Le couvre-feu peut être efficace... à certaines conditions
Roxane Trudel
Le couvre-feu est un outil efficace, mais il doit absolument être combiné à d’autres mesures pour faire face à la hausse fulgurante des cas provoquée par le variant Omicron, au risque d’être « dans le trouble » très rapidement, estiment des experts.
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« Ce n’est pas juste un couvre-feu qui est nécessaire en état d’urgence comme le nôtre. On doit parler d’un confinement avec [...] d’autres mesures, on sait que ça peut être efficace », estime le Dr Donald Vinh, infectiologue au CUSM.
Le gouvernement a annoncé jeudi le retour d’un couvre-feu dans toute la province. Sans être surpris, les experts estiment que la mesure « draconienne » s’impose vu la situation sanitaire « extrême ».
« Le couvre-feu limite les gens dans une période de temps où ils se rassemblent. Plus on diminue les contacts, plus on a de chances de diminuer la contamination », explique Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
C’est une mesure adaptée à la situation, « mais ça prendra certainement plus que ça », ajoute Christian Jacob, président de l’Association des microbiologistes du Québec.
Haut du palmarès
Car malgré toutes les restrictions déjà en place, le Québec figure toujours en haut du palmarès des provinces canadiennes avec le plus de cas et d’hospitalisations.
« On est vraiment dans le trouble. On a besoin de casser la transmission communautaire [...]. On est à 130 lits de notre capacité. On va déborder dans peut-être moins d’une semaine », prévient le Dr Vinh.
Cette situation s’explique par une panoplie de facteurs, dont le relâchement des mesures en novembre, la protection des vaccins qui diminue avec le temps et le manque d’adhésion aux mesures chez certaines tranches d’âge, énumère-t-il.
Recette parfaite
« Dans un contexte où la population fait face à un variant beaucoup plus transmissible, on parle d’une recette parfaite. Malheureusement, ce n’est pas un gâteau que j’aime goûter », déplore-t-il.
Le Québec a aussi été lent à réaliser la présence du variant, si bien que le virus a eu le temps de faire croître la courbe.
« L’Ontario a mis des mesures en place plus rapidement, mais s’ils ne mettent pas aussi des mesures drastiques, ils vont se retrouver comme nous dans deux semaines », compare Christian Jacob.
Sauf que la province de l’Ontario a l’avantage d’être beaucoup plus avancée que le Québec dans sa campagne de vaccination, si bien qu’on y a annoncé jeudi l’ouverture d’une quatrième dose pour les aînés.
D’autres pays ont déjà instauré un couvre-feu, comme en Irlande, en Inde et au Rwanda.
— Avec Camille Payant