Isabelle Racicot s’ouvre sur la mort de sa mère alors qu’elle était âgée de 12 ans
Michèle Lemieux
Octobre étant le mois de la sensibilisation au cancer du sein, il ramène avec lui la Course à la vie CIBC de la Société canadienne du cancer. Isabelle Racicot sera à nouveau porte-parole de la Course pour le Québec. Ayant perdu sa mère à l’âge de 12 ans, l’animatrice est profondément empathique envers ceux et celles qui reçoivent un diagnostic de cancer. Elle-même a subi une mastectomie préventive en 2018.
Isabelle, vous appuyez la cause contre le cancer du sein depuis quelques années déjà, n’est-ce pas?
Oui, je suis porte-parole de la Course à la vie CIBC depuis six ans, mais j’y participais déjà avant. Ça fait plusieurs années que, dès que je reçois des invitations à participer à des événements pour la recherche sur le cancer du sein, je réponds toujours oui. C’est une cause qui me touche de près, parce que ma mère est décédée des suites d’un cancer du sein. Pouvoir faire ma part m’apaise beaucoup. Je sais que c’est ce que ma mère aurait souhaité que je fasse. J’ai la chance de rencontrer des chercheurs, de voir sur quoi ils travaillent. C’est formidable de voir l’énergie mise sur la recherche et les progrès. Si ma mère avait reçu son diagnostic aujourd’hui plutôt qu’en 1982, elle serait encore en vie. Cinq ans après le diagnostic, le taux de survie pour les femmes est de 89 % et de 76 % pour les hommes.
Ça donne un sens à votre engagement.
Oui. Le taux de mortalité a chuté de près de moitié depuis le décès de ma mère. Je pense à toutes ces mères, ces tantes, ces grands-mères et à leurs enfants qui n’auront pas à vivre le décès d’un proche grâce aux avancées de la recherche. C’est une belle victoire pour tout le monde. Ça me réjouit de voir comment ça évolue, mais il reste un bout de chemin à faire.
À travers sa combativité, votre mère reste-t-elle un modèle pour vous?
Oui, et j’ai écrit un article à ce sujet au printemps. Je la remercie pour son parcours, et même à travers son décès, elle a su me donner de belles leçons. Très jeune, j’ai compris que la vie pouvait être courte. J’ai toujours vécu en appréciant tout ce qu’il y a autour de moi, car je suis consciente que ça peut disparaître assez rapidement. C’est un cadeau que ma mère m’a fait. Mes choix ont été guidés par cette urgence de vivre et l’obligation d’apprécier la vie.
Ce n’est pas normal de perdre sa mère à l’âge de 12 ans...
En effet, je ne souhaiterais pas ça à mon pire ennemi... C’est pour cette raison que je dis toujours que ça ne me dérange pas de vieillir. Au contraire! Le rapport à la vieillesse, je l’aborde avec sérénité. Je sais que ma mère aurait aimé avoir des rides, des cheveux blancs, et des petits bobos ici et là, et voir ses enfants grandir, connaître ses petits-enfants. Elle n’a pas eu cette chance... À plusieurs moments de ma vie, je me dis que j’aurais tellement aimé qu’elle soit là...
D’autres femmes de votre entourage ont-elles reçu un diagnostic de cancer?
Oui, des amies à moi en ont reçu un. Pour certaines, la route a été plus facile, pour d’autres, plus difficile, mais au bout du compte, elles sont toutes des survivantes. C’est la recherche qui fait toute la différence. Moi-même, j’ai subi une mastectomie partielle en 2018. Il ne me manque pas un sein: on a retiré la masse qui s’était développée afin de prévenir un cancer. J’en ai parlé publiquement, car j’ai su par la chirurgienne-oncologue qui m’a opérée que dans 80 % des cas, les femmes préfèrent attendre, par peur de la chirurgie. C’est troublant... Je comprends leur crainte, mais mieux vaut agir de façon préventive. Le lendemain, je reprenais le boulot et mes activités avec une paix d’esprit!
Doit-on vous assurer un suivi régulier?
Oui, je fais une mammographie tous les ans. C’est important. Je pense que souvent, les gens ont du mal à prendre soin de leur santé. Je consulte mon médecin une fois par an. Il ne faut pas craindre d’aller chercher de l’aide et d’assurer un suivi pour sa santé. L’autoexamen est hyper important: c’est moi qui ai découvert ma bosse, et ça faisait à peine trois mois que j’avais consulté mon médecin.
Que peut-on dire aux femmes qui vivent avec un diagnostic de cancer du sein?
Je leur envoie plein d’ondes positives et leur souhaite d’être bien entourées. Des moments de découragement, il y en aura, c’est normal, mais il ne faut pas abandonner. Nous sommes de tout cœur avec elles...
Pour conclure, on peut vous suivre à nouveau à la radio.
Je fais le retour à la maison à Rythme FM avec Sébastien Benoit et José Gaudet. C’est un gros bonheur! On s’aime profondément. Les gens nous parlent de la chimie entre nous trois. On est de retour pour une troisième année.
Un événement solidaire
La Course à la vie CIBC se tiendra le 1er octobre prochain, pour une 32e édition, partout à travers le pays. Isabelle explique: «C’est facile de faire la course: on peut marcher ou courir de un à cinq kilomètres. On peut le faire en famille, entre amis ou collègues de travail. On peut marcher dans son quartier, sans se joindre à un groupe. C’est très rassembleur et festif. Des survivantes y participent aussi, et ça motive les troupes. Ça nous rappelle pourquoi on marche...»
Octobre est le Mois pour la sensibilisation au cancer du sein. Pour s’inscrire à la Course à la vie CIBC ou faire un don.
Écoutez Isabelle au micro de Y’est 4 h quelque part, à Rythme FM, en semaine dès 16 h.