«Ils sont mieux de se déniaiser...»
Louis-André Larivière
Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Ainsi va le proverbe populaire. Et si Martin St-Louis est embauché pour un jour être congédié, il n’en demeure pas moins qu’il a hérité du poste d’un ami de longue date.
Il ne s’en est pas caché d’ailleurs. Lors de la mêlée de presse de jeudi, déclarant qu’il «trouve ça difficile qu’à mon premier emploi dans la LNH, je prends le boulot d’un chum» et qualifiant de «circonstance délicate» cette situation.
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Ami de longue date de St-Louis et de Dominique Ducharme, Éric Perrin a contacté celui qui a subi le couperet lorsque l’annonce du congédiement est tombée.
«Je trouve ça poche, a-t-il fait savoir dans le franc-parler qui décrit l’homme. Je lui ai écrit. Je ne trouve pas qu’il a eu beaucoup d’aide. Qu’est-ce que tu veux faire avec les éléments qu’il avait sous la main? Je trouve qu’il a été laissé seul sur une île.»
Perrin, St-Louis et Ducharme ont joué ensemble dans les rangs de l'Université du Vermont de 1993 à 1995. Lors de ces deux campagnes, ils étaient les trois meilleurs pointeurs de l'équipe. L'amitié qu'ils ont forgée perdure à ce jour.
«Je me sentais vraiment mal pour lui. Oui, il a connu beaucoup de succès, l’été passé et les Canadiens sont rentrés de justesse en séries. Mais il n’y a pas eu gros changements, pas de gardien numéro 1... à un moment donné, tu ne peux pas regarder le coach. Ce n’est pas de la faute a Dominique du tout.
«Il a amené cette équipe en finale, ce n’était pas évident. Je me sentais mal pour lui, il ne méritait pas ça. Je sais qu’il y a du monde qui va juste regarder ça. Il a beaucoup à offrir et il a connu du succès partout. Ça ne lui a pas toujours été donné. Il a construit ses affaires et il a tellement de potentiel. J’espère qu’il aboutira quelque part où on va lui donner une chance.»
Perrin s’explique mal comment certains vétérans n’ont pu montrer l’exemple ou le droit chemin. Selon lui, l’inertie de certains leaders a pesé lourd dans la balance lorsqu’on regarde les insuccès des Canadiens, cette saison.
«C’est la nature humaine des fois et tu vois vraiment le vrai caractère des joueurs dans ces scénarios-là. Tu te fais assez bien payer. Juste pour ça, as-tu vraiment besoin d’une plus grosse motivation? Tu es sur la plus grande scène de hockey au monde, pis tu gagnes beaucoup d’argent.
«Je serais très gêné de l’effort que certains ont offert cette année. Je me disais ‘tu me niaises’? Tu vois qu’il y a un changement de gestionnaires et que Marc et parti. Tout le monde sait qu’ils allaient changer le coach. Dom allait payer le prix no ‘matter what’, car c’est comme ça que ça marche.
«J’étais gêné de l’effort et du manque de leadership. T’as pas de gars qui se lèvent, personne pour aider le coach. Il manquait plein de joueurs. On dirait que la COVID avait juste frappé le Canadien.»
Partisan de la Sainte-Flanelle lorsqu'il était jeune, Perrin croit tout simplement que certains ne réalisent pas l’importance que revêt le logo du Club de hockey Canadien sur leur maillot.
«Il n’y a pas de fierté avec le CH. Oui j’ai grandi là-bas, mais le Canadien est un des plus gros clubs (de l’histoire) du hockey!»
Ses pensées reflètent-elles celles du nouvel instructeur en chef?
«Tu veux donner une chance à tout le monde. On n'est pas niaiseux. Je suis sûr que Martin a observé et il a dû voir tel ou tel joueur qui ne se donnait pas. Ils sont mieux de se déniaiser...»