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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Quand le CN et le CPKC font la loi

Capture d'écran TVA Nouvelles
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

22 août à 15h30
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Le CN et le CPKC viennent de mettre leurs employés en lock-out. C’est inacceptable. Par leur faute, l’économie canadienne va perdre un milliard de dollars par jour.

Les employés refusaient-ils de négocier? Non. Les compagnies sont-elles au bord de la faillite? Non plus.

Peu importe les arguments des deux compagnies, il est intolérable qu’elles prennent en otage l’économie canadienne.

Dysfonctionnements

Au-delà de ces négociations, ce conflit révèle plusieurs dysfonctionnements du Canada.

Les partis d’opposition dénoncent avec raison l’incompétence du gouvernement de Justin Trudeau. En effet, jamais la situation n’aurait dû dégénérer à ce point. Il appartenait au gouvernement d’empêcher ces deux compagnies de bloquer l’essentiel du transport ferroviaire au pays. Le gouvernement Trudeau est devenu impotent.

Ensuite, il est inconcevable que les élus d’Ottawa, tous partis confondus, ne travaillent pas ensemble pour résoudre ce conflit. Une fois la situation dénoncée, les partis d’opposition devraient offrir leur soutien au gouvernement Trudeau plutôt que de se complaire dans de minables politicailleries.

Enfin, dans une démocratie, les élus sont censés gouverner activement pour le plus grand bien de tous. Dans cette affaire, les élus ne gouvernent pas. Ils se contentent d’encourager chaque côté à négocier.

Cette approche timorée du pouvoir illustre une tendance inquiétante de notre démocratie où les élus se perçoivent de plus en plus comme des législateurs et de moins en moins comme des dirigeants.

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Nationalisation

Ce lock-out montre aussi que le transport ferroviaire est trop important pour être laissé au secteur privé.

L’état affligeant du système ferroviaire canadien, en comparaison de ceux de la plupart des pays industrialisés, montre que les compagnies ferroviaires n’ont pas suffisamment investi d’argent dans leurs infrastructures. Pourquoi? Parce que ces compagnies obéissent à une logique de profit immédiat et non pas de bénéfice à long terme.

Bien plus, ces compagnies devraient être nationalisées pour leur portion canadienne. Le CN en particulier devrait être racheté à un prix inférieur à celui de sa privatisation, étant donné que son réseau n’a pas été correctement entretenu.

Il n’existe aucune bonne raison pour que les compagnies de chemin de fer soient privées, pas plus que les routes ne devraient être des propriétés privées, en général.

Le lock-out décidé par les compagnies ferroviaires plaide en ce sens.

Le CN et le CPKC devraient être lourdement mis à l’amende pour les torts qu’ils infligent à l’économie canadienne. Au point possiblement de les mettre en faillite. Ces compagnies se comportent comme si elles étaient au-dessus des lois et au-dessus des intérêts des Canadiens. Il est plus que temps de leur faire comprendre qui mène.

Si l’option de la privatisation fait trop peur à certains, en particulier pour des raisons idéologiques, alors, minimalement, une réglementation très dure devrait être imposée à ces compagnies, au nom de la sécurité nationale.

Si nos élus sont trop pleutres ou trop engagés dans de la petite politique pour faire cela, il est temps de les changer.

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