Incursion dans les coulisses de l’univers de la drag dans l’émission L’Agence
Thomas Seban
Michel Dorion dirige la première agence de drag-queens du Québec. Il nous fait découvrir les coulisses d’un univers captivant dans ce nouveau docuréalité et démystifie au passage un art qui a suscité la polémique encore récemment.
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Les drag-queens comme vous ne les avez jamais vues! C’est ce que nous propose L’agence, la nouvelle série documentaire de MOI ET CIE. Elle nous fait découvrir, sous un angle inédit, les artistes qu’on présente souvent comme les reines de la nuit. Michel Dorion, l’homme à l’origine de cette émission, s’est fait un nom dans ce petit milieu avec ses personnifications de Céline Dion avant de créer, en avril 2022, l’agence Midor, la première entreprise de représentation de drag-queens au Québec.
Des cabarets aux congrès
Développé par les Productions Déferlantes en collaboration avec Québecor Contenu, le nouveau docuréalité suit le patron de l’agence et quelques-uns de ses talents dans leur quotidien. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les drags ne sont pas seulement appelées à enfiler leurs talons hauts dans des cabarets du Village à Montréal. Leurs contrats les amènent parfois à se produire dans des lieux assez surprenants, comme des campings en Abitibi, des mariages ou des festivals westerns.
«On a vraiment toutes sortes de contrats, même dans des congrès de comptables ou avec la fédération des infirmières», confirme Michel Dorion. «Une fois, j’ai donné un spectacle de deux heures au congrès d’une grande bannière funéraire. Je pense que les gens n’étaient pas forcément prêts à voir ce genre de spectacle dans cet endroit!» L’agence présente aussi les drags dans leur vie de tous les jours, sans maquillage ni faux cils.
Défendre les drags
«On montre vraiment l’envers du décor, souligne Michel Dorion. Les gens vont voir non seulement les bons moments, mais aussi les côtés les plus difficiles de ce métier.» Plusieurs artistes doivent notamment occuper un emploi en parallèle, car les cachets ne sont pas toujours à la hauteur de leurs talons. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Michel Dorion a créé Midor: il souhaite contribuer à ce qu’on reconnaisse l’art de la drag comme un métier part entière. «Pendant longtemps, les drags ont été sous-payées, et l’agence doit justement servir à leur offrir de meilleurs salaires», explique-t-il. D’abord cantonnée au milieu LGBTQ+, la culture drag est devenue de plus en plus accessible grâce à des émissions à succès comme la compétition RuPaul’s Drag Race, qui a connu des déclinaisons un peu partout dans le monde, y compris au Canada. Malheureusement, malgré cette popularité grandissante, les drags suscitent toujours quelques incompréhensions et polémiques.
Chez nous, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a lancé une pétition pour demander au gouvernement de cesser de financer des activités dans les écoles ou dans les bibliothèques publiques qui impliquent des drag-queens. La controverse, qui a surgi en pleine promotion de L’agence, a conduit Michel Dorion à réagir et à défendre les drags, soupçonnées en filigrane de vouloir remettre en cause la notion de genre et l’image de la famille traditionnelle.
Pas de complot
«C’est une tempête qui n’a pas lieu d’être», nous dit-il. «Il n’y a aucune drag qui oblige des enfants à assister à des événements, et nous ne sommes pas là pour les endoctriner. Notre métier, ce n’est pas de leur parler de sexualité. Certaines drags ont des personnages hypersexualisés, c’est vrai. Mais ce ne sont pas celles-là qu’on engage pour lire des contes dans une école ou une bibliothèque.»
Ainsi, il reste encore du travail à faire pour expliquer l’art de la drag dans toutes ses nuances. En plus de nous présenter L’agence, le président de Midor a aussi prévu d’organiser le premier congrès de la culture drag au Québec, les 28 et 29 octobre, à Montréal. «Les gens vont pouvoir y venir et mieux comprendre la communauté drag. On veut vraiment représenter un éventail complet. Donc il va y en avoir pour tous les goûts!»
Michel Dorion
Avec ses 35 ans de métier, Michel Dorion, le personnificateur numéro un de Céline Dion, est une vraie référence dans le monde de la drag au Québec. «Quand j’ai commencé, au début des années 1990, les drags étaient beaucoup moins grand public qu’aujourd’hui. J’ai été chanceux, car mon ascension a été assez rapide.»
Miss Butterfly
Né à Beyrouth, Johnny — de son vrai nom — a mis le cap sur Montréal pour devenir Miss Butterfly, une des drags les plus populaires du Canada. «Elle a toute une personnalité!» souligne Michel Dorion.
Ciatha Night
Le jour, Hugo, alias Ciatha Night, travaille sur des chantiers de construction pour sa compagnie familiale. «Il fait de la drag depuis 10ans, et c’est le fun de voir que son travail de jour est très, très loin de son métier de drag-queen», explique le patron de l’agence.
Velma Jones/Johnny Jones
Tantôt queen, tantôt king, Velma Jones/Johnny Jones, une drag polyvalente, a pour particularité d’être une femme, Ariane, qui travaille comme coiffeuse le jour. «Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi une fille fait de la drag. Donc c’est important de montrer son parcours dans l’émission», mentionne Michel Dorion.
Crystal Starz
Repérée en plein confinement grâce à ses spectacles virtuels, Crystal Starz, une drag de 21 ans, est la dernière révélation en date de Midor. Guillaume étudie en design de mode, il fait ses costumes. «On le suit dans la préparation de son premier spectacle solo. Dans l’émission, on voit aussi sa grand-mère, qui est sa première fan», précise Michel Dorion.