Internationaux d’Australie: l’entraîneur qui donne le sourire à Bianca Andreescu
Après deux années difficiles, la Canadienne estime que son nouveau mentor la rend plus relax
Jessica Lapinski
MELBOURNE, Australie | Christophe Lambert se rappelle le jour où il a quitté le Canada pour s’installer en Nouvelle-Zélande, terre natale de son épouse Julie. « Dans l’avion, ma femme s’est excusée. Elle m’a dit que c’était le plus gros sacrifice qu’elle me demandait, car la petite, elle était impressionnante.
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Cette petite, c’est Bianca Andreescu. Une Andreescu qui n’avait alors que 14 ans et qui venait de remporter l’Orange Bowl, prestigieux tournoi chez les juniors, dans la catégorie des 16 ans et moins.
Lambert – qui comme le nom le laisse présager, est Français – était à ce moment l’entraîneur de la future championne du US Open. Il a passé quelques années à Toronto, à travailler notamment pour Tennis Canada, avant de partir chez les « kiwis », car sa femme « n’en pouvait plus de l’hiver ».
Là-bas, il a notamment occupé les fonctions de directeur de la haute performance de la fédération de tennis néo-zélandaise pendant deux ans, avant de recevoir une offre qu’il ne pouvait pas refuser.
Un appel et une proposition
C’était en novembre dernier. Andreescu, alors 45e mondiale, s’était séparée du réputé Sven Groeneveld peu auparavant.
« Après le Orange Bowl, je lui avais annoncé que je ne pourrais plus l’entraîner. Mais on est toujours demeuré en contact, elle et moi, a-t-il expliqué à l’ombre du court 3 du Melbourne Park, juste après la victoire de sa protégée face à la Tchèque Marie Bouzkova, lundi .
« Quand ç’a été terminé avec Sven, elle m’a appelé pour me demander ce que j’en pensais, ce qu’elle devrait faire. Deux jours plus tard, elle m’a rappelé pour me demander si ça m’intéresserait de travailler avec elle. On ne refuse pas pareille proposition ! » lance-t-il en souriant.
Le curriculum vitae de l’homme de 56 ans est bien garni. En plus de ses fonctions chez Tennis Canada et Tennis Nouvelle-Zélande, il a aussi travaillé auprès de la fédération française.
Un entraîneur hilarant
Lambert a toutefois moins d’expérience sur le circuit, à voyager aux côtés d’une seule joueuse d’élite. Mais qu’importe, car visiblement, il est exactement ce que l’ancienne quatrième mondiale recherche en ce moment.
« Il est incroyable. Il est hilarant ! a commenté Andreescu. Il y a aussi Jean-Pierre [Bruyère, le physiothérapeute], avec qui il travaille depuis 30, 35 ans. La communication est très bonne et c’est ce que je recherche dans une équipe. »
La Canadienne de 22 ans ne l’a pas eu facile depuis son année 2019 triomphale, où elle s’est adjugé les trophées à Indian Wells et Toronto, en plus de remporter le titre aux Internationaux des États-Unis.
Blessée à répétition, elle a aussi pris une pause de près de six mois à la fin de 2021 et au début de 2022, afin de se ressourcer. En conférence de presse, Andreescu a qualifié les dernières années de « trépidantes ».
Mais l’expression n’avait pas nécessairement une connotation positive...
« [Christophe et toute l’équipe] rendent les choses vraiment relax, ce qui est bien, car le tennis peut être vraiment stressant, a-t-elle continué. C’est un bon entraîneur, qui me connaît bien. Il garde les choses simples et j’aime vraiment ça. »
« On tente de faire en sorte qu’elle soit plus relâchée, a pointé Lambert. On est une équipe très soudée, on fait beaucoup dans l’humour. On travaille dur, mais on essaye toujours de garder une espèce de distance par rapport à ce qui se passe sur le terrain. »
Andreescu en français
Une équipe soudée... et francophone, souligne aussi l’entraîneur. Car oui, Andreescu comprend le français. « Si on parle lentement, elle comprend. Et elle aime bien le français », dit-il.
« Il me place sous les projecteurs ! a rétorqué l’Ontarienne en riant. Si je ne parle pas français d’ici l’Omnium Banque Nationale [à Montréal cette année], ce sera uniquement la faute de mon équipe. »
Renouer avec le sommet ?
Lambert espère maintenant que leur association permettra à Andreescu de renouer avec le sommet du classement. Même si, malgré ses succès chez les juniors, le Français ne se doutait pas qu’elle remporterait un titre majeur seulement quelques années plus tard.
