Ukraine: «Il n’y a plus de ville sûre ici»
Agence France-Presse
De nouvelles villes se sont réveillées dans des ruines fumantes vendredi alors que la Russie a encore étendu ses frappes et augmenté sa pression sur les grands centres tenus en joue.
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Dorénavant, « il n’y a plus de ville sûre ici ». C’est ce qu’a confié vendredi à la BBC Inna Sovsun, élue du Parlement ukrainien, en implorant « le monde d’intervenir ».
Ajoutant son cortège d’images de désolation à celles de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine, de Marioupol, au sud-est, et d’Irpin, à côté de Kyïv, la ville de Dnipro, à l’est, s’est réveillée hébétée, dans un décor de bâtiments calcinés et éventrés vendredi.
En matinée, des missiles ont frappé près d’une garderie, un bloc d’appartements et une usine à chaussures, causant la mort d’au moins une personne. Depuis le début de l’invasion, cette ville clé qui permettrait aux Russes de revendiquer l’est du pays avait pourtant été épargnée.
Mouvements de chars
« Incapable d’obtenir un succès, l’ennemi continue ses attaques à l’aide de missiles et de bombes sur les villes situées profondément dans le territoire de l’Ukraine », a déclaré vendredi l’armée ukrainienne.
Mais après plusieurs jours d’immobilité, le convoi de chars d’assaut et d’artillerie russe de plus de 60 km, qui patientait aux frontières de la capitale, s’est dissous pour se regrouper ailleurs, selon des images satellites. Plusieurs d’entre eux ont quitté la route pour se cacher dans le bois, et ainsi éviter des attaques par drones ou par missiles antichars ukrainiens.
Dans plusieurs localités voisines de Kyïv, les forces russes cherchent à éliminer les défenses pour encercler et « bloquer » la capitale, selon l’état-major ukrainien.
« Kyïv est un symbole de la résistance » qui se prépare à une « défense acharnée », a proclamé Mykhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien.
La pression s’est aussi intensifiée à Mykolaiv, où la Russie a ouvert le feu sur des zones civiles, dont un café, une maison et le stationnement d’un centre commercial, selon le New York Times. À la morgue, les cadavres s’entassent depuis des jours.
Un maire enlevé
Refusant de collaborer, Ivan Fedorov, maire de la ville de Melitopol, au sud, a été enlevé, selon le Parlement ukrainien.
Et après l’attaque d’un hôpital pédiatrique, mercredi à Marioupol, un établissement pour personnes handicapées près de Kharkiv a été atteint vendredi par une frappe.
Jusqu’à présent, l’invasion russe a coûté la vie à plus de civils que de soldats, a déploré vendredi à l’agence de presse Reuters le ministre de la Défense ukrainienne, Oleksii Reznikov.
L’armée russe devrait redémarrer son offensive prochainement, après sa progression modérée des derniers jours, estime le ministère britannique de la Défense.
Les sanctions qui ont été imposées ne sont « pas assez » si la Russie peut poursuivre sa campagne, a martelé vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Il a demandé aux mères de soldats russes d’empêcher leurs fils d’aller à la guerre.
Son homologue russe, Vladimir Poutine, a par ailleurs donné son feu vert à l’envoi de combattants « volontaires », notamment en provenance de la Syrie.
Environ 2,5 millions de réfugiés ont fui le pays, et environ 2 millions ont été déplacés dans le pays, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
– Avec Roxane Trudel