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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Israël: un embrasement régional peu probable malgré une intensification du conflit

Photo AFP
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Agence France Presse

2023-10-10T14:07:28Z
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Un embrasement régional du conflit entre Israël et le Hamas est plus que jamais redouté mais semble pour l'heure peu probable, estiment les experts, sans exclure l'ouverture d'un deuxième front au nord avec le Liban.

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Depuis l'offensive inédite du Hamas contre Israël, la communauté internationale -- de Washington à Paris, en passant par la Chine et les Nations unies -- multiplie les mises en garde contre un débordement au Moyen-Orient. Et nombre de dirigeants notamment américains et français sont à la manoeuvre pour maintenir les canaux diplomatiques ouverts et éviter l'escalade.

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane s'est, lui, entretenu avec le président palestinien Mahmoud Abbas, et lui a notamment affirmé qu'il travaillait à empêcher «une expansion» du conflit, a ainsi rapporté mardi l'agence de presse officielle saoudienne.

La bande de Gaza, enclave palestinienne au sud d'Israël et contrôlée depuis 2007 par le mouvement islamiste Hamas, est actuellement pilonnée par l'armée israélienne en réponse à l'attaque meurtrière sans précédent lancée samedi contre Israël par le Hamas par voies terrestre, aérienne et maritime.

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La guerre a déjà fait plus de 3 000 morts, dont de très nombreux civils, des soldats israéliens et des combattants palestiniens.

Le Hezbollah, allié du Hamas et du Jihad islamique, ne doit pas prendre la "mauvaise décision" d'ouvrir un deuxième front au nord d'Israël à la frontière avec le Liban, a prévenu dès lundi un haut responsable américain de la Défense.

  • Écoutez l'entrevue avec Richard Marceau, vice-président et avocat général au Centre Consultatif des relations Juives et Israéliennes (CIJA) via QUB radio :

Le groupe libanais Hezbollah avait alors bombardé deux casernes israéliennes en représailles à la mort de trois de ses combattants, lundi, par des frappes israéliennes sur une zone frontalière.

Un deuxième front au nord d'Israël n'est pas exclu, mais «un embrasement n'est pas dans l'intérêt du Liban qui traverse une crise politique et économique majeure», estime Hosni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée, basé à Genève.

«Oui, il y a un risque de dérapage mais même le Hezbollah a une réaction contenue et calibrée», observe-t-il.

Pour Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), les tirs du Hezbollah sont une manière de signaler le risque potentiel. «Mais je ne crois pas que cela soit dans leur intérêt que cela dégénère», dit-elle.

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Steven Cook, chercheur au Council on Foreign Relations (CFR), un centre de réflexion américain, estime de son côté «peu probable que nous assistions à une sorte de conflit interétatique entre une armée arabe et Israël» alors que l'État juif entretient de bonnes relations avec ses voisins arabes.

Mais il appelle à ne pas sous estimer le danger venant du Hezbollah soutenu par l'Iran.

«Je pense que tout le monde devrait être en état d'alerte maximum», estime-t-il.

Iran à la manoeuvre ?

La plus grande crainte est sans aucun doute de voir entrer dans le conflit l'Iran, ennemi juré d'Israël qui soutient militairement le Hamas depuis de nombreuses années.

L'ayatollah Ali Khamenei, la plus haute autorité d'Iran, a nié mardi l'implication de son pays dans l'attaque massive lancée samedi par le Hamas contre Israël.

«La coopération de l'Iran avec le Hamas n'est pas nouvelle mais je ne vois pas Téhéran prendre le risque d'un embrasement régional», avance Agnès Levallois.

  • Écoutez la rencontre Mathieu Bock-Côté et Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h 30 via QUB radio :

Pour Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen Orient à l'institut français des relations internationales (Ifri), la donnée fondamentale est de savoir quel est l'ennemi d'Israël dans cette offensive: «est-ce uniquement le Hamas ou est-ce l'Iran?»

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«Il y a surtout un risque d'embrasement si Israël considère -- à tort ou à raison -- que cette opération a été suscitée par l'Iran», poursuit-il, pointant les déclarations dans ce sens dans la presse.

L'ancien président français François Hollande a souligné lundi sur la radio France Inter que «le Hamas n'aurait jamais pu faire cette opération sans l'avoir préparée depuis longtemps avec le soutien de l'Iran».

«Ce que cherche le Hamas c'est de créer une solidarité avec les pays arabes et les pays musulmans pour qu'il y ait une guerre sainte», a-t-il opiné. «C'est ça l'enjeu», a-t-il insisté.

Le président Emmanuel Macron a joué au contraire la prudence mardi, soulignant ne pas avoir de «trace de manière formelle» d'une «implication directe» de l'Iran.

L'autre incertitude entoure les risques provenant de la Cisjordanie occupée, souligne Richard LeBaron du centre de réflexion Atlantic Council dans une note. Les Palestiniens «pourraient être incités à lancer des attaques moins spectaculaires». Mais, opine-t-il, «les conditions d'une troisième Intifada sont déjà réunies».

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