Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Iran: ce que l'on sait de l'attentat qui a fait 84 morts

AFP
Partager

Agence France Presse

2024-01-04T15:30:07Z
Partager

La double explosion qui a fait 84 morts mercredi dans le sud de l'Iran est l'attaque la plus meurtrière dans le pays depuis plus de quatre décennies. Qualifiée d'acte «terroriste» par les autorités, elle alimente les craintes d'un embrasement régional dans le contexte de la guerre Israël-Hamas.

• À lire aussi: Antony Blinken ira au Moyen-Orient pour éviter l'embrasement régional

• À lire aussi: Une explosion double fait 103 morts et 211 blessés en Iran

Voici ce que l'on sait de cet attentat, pour lequel une enquête a été ouverte par le gouvernement:

Le déroulement

L'attentat a visé une foule rassemblée lors d'une cérémonie commémorative près de la mosquée Saheb al-Zaman, qui abrite la tombe du général Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 dans une frappe américaine en Irak.

Selon l'agence officielle Irna, citant «une source informée», la première explosion a été provoquée par un kamikaze, un homme, dont le corps a été déchiqueté. Pour la seconde, l'enquête se poursuit mais il s'agissait très probablement également d'un kamikaze, selon Irna.

La première déflagration s'est produite vers 14H45 locale, à environ 700 m de la tombe du général iranien, la seconde 15 minutes plus tard.

Publicité
Les auteurs

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a promis une «réponse sévère» aux «ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne» responsables selon lui de l'attentat.

Le chef de la force Qods -- la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique --, le général Esmaïl Qaani, a pour sa part suggéré que les auteurs avaient été «approvisionnés par les États-Unis et le régime sioniste».

Le département d'État à Washington a rejeté comme «absurde» toute suggestion d'une implication des États-Unis ou d'Israël, dont le gouvernement n'a pas commenté l'attentat.

Ali Vaez, chercheur spécialiste de l'Iran au cercle de réflexion International Crisis Group, estime que l'attaque n'avait «pas les caractéristiques des précédentes opérations secrètes israéliennes en Iran», en référence aux assassinats des responsables nucléaires imputés à Israël.

«Cela correspond cependant au mode opératoire du groupe État islamique» (EI), a-t-il noté sur X.

Si l'attaque émanait Israël, estime M. Vaez, «cela ferait partie d'une campagne de provocation maximale», en particulier après la récente frappe israélienne contre le numéro 2 du Hamas à Beyrouth et l'élimination près de Damas d'un haut commandant des Gardiens de la révolution.

L'attaque de jeudi est la plus meurtrière en Iran depuis 1978, quand un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d'Abadan, selon les archives de l'AFP.

Pour l'ancien chef de la Commission parlementaire de la sécurité nationale, Heshmatollah Falahatpisheh, les attaques pourraient avoir impliqué des groupes extrémistes sunnites, mais «n'auraient pas été possibles sans» les services de renseignement américains et israéliens. Il cite notamment la possible implication de membres de l'EI et de Jaish al-Adl, un groupe extrémiste sunnite formé en 2012.

Publicité
Les conséquences

L'attentat pourrait être «un signal envoyé pour forcer l'Iran à négocier et lui demander de coopérer dans la gestion des tensions régionales», avance l'ancien député.

Les États-Unis ont accusé l’Iran de «faciliter activement» les attaques de bases militaires américaines au Moyen-Orient, et d'être «profondément impliqué» dans les attaques des rebelles Houthis au Yémen contre des navires marchands en mer Rouge.

De son côté, le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié de l'Iran, procède à des tirs quasi quotidiens contre le nord d'Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a déclaré que l'Iran considérait de «son devoir de soutenir» les groupes en guerre contre Israël, mais souligné qu'ils étaient «indépendants dans (...) leur décision et leur action».

Engagé dans une guerre de l'ombre avec Israël, l'Iran lutte également contre divers groupes jihadistes et militants, notamment dans le sud et sud-est du pays, qui ont revendiqué de multiples attaques ces dernières années.

Si l'Iran «blâme Israël, il tentera probablement de répondre de la même manière, en visant quelque part des cibles de grande valeur ou des cibles faciles», estime M. Vaez: «S'il accuse l'EI ou des groupes séparatistes, il faut s'attendre à des arrestations ou exécutions et même à des tirs de missiles sur leurs bases dans la région.»

Publicité
Publicité