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L'article provient de TVA Sports
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Il va énormément me manquer

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Photo portrait de Louis Jean

Louis Jean

2022-04-16T17:24:55Z
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Depuis des semaines, je savais que ce jour viendrait. J’essayais de rester positif. Je souhaitais un miracle ou que les dieux du hockey interviennent. 

Il n’y a pas eu de miracle. Il n’y a pas eu d’intervention divine. 

Après avoir livré un furieux combat contre la maladie, Mike Bossy s’est éteint jeudi des suites d’un cancer aux poumons. Il avait 65 ans.

C’est triste. Ça fait mal. C’est difficile à comprendre et à accepter. En écoutant l’hommage que le Canadien a rendu à l’ancien membre du Temple de la Renommée avant le match face aux... Islanders de New York, j’ai versé une larme. Plusieurs, même.

Je n’étais pas le meilleur ami de Mike et je ne prétendrai pas l’être. En partant, mon idole de jeunesse était Wayne Gretzky. Lorsque Mike a appris mon admiration pour «La Merveille» il y a quelques années, il y a eu un froid entre nous. Heureusement, nous avons réussi à passer par-dessus! Je blague évidemment. En fait, je dis que je blague, mais j’ai quand même vu le compétiteur en Bossy qui n’acceptait pas de terminer deuxième, encore moins contre «The Great One». 

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Je connaissais la carrière de Bossy. Les exploits. Les records. La moyenne de but par match qui n’a jamais été égalée, soit dit en passant. La dynastie. Mais Mike était tellement «low profile» qu’on oubliait qu’on avait affaire à une légende, à un monument.

Au fil du temps, j’ai appris à connaître l’homme, le père, l’époux et le grand-père. 

Soudainement, mon coeur vacillait. J’aimais autant Gretzky, mais Bossy prenant de plus en plus de place. À un point tel, que j’ai acheté son chandail. J’ai très peu de souvenirs ou de pièces de collection, mais c’en est une que je chéris et qui a une grande valeur pour moi.

Un dernier rendez-vous 

Vers la fin du mois de février, Mike a invité quelques-uns de mes collègues à son domicile de Rosemère. Dave Morissette, Éric Fichaud, Michel Godbout et moi-même avons passé des moments inoubliables ensemble. 

Mike tenait à nous informer de son état de santé et qu’il avait arrêté les traitements de chimiothérapie. Il était amaigri, mais avait encore le même sens de l’humour. Il était très lucide et conscient que cette maladie qui faisait rage en lui était agressive et progressait. Tout ce qu’il souhaitait, c’était de passer un peu plus de temps avec ses proches. Je ne savais pas à quoi m’attendre pour cette rencontre. Je craignais le pire. Alors pour détendre l’atmosphère, je me suis présenté avec le chandail de Bossy sur le dos. Je lui ai dit que c’était mon pyjama et que je le portais tous les soirs. Nous avons ri parce qu’en réalité, l’idée qu’il puisse nous quitter me donnait le goût de pleurer.

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D’ailleurs, ce chandail, je l’ai acheté lors d’un voyage père-fils avec mes deux garçons Mathias et Nicolas juste avant la pandémie. Nous sommes allés à New York pour une fin de semaine. C’était la première fois qu’on faisait un voyage impliquant juste «les boys». Mike m’avait obtenu d’excellents billets. On avait été traités comme des rois. Les gars me parlent encore à ce jour de ce weekend mémorable. Le grand coeur et l’énorme générosité de Mike m’avaient profondément touché. Il livrait de plus en plus une chaude lutte au 99!

Louis Jean / TVA Sports
Louis Jean / TVA Sports

Avec du recul, mon appréciation de ce voyage a changé. Mike était vraiment un homme de famille. Tout ce qu’il faisait, il le faisait pour Lucie son épouse, Tanya et Josiane ses filles ainsi qu’Alexe et Gabrielle ses deux petites-filles. Il ne disait pas seulement que la famille était importante pour lui, il le démontrait par ses actions au quotidien. Ce n’est pas compliqué, Mike vivait pour sa famille. C’est une leçon de vie que je n’oublierai jamais. Une parmi tant d’autres d’ailleurs.

Mike parlait avec tant d’admiration de Lucie. Je trouvais ça tellement beau quand elle lui textait régulièrement ses impressions après ses interventions à TVA Sports. Son opinion comptait plus que toutes autres. On dit que derrière tout grand homme, se cache une femme. C’est vrai qu’il s’agissait d’un grand homme. Mais cette femme qui a toujours été dans l’ombre, elle était exceptionnelle aussi. Elle était forte et courageuse. J’ai pu le constater au cours des dernières semaines. Elle était le roc qui supportait Mike dans toutes ses aventures. Elle était aimée et admirée par son époux. Les yeux de Mike s’illuminaient lorsque Lucie entrait dans la pièce. C’était touchant de les voir ensemble. Vraiment!

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Le courage de ses opinions 

Je retiens aussi à quel point Mike était un homme intègre. Il avait des opinions et il n’avait pas peur de les partager. Il ne craignait pas de nager à contre-courant même s’il allait s’attirer les foudres et la critique. Quand il croyait en quelque chose, il le disait coûte que coûte. Dans cette ère où l’on doit être «politically correct», Bossy n’avait pas peur de dire les vraies choses.

Malgré la maladie, Mike s’informait toujours des autres. Certaines de nos discussions au cours des dernières semaines resteront gravées à tout jamais dans ma mémoire. En fait, c’est ce que je retiendrai de mes nombreuses années à partager l’antenne avec Mike. À chaque visite, je voulais qu’il sache combien il était aimé. Je voulais qu’il sache qu’on (toute l’équipe de TVA Sports) était là pour lui et pensait à lui. 

Je pense qu’il appréciait les visites, mais de façon un peu égoïste, je crois que c’est moi qui en retirais le plus grand bien. On parlait vrai. Il n’y avait presque pas de barrières ou de retenue ou de discussions en surface. Nous avons pleuré ensemble. Il m’a fait réaliser à quel point il faut saisir chaque moment, à quel point la vie est fragile. Il ne faut pas tout remettre à demain. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Je le savais, mais je l’ai réalisé davantage au cours des dernières semaines. Il faut éliminer le plus possible le faux, l’artificiel.

L’un des plus grands privilèges dans ma carrière aura été de travailler avec Mike. L’un des plus grands privilèges dans ma vie aura été de le considérer un ami.

Mike était un hockeyeur d’exception, mais ce n’est rien comparé à l’homme qu’il était. Mike était authentique. Mike était vrai. Mike avait un coeur en or. Mike m’a tant appris. Si j’ai un regret, c’est que je ne lui ai pas assez partagé à quel point il était exceptionnel et spécial. Mike a touché tant de vies. Il va énormément me manquer. Il ne sera jamais oublié. Je t’aime Mike. Repose en paix cher ami.

AFP
AFP

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