« Moi, je ne suis pas genre à dire que les jeunes vont devenir des champions du monde, je ne fais jamais ça. Pour moi, les enfants sont tous forts. »
« Mais c’est vrai qu’elle avait déjà cette habileté à répliquer sur le terrain ce qu’on mettait en place à l’entraînement. Et aussi, cette combativité, cette insouciance qu’elle a encore. »
Le Journal en Australie
en direct de melbourne park
Melbourne ne possède pas le caractère historique de Paris ou l’effervescence de New York, mais c’est joli. En fait, la ville, ou du moins, son quartier des affaires, adjacent au site des Internationaux d’Australie, rappelle un peu Montréal, quelques palmiers en plus. Les gens sont relax, sympathiques. C’est sûrement l’effet du soleil. Sauf que non, il n’y a pas de koalas dans cette agglomération de 5 millions d’habitants, la deuxième plus populeuse de l’Australie, après Sydney, la capitale. Pour en voir, c’est au zoo que vous devrez vous rendre, ou dans l’un des parcs nationaux de l’État de Victoria.
Les gratte-ciel comme toile de fond
Contrairement au US Open, qui est disputé dans le Queens, ou à Roland-Garros, qui se joue dans le 16e arrondissement de Paris, le sympathique site des Internationaux d’Australie se trouve à une vingtaine de minutes de marche du centre-ville. Derrière le Rod Laver Arena, plus grand stade du complexe avec ses 15 000 places, on peut apercevoir les gratte-ciel de Melbourne. La proximité du quartier des affaires rend aussi très facile l’accès aux stades, tout comme la station de train située tout juste à côté de l’une des entrées du Melbourne Park.
Le champagne à Paris, le gin à Melbourne
Si les Français font la file à Roland-Garros afin de déguster une coupe de champagne, à Melbourne, le gin a particulièrement la cote. Au moins trois kiosques offrent la possibilité de se désaltérer avec un gin aromatisé. On y retrouve aussi des bars de whisky, Canadian Club étant l’un des commanditaires de l’événement. À environ 13 $ pour un verre, les prix sont relativement abordables. Surtout que le dollar canadien et celui australien sont presque à parité. Et surtout lorsque l’on compare avec le US Open, où votre bière pourrait vous coûter 25 $. Mais vous pouvez aussi boire de la bière, du vin, du café, de la limonade... ou de l’eau, ce qui serait sans doute préférable quand la température avoisine les 36 degrés Celsius. D’ailleurs, des fontaines sont mises à disposition un peu partout sur le site.
C’est chaud, chaud, chaud
Parlant du mercure, celui-ci a pas mal fluctué dans les derniers jours. Il faisait environ 20 degrés dimanche, puis 28 lundi et, comme on vous le disait un peu plus haut, 36 degrés mardi. Mais qu’importe la température, les organisateurs sont prêts. Il y a des points d’eau pour permettre aux spectateurs de remplir leur bouteille réutilisable, des ventilateurs qui aspergent les passants de gouttelettes, et ce corridor aux allures de douche, qui était déjà bien apprécié, lundi.
Sitôt arrivés, sitôt en train de dépenser
Quelques minutes avant le début des matchs de premier tour, de longues files de spectateurs voulant entrer dans le Melbourne Park se formaient encore à l’extérieur du site. Mais sitôt entrés, ce ne sont pas vers les terrains que ce sont précipités plusieurs d’entre eux. C’est plutôt vers l’une des boutiques officielles, question de mettre la main sur un produit dérivé. À l’intérieur, les prix ne sont pas nécessairement avantageux, mais ils ne sont pas non plus exorbitants (encore là, le dollar australien aide un peu les visiteurs canadiens). Une casquette coûte environ 30 $. On n’y retrouve pas la même abondance qu’à Paris, mais il y a des t-shirts, des cotons ouatés, des gourdes et bien sûr, ces énormes balles de tennis prisées des amateurs en quête d’autographes, qui ont la cote comme partout.
Nike (et Frances Tiafoe) en mettent plein la vue
Les équipementiers tentent toujours d’en mettre plein la vue pour le premier tournoi du Grand Chelem de la saison, avec des vêtements aux couleurs éclatantes. Et disons que Nike n’est pas passé à côté de sa « mission » avec ce motif à la fois coloré et... un peu psychédélique. Bianca Andreescu l’arborait sur sa robe lundi, Denis Shapovalov, un peu plus discrètement sur ses shorts, et l’Américain Frances Tiafoe, lui, avait revêtu la tenue complète. « J’imagine que c’est la direction dans laquelle ils veulent aller. Mais je l’assume ! » a lancé en riant « Shapo ».