Publicité
L'article provient de 24 heures

Effets secondaires de la wax : ce qu'il faut savoir sur ce produit populaire

Photomontage Marilyne Houde
Partager
Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2022-05-11T16:30:00Z
2023-09-24T21:56:52Z
Partager

Quels sont les effets secondaires de la wax? La question se pose, parce que le produit est très populaire (notamment chez les adolescents), mais des experts tirent la sonnette d'alarme.

Sans odeur, visuellement attrayants, faciles à cacher, doux pour la gorge, bon goût: les waxpens ont une allure inoffensive. Mais il ne faut pas oublier que les gens qui en ont consomment de la «wax», un concentré de cannabis très puissant aux effets potentiellement dangereux. 

«Je tenais à parler des waxpens, parce que je reçois de plus en plus d’ados qui me disent en fumer ou l’avoir essayé», lance d’entrée de jeu Marie-Ève Morin, une médecin de famille spécialiste en dépendance. 

C'est quoi, la wax?

D'abord, penchons-nous sur la wax.

Les waxpens, pratiquement identiques aux vapoteuses de nicotine les plus communes, sont préremplis d’un produit issu de la distillation de la cire de cannabis, communément appelé «wax». 

Illégale au Québec, la wax est un puissant concentré de THC extrait de la plante de cannabis à l’aide d’un solvant, souvent du butane ou du dioxyde de carbone (CO2). «Budder», «badder», «shatter», «wax»: son nom et sa forme varient en fonction de son exposition à la chaleur lors du processus de fabrication.

Publicité

Effet secondaire 1: haut risque de bad trip  

La concentration en THC de la wax peut atteindre 80 à 95%. La substance distillée contenue dans un waxpen peut quant à elle atteindre 99% de THC. À titre comparatif, les produits de fleurs séchées vendus à la SQDC ne peuvent dépasser une concentration de 30%. La wax, c'est donc très fort.

Marie-Ève Morin craint que l’aspect inoffensif des waxpens puisse induire un faux sentiment de sécurité chez les jeunes consommateurs.

«Ça vient dans de beaux petits crayons argent ou plein de couleurs. C’est beau, bien emballé, ça goûte bon, c’est doux pour la gorge, ça ne sent rien et c’est vendu prêt-à-fumer. Donc, ils n’ont besoin d’aucun autre matériel. En plus, ça se cache bien», déplore-t-elle. 

La Dre Marie-Ève Morin
La Dre Marie-Ève Morin Photo Le Journal de Montréal, Isabelle Maher

«Pour moi, la wax est au cannabis ce que le fentanyl est aux opioïdes: c’est la version hyper-puissante. Sauf qu’on ne peut pas en faire de surdose mortelle», poursuit la médecin. 

Une substance aussi puissante que la wax peut d’ailleurs faire tourner les premières utilisations au cauchemar, témoigne Julien*, un jeune consommateur que la Dre Morin suit depuis plusieurs années. 

«Moi, les premières fois que j’ai fumé de la wax, à l’adolescence, ça virait souvent en bad trip, même si j’étais déjà habitué de fumer beaucoup. Je me mettais à angoisser ben raide», raconte-t-il.

«C’est comme comparer de l’alcool fort à de la bière. Le fait que ce soit plus concentré et plus fort, même si je fume la même quantité de THC qu’avec un joint, le fait que je le prenne d’un coup, ça fesse plus fort», illustre le jeune homme aujourd’hui dans la vingtaine.

Publicité

Effet secondaire 2: des dangers pour la santé mentale 

Au-delà des possibles bad trips, la consommation de wax et d’huile de cannabis à forte concentration de THC peut avoir de graves conséquences sur la santé des jeunes, prévient le Dr Didier Jutras-Aswad, chercheur et chef du Département de psychiatrie au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et spécialiste des effets du cannabis sur le corps humain. 

«Les gens qui consomment des produits à plus de 60% vont s’exposer à plus de THC à la fois. Ça augmente les chances de développer des problèmes de santé mentale, que ce soit des troubles anxieux, dépressifs ou, évidemment, le risque de développer une maladie psychotique. Il y a aussi des études qui démontrent que ça a des impacts sur la réussite scolaire et les idées suicidaires», prévient-il.

