EN IMAGES | Bombardements soutenus sur Severodonetsk, dans le Donbass
Agence France-Presse
Severodonetsk, la ville la plus à l'est tenue par l'armée ukrainienne, a été mercredi la cible de bombardements soutenus, a constaté une équipe de l'AFP qui a vu un bâtiment en feu, tandis que de rares civils étaient visibles dans les rues.
Certains habitants se risquaient à sortir quand les bombardements s'interrompaient quelques minutes, avant de se mettre à couvert quand les frappes reprenaient.
«Nous n'avons nulle part où aller, ça fait des jours que c'est comme ça», a commenté l'un d'eux, Volodymyr, 38 ans, devant le spectacle du bâtiment en flammes de l'autre côté de la rue. «Je ne sais pas pour qui est cette guerre, mais nous, nous sommes là sous les bombes...»
Quoique plus active, la ligne de front ne semble cependant pas avoir bougé de façon significative ces dernières heures et est toujours située à la périphérie nord de Severodonetsk. Les affrontements de ce jour semblaient se limiter à des échanges d'artillerie.
Un paysage de désolation
Plus tard dans la journée, Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, dont Severodonetsk est la capitale, a annoncé sur Telegram que ces frappes avaient au total touché dix immeubles, un centre commercial et des garages avoisinants, provoquant un incendie.
«Ce ne sont en aucune façon des installations stratégiques ou militaires», a-t-il dénoncé, soulignant que le nombre des victimes était «actuellement en cours d'évaluation».
Severodonetsk, plus de 100.000 habitants avant la guerre, est proche de la ligne de front avec les territoires séparatistes prorusses.
Avec la localité jumelle de Lyssytchank, ce sont deux cités industrielles parsemées d'usines coiffées de cheminées en briques, de hauts fourneaux et autres entrepôts, au cœur du bassin minier du Donbass qui fit la fierté et une partie de la force économique de l'ex-URSS.
La quasi-totalité des établissements industriels sont fermés depuis des années et ces agglomérations aux cités ouvrières mêlées aux terrils des mines désaffectées, sont plongées dans la misère, avec des routes défoncées et des bâtiments de l'ère communiste délabrés.
Les dégâts causés par les bombardements assombrissent encore davantage ce paysage de désolation, dans une ville fantôme où sont dissimulés de nombreux militaires ukrainiens, notamment dans les usines abandonnées.
«Ça peut tomber à tout moment»
Plusieurs volutes noires étaient visibles au-dessus de Severodonetsk, au rythme des salves de roquettes s'abattant ici et là.
«Les gens passent la nuit dans leur cave ou leur abri, dans les moments de calme, ils sortent se ravitailler, mais ça peut tomber à tout moment», a expliqué un de ses habitants, réfugié avec une quarantaine d'autres personnes dans le bunker datant des années 70 installé au milieu d'une cité ouvrière.
«Il y avait une quinzaine d'usines ici, quatre mines. Plus rien ne fonctionne, tout est à l'arrêt, tout est en ruine. A quoi ça nous a servi d'avoir l'indépendance de l'Ukraine ?», peste une mère de famille dans ce même bunker.
«Il n'y plus rien depuis des années dans cette ville. Que du chômage. Il n'y a qu'une chose à faire, partir à l'étranger, d'ailleurs presque tout le monde est déjà parti en Russie», a-t-elle déploré. «Maintenant, avec la guerre, nos misérables pensions de retraite ne sont même plus payées».
L'armée russe a dit ces derniers jours concentrer ses efforts sur l'est de l'Ukraine.
Kyïv a appelé mercredi les habitants de ces régions, dont ceux de Severodonetsk, à les évacuer «maintenant» sous peine de se retrouver coincés dans les combats dans les prochains jours.
Au moins deux cars affrétés par les autorités ont évacué le jour même quelques dizaines de personnes, pour l'essentiel, âgées.
Un convoi humanitaire de l'ONU composé de huit camions a pu atteindre Severodonetsk mardi, apportant des rations alimentaires, de la farine et des couvertures pour quelque 17 000 personnes, ainsi que quatre générateurs électriques pour les hôpitaux.
«L'est de l'Ukraine continue de subir l'intensification des combats, avec des milliers de personnes privées de gaz et d'eau et des habitations touchées à plusieurs reprises par des frappes à Severodonetsk», a déploré le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Une personne a été tuée mardi et cinq blessées dans un bombardement sur la ville voisine de Roubijné, selon le gouverneur Gaïdaï.