Investir en Bourse malgré la tourmente
Daniel Germain | Journal de Montréal
Pour plusieurs Québécois, c’est déjà une grande victoire de parvenir à vivre en dessous de leurs moyens.
Mais encore là, même l’épargnant le plus discipliné n’est pas au bout de ses peines. Une partie de ses efforts se trouve constamment anéantie par un vent de face, et depuis quelque temps, ce sont plutôt des rafales qu’il reçoit dans la gueule. Vous savez de quoi je parle, le mot qui commence par un « i ».
Quand ça va bien, l’inflation ronge notre argent à la vitesse de 2 % par année (composé), ce qui est déjà dévastateur à long terme. À ce rythme, elle réduit notre pouvoir d’achat de moitié entre le moment où on commence à épargner (autour de 30 ans) et la retraite (autour de 65 ans). Elle poursuit son œuvre d’érosion par la suite, un chèque de 400 piastres ne pèse pas lourd dans la balance...
Toujours payant à long terme
D’où l’importance de faire fructifier nos économies, donc de les investir. Dans ce domaine, il n’y a pas UNE approche meilleure que les autres. Il n’y a que la mieux adaptée à chaque situation.
L’investissement peut être intimidant. Quelque 2000 entreprises sont inscrites seulement à la Bourse de Toronto. Alors, imaginez la Bourse de New York et le Nasdaq !
Elles vont, elles viennent, dans la jungle capitaliste, l’espérance de vie des entreprises publiques fait peine à voir.
Aux États-Unis, 29 000 entreprises se sont négociées à la Bourse de 1950 à 2009, et 80 % d’entre elles n’existent plus. On comprend alors que des gens abordent la Bourse comme le casino, pendant que d’autres, pour la même raison, s’en tiennent loin.
Malgré le taux de roulement élevé des entreprises publiques, jamais la Bourse américaine (la plus dynamique) n’a fléchi sur une période de 20 ans depuis 1926. Vous savez ce que ça veut dire ? Que même un investissement réalisé la veille d’un krach finira par payer !
Dans la même période, pour chaque année de rendement négatif, la bourse a livré trois années profitables. Entre-temps ont passé le krach de 1929, la Grande Dépression, la Deuxième Guerre mondiale, la crise du pétrole, la bulle des technos et la crise financière.
Puis là, on est pris avec la COVID, et on s’énerve aujourd’hui du nouveau variant.
Plus on investit longtemps, meilleures sont les probabilités de faire plus d’argent. C’est le contraire du casino, où le croupier détient toujours un léger avantage. Plus on joue, plus on est assuré de perdre.
Rester zen
L’investissement consiste à sélectionner des entreprises de qualité, profitables, difficiles à déloger par des concurrents, puis à attendre. On peut se tromper, et c’est la beauté de l’investissement, car pour être excellent, il suffit de réussir une fois sur deux. Pas besoin de se casser la tête.
Des lecteurs ont souvent témoigné de leur enrichissement juste en achetant les actions des grandes banques et des compagnies de chemin de fer.
Pour l’essentiel, la tâche se résume à ne rien faire, et apparemment c’est ce qui pose le plus de difficultés à l’investisseur individuel.
Ce qui pénalise les investisseurs, c’est qu’ils achètent et vendent aux mauvais moments. Ils entrent dans le marché dans les périodes d’euphorie et déguerpissent dès que ça se corse : voilà la recette pour perdre.
Pour faire de l’argent à long terme, on doit seulement pouvoir supporter des baisses de temps en temps. Le krach du début de la pandémie, un plongeon éclair de 30 %, en a fait débarquer plusieurs, mais les résistants ont été récompensés. Ç’a été la même chose en 2009, une crise sur le plan financier nettement supérieure à celle qu’on traverse en ce moment.
Ce qui joue sur mes nerfs, ce sont ces lancinants marchés baissiers, quand la Bourse s’égraine un peu chaque jour durant six mois, sans vouloir donner de signe de reprise.
Je me rappelle alors qu’elle finit toujours par monter.