Influenceurs: hashtag nombrilisme!
Geneviève C. est gestionnaire des communications stratégiques et relations avec les médias, Gatineau
«Wow, ils sont vraiment trop cool, eux» est certainement la dernière chose qu’un parent voudrait entendre après que son jeune eut visionné la vidéo des influenceurs qui ont transformé un vol de Sunwing en party du Beachclub le 30 décembre dernier.
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Pendant que le Québec se met sur pause, alors que les citoyens sont appelés à participer à un effort collectif pour freiner la pandémie mondiale à laquelle ils font face depuis presque deux ans, au moment où les travailleuses et travailleurs de la santé se démènent et tombent malgré eux au combat, certains individus choisissent de se foutre éperdument des règles, de se foutre éperdument des autres.
En regardant ces images, en lisant les articles et les publications, j’ai honte. Je suis gênée de reconnaître certains noms parmi ceux des influenceurs se trouvant sur le vol en direction de Cancún. Je suis accablée d’avoir encouragé, d’une manière ou d’une autre, cette notoriété qui semble leur donner tous les droits.
Des répercussions majeures sur tous
Je pense au pilote et à l’équipage de Sunwing, qui, eux, se présentent au travail chaque jour avec comme objectif de bien faire leur travail, de s’assurer que tout un chacun se rende à destination de façon sécuritaire.
Je pense aux personnes vivant seules, qui paieraient cher pour pouvoir partir dans un chalet avec un groupe d’amis pour se remonter le moral, pour profiter de la vie.
Je pense aux jeunes enfants qui ne peuvent fréquenter leurs copains et qui se demandent pourquoi la vie est si injuste, mais qui obéissent tout de même aux règles.
Je pense aux parents qui jonglent avec le travail, l’école en mode virtuel de plusieurs enfants à la fois, les petits et grands virus (parce que, non, il n’y a pas juste la COVID qui court), la pression de servir des repas santé et de prévoir des séances de jeu ou d’activité physique à l’extérieur, et j’en passe.
Je pense aux enseignants, aux professionnels de la santé et à tous les autres travailleurs qui voient leur profession devenir de plus en plus exigeante, qui ressentent une pression de plus en plus insoutenable.
Je pense aux entrepreneurs qui sont mis à rude épreuve depuis plusieurs mois, qui vivent dans une perpétuelle incertitude, qui risquent de tout perdre ou qui ont déjà tout perdu.
Je pense aux accros du sport, de l’entraînement ou des voyages qui doivent continuer de mettre leurs projets et leurs ambitions sur pause, continuer de s’ajuster, de s’adapter.
Je pense au Québec, au Canada et à l’ensemble de la planète touché par cette pandémie qui semble interminable.
Un minimum de jugement, svp
Bref, je pense beaucoup. Et je sais que je ne suis pas la seule à le faire. Mais clairement, les gens trop cool qui se trouvaient à bord de cet avion ne réfléchissent pas, eux. Pas besoin de masque, pas besoin de suivre les règles, pas besoin de démontrer du respect envers les employés de la compagnie aérienne, et surtout pas envers le pilote qui, lui, doit effectuer de nombreuses tâches simultanément et gérer une charge mentale énorme pour faire voyager un appareil du point A au point B – ben non, ce n’est pas eux qui décident, on a payé pour un vol nolisé. PARTY! Pas besoin non plus de faire preuve de self-control; tant qu’il y aura de l’alcool à vendre, on va en acheter, et ce sera la faute du personnel de bord. Pas besoin de se garder une petite gêne ou de faire preuve d’un MINIMUM de jugement en sachant qu’on exhibe des comportements délinquants alors que des milliers de personnes sont abonnées à nos plateformes et, dans certains cas, nous admirent – on est en vacances, on fait ce qu’on veut et on publie le tout sur les réseaux sociaux.
Suivre les règlements
News flash: les règlements à bord d’un avion sont importants. Ils sont développés et mis en œuvre par les gouvernements pour la sécurité de l’équipage et des passagers. De plus, le savoir-vivre et le respect sont des valeurs importantes. Elles font partie du code d’éthique de la plupart des entreprises et employeurs au Canada. Ah, puis aussi, en ce moment, il y a des gens qui se battent pour leur vie. Il y a un système de santé qui déborde. Il y a des Québécois qui se retrouvent sans revenu. Il y a des parents, des grands-parents, des enfants épuisés, au bout du rouleau. Il y a une société qui ne désire rien de plus que de reprendre une vie normale.
Paradoxalement, il y a aussi des gens comme ceux du vol de Sunwing. Des personnes d’âge adulte qui prennent des photos avec la langue sortie dans un état semi-conscient, qui font des doigts d’honneur et qui flashent leur bronzage parfait pendant que la province est en état d’urgence sanitaire. Des êtres qui se croient supérieurs parce qu’ils font partie d’un club de cool, parce qu’ils ont des milliers d’abonnés et parce qu’ils distribuent des codes promo.
News flash: ça, ce n’est vraiment PAS cool.
Geneviève C.
Gestionnaire des communications stratégiques et relations avec les médias, Gatineau