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Intoxications au GHB: ce n'est pas aux femmes que revient la responsabilité de ne pas se faire droguer

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Genevieve Abran

2023-03-01T19:34:11Z
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Non, ce n’est pas aux femmes que revient la responsabilité de ne pas se faire droguer dans un bar, insistent des intervenantes. Tout le monde a un rôle à jouer pour enrayer ce fléau, soulignent-elles.

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Un nouveau cas d’intoxication dans un bar 

Une jeune femme de 22 ans a été intoxiquée pour la deuxième fois en moins de six mois au GHB, alors qu’elle prenait un verre au bar Nacho Libre, à Montréal, vendredi dernier. 

«Comment de jeunes hommes, pas bien plus vieux qu'elle, peuvent penser faire de tels gestes? Qu'est-ce qui peut bien leur passer par la tête? Et comment les autres boys à côté peuvent laisser faire ça sans réagir? Sans dire: “Eille le dude, sérieux...?”», déplore son père dans un cri du cœur publié sur Facebook.  

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Horrifiée par l’histoire, la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé a regretté le fait que les femmes soient toujours considérées comme les seules responsables de leur sécurité. 

«Les ingrédients de la drogue du viol ne sont pas tous chimiques. Ça prend un gars pour mettre ça dans un verre, pour remplir l’aiguille. Ça prend des amis pour trouver ça drôle. Ça prend des bars qui regardent ailleurs. Ça prend une culture où les seules responsables de la sécurité des femmes, c’est... les femmes», dénonce l’élue.   

La honte doit changer de camp 

Deux intervenantes sont d’ailleurs claires: une femme qui a été intoxiquée à la drogue du viol n’est en aucun cas responsable de ce qui lui arrive.  

«La honte, la culpabilité, ce sont des émotions qui sont fréquentes pour des victimes de ce type de crime, alors qu’il faut rappeler que l’agresseur est l’unique responsable de cette situation et de ce qui est survenu aux personnes victimes», insiste Marie-Christine Villeneuve, coordonnatrice aux communications et aux relations publiques du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).  

«C’est comme si on rendait les femmes responsables de leur agression, au lieu de nommer le problème de fond que sont les agresseurs et les agressions sexuelles», renchérit Justine Chénier, responsable des communications du Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS) .  

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Encore une question de consentement 

Les intoxications involontaires au GHB – que l'on surnomme la drogue du viol – s’inscrivent «dans la culture du viol qui vient banaliser les violences sexuelles avec les femmes», déplore Justine Chénier.   

Selon elle, tout le monde a un rôle à jouer pour faire changer les choses.  

«C'est une responsabilité qui est collective, qui ne doit pas reposer que sur les épaules des femmes; il faut faire de l’éducation sur les notions de consentement», indique-t-elle.   

«Les femmes ont beau être vigilantes, être conscientes du risque qui existe, si ça se passe, si ces crimes-là sont commis, c’est parce que des gens continuent de le faire», souligne pour sa part Marie-Christine Villeneuve. 

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C’est quoi le problème avec le GHB? 

Au Québec, 15% des cas d’agressions sexuelles impliqueraient des substances comme le GHB, avance Justine Chénier. 

Inodore et incolore sous forme liquide, le GHB produit des effets semblables à ceux de l’alcool, mentionne Pamela Binette, coordonnatrice de l’intervention en milieu festif du Groupe de recherche et d'intervention psychosociale (GRIP). 

Cette dernière remarque d’ailleurs une vague de dénonciations «massive» depuis un an de la part de personnes ayant été intoxiquées par cette drogue.   

Richard Villalon - stock.adobe.c
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Une personne qui consommera une petite quantité de GHB – que l'on consomme la plupart du temps de façon récréative – pourra ressentir un effet de détente, d’euphorie, une envie de socialiser ainsi qu’une réduction de la gêne et du stress. Quelques millilitres suffisent pour obtenir une telle réaction.  

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«En grande quantité, comme avec l’alcool, il peut y avoir des situations d’inconscience, des vomissements et possiblement une dépression respiratoire», explique Pamela Binette. Elle ajoute que lorsque le GHB est combiné à l’alcool, les risques qu'il y ait des complications sont plus importants.   

Puisque le GHB est vite métabolisé et éliminé de l’organisme, un prélèvement toxicologique doit être effectué rapidement pour en retrouver des traces. Il est donc souvent compliqué de déterminer si une femme a bel et bien été droguée au GHB.   

Quoi faire si ça vous arrive?

Si vous êtes dans une fête et que vous pensez que quelqu’un a pu mettre de la drogue dans votre verre, il faut en parler à une personne de confiance, insiste Roxanne Hallal, du GRIP.  

Ensuite, il vaut mieux vous réfugier dans un endroit sécuritaire, où vous pourrez dormir et y rester jusqu’à ce que vous vous sentiez mieux. Si votre état se détériore, il faut vous rendre à l’hôpital avec une personne de confiance. Vous pourrez y faire une prise de sang pour confirmer la présence de drogue dans votre sang.  

Si vous le souhaitez (et si c’est possible), vous pouvez apporter un échantillon du contenu de votre verre à un organisme comme le GRIP, pour vérifier si de la drogue s'y trouve.  

Si vous pensez avoir été victime ou témoin d'une intoxication au GHB, contactez immédiatement le 911, recommande le Service de police de la Ville de Montréal, «que vous connaissiez ou non la personne qui en serait responsable». Si l'intoxication n'est pas récente, vous pouvez déposer une plainte en vous rendant à votre poste de quartier. 

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