[EN IMAGES] Interventions violentes: nouvelle vidéo d’un policier du SPVQ impliqué dans les autres affaires
Pierre-Paul Biron | Journal de Québec
Autre vidéo, même policier impliqué. Les images d’une quatrième intervention violente d’agents du SPVQ ont été remises à des enquêteurs jeudi matin par un couple dont l’homme a été malmené lors d’une soirée au District Saint-Joseph, en octobre.
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L’événement survient peu avant minuit dans la soirée du 16 octobre dernier. Le couple, qui souhaite garder l’anonymat par peur de représailles, se trouve au District Saint-Joseph pour un anniversaire. Le Journal a pu confirmer leur identité, notamment avec la direction de l’établissement.
Comme lors de l’intervention sous enquête qui s’est déroulée au Portofino vendredi dernier, les agents de l’escouade GRIPP se seraient présentés au District sans avoir été appelés au préalable selon nos informations. Plusieurs personnes présentes contreviennent aux mesures sanitaires puisqu’elles dansent, bien souvent sans masque.
«Oui on était illégal dans un sens parce qu’on dansait et qu’on n’avait pas notre masque», admet la conjointe de l’homme pris à parti par les agents. «S’ils nous avaient donné un ticket pour ça, on le prend et c’est fini, mais ce n’est pas ça qui est arrivé».
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Violemment poussé
Les images des caméras de surveillance montrent les policiers s’adresser à l’homme de 36 ans. Ce dernier indique avoir mentionné aux agents qu’il allait mettre son masque, mais ajoute croire que les policiers ne l’ont pas entendu en raison de la musique forte. C’est à ce moment que tout a dégénéré selon lui.
«Je me suis tourné et penché pour atteindre mon masque qui était dans ma poche de manteau, un peu plus loin. Là, j’ai été poussé par un policier et je ne comprenais pas pourquoi», indique l’homme qui admet être en état d’ébriété à ce moment.
Il titube quelques pas, après avoir été bousculé par les agents d’après sa version. Une large colonne et la foule présente empêchent de constater ce bout de l’histoire sur les caméras de surveillance.
L’individu se retrouve alors dans le corridor où connectent le District et la salle L’Impérial, située juste à côté. C’est à ce moment qu’un agent le projette violemment contre le mur, où il se fend la tête.
«Mon chum a 36 ans, moi 41. On a deux enfants, on est propriétaires, on est deux jeunes professionnels, on n’a pas de dossier criminel, on n’était pas armé, on n’avait pas de drogue, on n’est pas lié à des groupes criminels. En quoi tout ça était nécessaire», questionne la conjointe de l’homme qui a également souffert d’une commotion cérébrale pour laquelle il est toujours suivi dans une clinique spécialisée.
«Plein de monde à l’intérieur dansait et n’avait pas de masque. On dirait qu’ils sont rentrés et qu’ils cherchaient une tête de Turc», ajoute-t-elle.
Une autre vidéo, filmée par un témoin à l’extérieur, montre l’individu déjà maitrisé et menotté être projeté au sol par les policiers.
Regret de ne pas avoir parlé avant
L’homme a finalement reçu une contravention de 255$ pour avoir troublé la paix et a été reconduit à la maison, ensanglanté, par les policiers.
Le couple, sous le choc, avait finalement décidé de ne pas porter plainte, inquiet «de se battre contre la police».
Les images des trois premières vidéos diffusées depuis le weekend ont cependant tout fait basculer. Horrifiée, la conjointe de l’homme violemment poussé contre un mur au District a reconnu un des agents impliqué dans les autres vidéos.
«J’ai beaucoup de regret de ne pas avoir parlé avant parce que ça aurait probablement pu éviter ce qui s’est passé ce weekend», soupire la dame, qui se questionne sur les comportements de ce policier.
«Pour moi, c’est inconcevable que quelqu’un d’aussi violent ait passé entre les mailles du filet d’un processus d’embauche. Ça en dit beaucoup», affirme celle qui dit avoir «perdu confiance en la police».
Impliqué dans les quatre affaires
D’après les informations récoltées par le Journal, un policier impliqué et qui a signé le constat d’infraction lors de l’événement au District est aussi visé par les enquêtes liées aux vidéos déjà publiées.
Ce serait cet agent que l’on voit dans la troisième vidéo, publiée mercredi, crier à un individu : «veux-tu que je te gaze mon osti?», avant de le pousser violemment contre une autopatrouille.
Il s’agit également d’un des policiers impliqués dans l’arrestation violente d’un homme roué de coups par les policiers au restaurant Portofino de Sainte-Foy.
Finalement, l’agent en question était aussi présent selon nos sources lors de l’interpellation violente de Pacifique Niyokwizera, dans la nuit de vendredi à samedi, sur la Grande-Allée.
Point de presse à venir
Le SPVQ confirme l’existence de cette nouvelle vidéo et la rencontre avec des enquêteurs jeudi matin.
«Ça va faire partie de l’enquête globale. Au stade où on est, on ne commentera pas chaque vidéo individuellement, on parlera d’enquête globale sur l’ensemble des affaires», explique Marie-Pier Rivard, agente aux communications du service de police.
La direction avait confirmé plus tôt cette semaine avoir suspendu avec solde cinq agents en lien avec ces affaires.
Des enquêtes internes sont déjà déclenchées pour les incidents de Grande-Allée ainsi que du Portofino et la ministre de la Sécurité publique a mandaté le Commissaire à la déontologie policière pour faire la lumière sur ces dossiers.
Le directeur du SPVQ, Denis Turcotte, doit d’ailleurs faire le point sur la situation en point de presse jeudi après-midi.