Le Dr Didier Jutras-Aswad
Le Dr Didier Jutras-Aswad Courtoisie CHUM

Et si la plupart des gens qui consomment du cannabis ne développent pas de tels problèmes, le psychiatre ajoute que certaines données indiquent qu’en général, plus quelqu’un va commencer à consommer tôt, plus les risques associés à la consommation, comme la tolérance ou la dépendance, augmentent. 

C’est d’ailleurs ce qui inquiète le plus la Dre Marie-Ève Morin. 

«Qu’est-ce qu’ils vont faire, les jeunes ados qui commencent à consommer avec des produits aussi puissants, quand ils vont avoir 20 ans? Ils vont se tourner vers quoi pour avoir un buzz?» se demande-t-elle. 

Effet secondaire 3: impact sur les poumons

Le vapotage a aussi un impact sur les poumons. Même si les recherches sont encore en cours pour bien qualifier les impacts du vapotage sur le système respiratoire, il semble clair que cette pratique a un impact négatif sur la santé des poumons.

Publicité

Plusieurs jeunes vapoteurs font d'ailleurs le lien entre de graves problèmes respiratoires qu'ils ont eu ainsi que leur vapotage. 

Par exemple, 24 heures a parlé à un jeune Québécois de 20 ans qui a eu un affaissement du poumon. Il croit que le vapotage est en partie responsable de son état, et nous a raconté ne plus vouloir toucher à ce produit. 

Aux États-Unis, un jeune homme de 19 ans a pour sa part subi quatre affaissements des poumons après avoir vapoté pendant six ans.

Même s'il s'agit de cas extrêmes, il est intéressant d'en tenir compte lorsqu'on fait le choix de consommer ou non.

Répandu dans les écoles 

Julien n’est pas le seul à avoir expérimenté avec des waxpens à l’adolescence. Des intervenantes en milieu scolaire nous ont raconté en voir de plus en plus dans les écoles secondaires de la province. 

«Les élèves qui consomment de la wax, il y en a beaucoup. Mais pas seulement ça, c’est aussi le vapotage d’huile de cannabis qui est très répandu», explique une intervenante de l’organisme communautaire Pact de rue. Elle a demandé de garder l’anonymat pour ne pas révéler dans quelles écoles elle travaille. 

Chicken Strip - stock.adobe.com
Chicken Strip - stock.adobe.com

Selon l’Enquête québécoise sur le cannabis 2021, 44% des jeunes âgés de 15 à 17 ans qui consomment du cannabis le font à l’aide de produits de vapotage. Si tous les produits de cannabis pour le vapotage sont illégaux au Québec, ils sont facilement accessibles en ligne ou sur le marché noir. 

Publicité

D’ailleurs, si autant de jeunes se mettent à vapoter des produits de cannabis, c’est beaucoup en raison de la popularité du vapotage en général. 

«Entre le tiers et la moitié des ados qui vapotent ont essayé de vapoter du cannabis. Et dans la proportion de jeunes qui consomment du cannabis, il y en a de plus en plus qui vont utiliser des produits de vapotage», indique le Dr Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l'adolescence et toxicomanie au CHU Sainte-Justine.

Getty Images/iStockphoto
Getty Images/iStockphoto

Et mauvaise nouvelle: des jeunes qui vapotent, il y en a beaucoup dans les écoles du Québec. 

Selon la dernière Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire, l’utilisation de la vapoteuse a en effet quintuplé en six ans au Québec, passant de 4% en 2013 à 21% en 2019. Encore plus inquiétant: un tiers des élèves de quatrième et cinquième secondaire vapotent. 

* Nous avons modifié le nom de cette personne pour protéger son identité.

SI VOUS AVEZ BESOIN D’AIDE 

Drogue: aide et référence – www.aidedrogue.ca – 1 800 265-2626 

Des vidéos qui pourraient aussi vous intéresser:      

Publicité
Publicité