Isabel Richer s’ouvre sur son casting de femme forte
Michèle Lemieux
Avec la pièce Moi... et l’autre, Isabel Richer peut être fière de l’héritage de son père, l’auteur Gilles Richer, qui a littéralement devancé son époque en présentant des femmes aux commandes de leur vie. À titre de mère, l’actrice se réjouit aussi de voir son fils, Henri Picard, tracer sa voie au sein d’un métier qu’il aime. Bien qu’elle tient le rôle de Stéphanie dans la nouvelle série Dumas, Isabel nous confie être plutôt loin de son personnage, un bulldozer, comme elle se plaît à le dire, une femme intrigante dont on arrive difficilement à cerner les motivations. L’actrice s’avoue plutôt souple et conciliante. Et on la croit sur parole!
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Isabel, on te voit actuellement dans la nouvelle série Dumas. Quel magnifique personnage on t’a confié! Qu’es-tu en mesure de nous raconter à son sujet?
Effectivement, c’est une belle série. Quant à mon personnage, c’est difficile d’en parler sans dévoiler d’intrigues. Je dirai simplement que c’est une femme au tempérament de feu et que c’est aussi une ambitieuse. Je pense qu’elle est en amour avec ses enfants. Elle a probablement beaucoup aimé son mari, incarné par Gildor Roy, mais sa vie personnelle a été remplie de maladresses. Ç’a aussi été le cas dans sa vie professionnelle. Ce n’est pas tellement une femme qui est aimée...
Mais tu dois nécessairement lui trouver une motivation pour pouvoir l’incarner?
Oui, car en tant qu’acteur, on défend toujours son personnage. Je pense que son intention est bonne. Stéphanie, comme bien des personnages dans la série, a un agenda caché. Et chaque fois qu’on a l’impression de les déchiffrer, de les cerner, on se rend compte que Luc Dionne nous manipule... (rires) Quand on se met à faire confiance à l’un et pas à l’autre, c’est la même chose.
Es-tu en tournage actuellement?
Oui. Nous avons recommencé récemment le deuxième bloc, qui sera en ondes en janvier prochain. C’est agréable de reprendre ce projet après un mois de pause. C’est aussi l’occasion de retrouver des gens avec lesquels j’ai travaillé.
C’est fou comme tu as un casting de femmes fortes!
Oui, on me propose souvent ce genre de personnage: des femmes leadeuses. Ça a peut-être un lien avec ma grosse voix... (rires)
Est-ce que ce genre de femmes te ressemble dans la vie ou pas tellement?
Sur certains points, oui, mais dans l’ensemble, je dirais que ce n’est pas tellement le cas. Je suis moins du type bulldozer que mon personnage de Stéphanie. Elle, c’est un vrai bulldozer! Moi, je ne serais pas capable d’être comme Stéphanie dans la vie. Elle n’est pas aimée. Elle se le fait dire, mais elle continue à mettre son pied dans la porte.
Elle s’impose malgré tout, quoiqu’on en pense.
Tout à fait. Moi, je ne suis pas comme ça. Si tu me dis que personne ne m’aime ici... tu ne me reverras plus jamais! (rires)
Ça doit être agréable d’incarner des femmes qui sont aussi loin de toi.
Oui, car ce sont des personnages qui nous enrichissent. Cela fait de Dumas un projet vraiment agréable.
As-tu d’autres tournages au programme?
Non, je me concentre sur cette série. J’adore me concentrer sur un projet à la fois.
On a le sentiment que tu choisis tes projets. Est-ce que je me trompe?
C’est effectivement le cas. Pour moi, c’est un privilège d’avoir la chance de travailler sur un projet à la fois. Certains préfèrent faire plusieurs choses en même temps, mais ce n’est pas mon cas. J’ai la chance d’avoir pu travailler à ce rythme la plupart du temps. C’est rare que j’aie eu des projets qui se sont chevauchés.
Tu dégustes chacun de tes projets et, entre-temps, ton horaire te laisse du temps pour vivre?
Oui, et moi, je n’ai pas de problème avec les vacances... (rires) Je n’ai pas besoin d’avoir un horaire qui déborde. Je cuisine. L’été, je vais à la pêche. Je voyage. J’aime voir des amis. J’aime juste vivre. Je n’ai jamais eu de problème avec le fait de ne pas avoir de projet à mon horaire. Je ne suis pas une workaholique.
Cet été, on a présenté une pièce à partir de l’oeuvre de ton père, Moi et l’autre. C’était ton idée?
Non, c’est l’idée de mon conjoint (le producteur Éric Belley). J’aurais tellement aimé que mon père voit la pièce! J’ai vraiment été séduite par les deux filles, car elles ont vraiment bien évoqué Dominique (Michel) et Denise (Filiatrault). Ce n’était pas une imitation, mais en même temps, c’était saisissant de les voir sur scène... À certains moments, l’évocation de ce projet était incroyable. Je crois que mon père aurait été touché de voir ça.
Ce qui est extraordinaire, c’est l’aspect de modernité du projet. C’était franchement avant-gardiste, pour l’époque!
Tout à fait. C’est drôle, car les gens ont l’impression que cette émission fait partie de mon enfance. Pourtant, ce n’est pas vraiment le cas, car Moi et l’autre est entrée en ondes l’année de ma naissance, en 1966. J’étais trop petite pour voir l’engouement que cette émission a créé. Évidemment, j’en ai beaucoup entendu parler. Aujourd’hui, en voyant tout ça, je me demande, entre autres: «Mais qu’est-ce qui lui a pris, à mon père, de mettre deux filles en appartement, en mini-jupes, qui ont des amants et qui vivent leur vie?» Bien sûr, je ne pourrais pas lui poser toutes ces questions, mais je me demande vraiment d’où lui est venue cette idée.
Il a, avec sa plume, devancé son époque à certains égards. Es-tu admirative de l’oeuvre de ton père?
Bien sûr! J’étais contente du projet. Comme les filles partent en tournée, j’espère pouvoir revoir la pièce, car je n’ai pas eu l’occasion de la revoir depuis la première. Je veux voir comment elle a évolué au fil du temps. Une pièce, ça bouge constamment.
Ton fils, Henri Picard, qui a aussi choisi le métier d’acteur, a-t-il des projets au programme?
Oui. Il joue dans une série qui a été annoncée récemment, Libre dès maintenant, un projet de Guillaume Wagner. Il est bien emballé.
C’est touchant de voir qu’une troisième génération s’épanouit dans ce milieu?
En fait, on ne veut pas nécessairement que nos enfants fassent le même métier que nous. Je suis contente de voir qu’il s’épanouit dans quelque chose qui le passionne vraiment, que ce soit au sein de ce métier ou d’un autre...
Dumas, lundi 20 h, à Radio-Canada. La pièce Moi... et l’autre sera en tournée jusqu’en 2025. On s’informe à moietlautre.comediha.com.