que ça ne tient pas compte de la réalité du phénomène de l’itinérance, mais aussi parce qu’on ne peut pas obliger des gens à se présenter à un terrain quelconque pour y rester. «On n’est pas dans un État policier», résume-t-il. 

Pour Melissa Bellerose, la solution n’est pas d’envoyer des personnes sur un terrain et de les obliger à jouer les fermiers, mais plutôt de construire des logements abordables. 

«À Montréal, il y a 23 000 ménages sur la liste d’attente pour un logement abordable et au moins 3000 personnes sont en situation d’itinérance», précise-t-elle.

Faire fi des facteurs menant à l’itinérance  

Le discours de Gilbert Thibodeau fait fi des différents facteurs pouvant mener à l’itinérance, comme les inégalités sociales et les difficultés qu’on peut rencontrer tout au long de sa vie, estime Julie Ouellet, directrice générale du Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec (ROCAJQ). 

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«Un jeune de la DPJ qui fait face à une absence de services et à un manque de ressources, en santé mentale notamment, ce n’est certainement pas un choix qu’il a fait, de se retrouver à la rue, illustre-t-elle. Quel choix s’offre à lui une fois qu’il a tout perdu?» 

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Les troubles de santé mentale, les problèmes de dépendance, les problèmes médicaux, les traumatismes de l’enfance et même les déconnexions sociales sont tous des facteurs pouvant mener à l’itinérance, souligne pour sa part le PDG de la Mission Bon Accueil. 

Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

Ce dernier concède que certaines personnes en situation d'itinérance vont affirmer qu’il s’agit d’un choix, mais c'est loin d'être toujours le cas. «Mais quand on gruge en profondeur, on constate que ce n’était pas vraiment un choix. Si on était pour leur offrir une meilleure solution, ils seraient partants.»

Les internautes réagissent  

La proposition pour le moins inusitée de Gilbert Thibodeau a fait réagir sur les réseaux sociaux pendant le débat. 

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