Il y a un an: un dôme de chaleur faisait 526 morts en Colombie-Britannique
Élizabeth Ménard
Il y a un an aujourd’hui, un dôme de chaleur recouvrait la Colombie-Britannique, tuant 526 personnes et enflammant le village de Lytton. Cette catastrophe, «presque impossible» sans les changements climatiques, «peut et va se reproduire», avait prévenu le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
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28 juin 2021: le village de Lytton enregistre un record de chaleur. Il fait 47,5 °C dans ce petit village de l’Ouest canadien, la température la plus élevée jamais enregistrée au pays. Dès le lendemain, ce record est battu. Le mercure atteint 49,6 °C. Cette journée-là, il fait plus chaud à Lytton que dans la vallée de la Mort. Vingt-quatre heures plus tard, les 250 habitants du village étaient évacués en catastrophe avant que celui-ci ne soit complètement rasé par les flammes.
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Cette chaleur extrême est due à un dôme de chaleur: de hautes pressions emprisonnent l’air chaud dans la région.
«Presque impossible» sans les changements climatiques
L’intensité de ce «dôme de chaleur» est «tellement rare, statistiquement, qu’on pourrait ne s’y attendre qu’une fois tous les quelques milliers d’années en moyenne», ont écrit les spécialistes météo du Washington Post. «Mais le changement climatique provoqué par les humains a rendu ce type d’événements exceptionnels plus probables.»
C’est ce qu'a conclu quelques jours plus tard un regroupement de scientifiques, la World Weather Attribution. Les changements climatiques auraient multiplié par au moins 150 la probabilité que ce phénomène se produise.
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«Il n’y a aucun doute, le changement climatique a joué un rôle majeur», affirme l’une des auteures de l’étude, Friederike Otto, de l’Université d’Oxford, lors d’un point presse.
Au terme de ce dôme de chaleur, 526 personnes sont mortes en Colombie-Britannique. À ce jour, Lytton n’a toujours pas été reconstruit.
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«Au Canada, il y avait une ville qui s’appelait Lytton. Je dis bien il y avait, puisqu’elle a été réduite en cendres. [...] De combien d’autres signes avons-nous besoin?» a-t-il lancé à ses pairs, les invitant à rehausser leurs ambitions.
Un avertissement de chaleur est d’ailleurs en vigueur cette semaine, jusqu’à samedi, dans certaines régions de la Colombie-Britannique où les températures pourraient avoisiner les 35 °C.
La chaleur tue
Chaque année, 5 millions de personnes meurent dans le monde à cause des températures extrêmes, chaudes ou froides, a révélé une étude publiée dans The Lancet Planetary Health en juillet dernier.
Même si le froid a fait plus de victimes que la chaleur au cours des 20 dernières années, le nombre de morts associées à des températures élevées a augmenté dans toutes les régions étudiées par les chercheurs de 2000 à 2019.
En raison des changements climatiques et du réchauffement de la planète, le nombre de morts associées à la chaleur devrait d’ailleurs continuer d’augmenter dans le futur.
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Le Québec ne fait pas exception, prévient le Dr David Kaiser, chef médical de l’équipe Environnements urbains et santé des populations à la Direction de santé publique (DSP) de Montréal.
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«Jusqu’à maintenant, Montréal est assez choyé. On a un climat qui est assez bénin, souligne-t-il. Ceci dit, on voit aussi que, d’ici 2030, ça va changer, et c’est déjà en train de changer rapidement. Ça fait deux, trois années de suite qu’on a ces périodes de chaleur inhabituelles en mai. Toutes les modélisations nous disent qu’on va avoir beaucoup plus de journées chaudes et plus de vagues de chaleur. On voit venir les impacts grandissants avec les changements climatiques et ça fait qu’on a vraiment du travail à faire pour prévenir. On ne va pas pouvoir gérer cinq canicules par année de la même façon qu’on le fait aujourd’hui si on ne change pas l’environnement dans lequel on vit pour prévenir les impacts à la base.»
La solution passera donc inévitablement par un grand changement environnemental et encore plus de prévention.
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«L’approche de mesures d’urgence est utile afin de prévenir des décès pendant les canicules, mais, si on veut réduire le fardeau global lié à la chaleur, il faut implanter des mesures qui permettent de protéger la population tout au long de l’été», conclut-il.