«Il y a un parfum de loi spéciale»
TVA Nouvelles
Alors que les négociations du secteur public s’éternisent, l’ancienne présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) est d’avis que cette impasse se terminera par l’adoption d’une loi spéciale par le gouvernement.
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Dans le segment «Le Billet de Régine» à l’émission «Le Bilan», Mme Laurent estime que cette impasse risque de perdurer, ce qui pourrait pousser le gouvernement à y avoir recours.
«Je le dis ce soir, une loi spéciale, ça sent ça, dit-elle. J’espère me tromper, mais il y a un parfum de loi spéciale.»
«La présidente du Conseil du Trésor ne cesse avec précision depuis des semaines de dire publiquement qu’une offre a été déposée et qu’une réponse est attendue de la part des syndicats, ajoute-t-elle. Ça ressemble à une équipe qui monte un dossier pour passer le test des tribunaux, pour prouver qu’ils ont négocié de bonne foi et qu’ils ont été obligés d’adopter une loi spéciale.»
Le fait que la CAQ soit en chute libre dans les sondages n’est pas étranger à cette théorie.
«Le gouvernement n’a plus rien à perdre, car il continue de baisser dans les intentions de vote, avance-t-elle. Tant qu’à faire, il passe la loi spéciale [...] et il se dit qu’au retour des Fêtes, il pourra passer à autre chose. C’est pour ça que je dis que ça sent la loi spéciale.»
Mme Laurent en arrive à cette conclusion en raison du gouffre au niveau des demandes des deux parties.
«Les syndicats ont un rapport de force que j’ai rarement vu depuis des années. Ils ont l’appui de la population, soutient-elle. En ce moment, il y a aussi un gouvernement impopulaire.»
«Noël arrive et je ne connais aucun gouvernement qui va vouloir que les discussions des 500 000 employés et leurs familles autour de la dinde, des patates et des atocas se fassent autour de la colère envers le gouvernement», renchérit-elle.
Elle s’est dite très surprise des propos de François Legault de jeudi matin, qui a affirmé que «ce n’est pas normal que nos réseaux soient gérés par les syndicats plutôt que par les gestionnaires».
«J’ai rigolé, confie-t-elle. Les enseignantes et les infirmières ont été heureuses d’apprendre que ce sont elles et leurs syndicats qui gèrent ces deux réseaux. Je comprends que pour le premier ministre c’est une bonne ligne de coms comme on dit. Mais tout le monde sait que ce n’est pas ça la vraie vie.»
L’ancienne présidente de la FIQ rappelle que le gouvernement Charest avait, au début des années 2000, passé une loi pour décentraliser les conventions collectives des employés du secteur public pour déléguer plusieurs éléments liés aux négociations au niveau local.
«Là, on arrive en 2023, 20 ans plus tard, et le gouvernement veut recentraliser la convention collective, explique-t-elle. Je vous le dis, les syndicats ont des raisons historiques de craindre d’ouvrir la porte à la mobilité du personnel, ce que le gouvernement appelle souplesse et flexibilité.»
Cela expliquerait donc l’impasse selon Mme Laurent, qui dit cependant toujours espérer que le syndicat et le gouvernement puissent en arriver à une entente prochainement.
«Malgré tout, je tiens à dire que je garde espoir pour les employés qui sont sur le plancher, parce qu’une entente négociée est toujours mieux que de se faire imposer ses conditions de travail», mentionne-t-elle.
Voyez le «Billet de Régine» dans la vidéo ci-dessus