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Environnement

Il n’y a plus de doute: le réchauffement climatique responsable des canicules à répétition

AFP
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Agence France Presse

2022-07-18T16:00:27Z
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Plus chaud, plus souvent, plus tôt et plus tard. La multiplication des canicules – comme celle qui s’abat actuellement sur une bonne partie de l’Europe occidentale ou celle qui a frappé l’Inde en mars et en avril – est un signe indubitable du changement climatique, expliquent les scientifiques.

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Mondialement, les années qui suivent 2015 ont été les plus chaudes à avoir été enregistrées. Et les canicules ponctuelles se multiplient partout sur le globe, avec leur cortège de conséquences désastreuses comme des sécheresses, des incendies et, bien sûr, des pertes en vies humaines.

Responsabilité

«Chaque vague de chaleur que nous connaissons a été rendue plus chaude et plus fréquente en raison du changement climatique causé par l’homme», résume Friederike Otto, du Grantham Institute à l’Imperial College de Londres.

«C’est de la physique pure: nous savons comment se comportent les molécules de gaz à effet de serre, nous savons qu’il y en a plus dans l’atmosphère, que l’atmosphère se réchauffe, ce qui signifie que nous nous attendons à voir des canicules plus fréquentes et plus chaudes, ainsi que des vagues de froid moins fréquentes et plus douces», explique lors d’un briefing en ligne cette spécialiste de «l’attribution» des événements extrêmes au changement climatique.

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Un homme se rafraîchit grâce à l'un des boyaux d'arrosage installés par la ville de Cologne, en Allemagne, pour faire face à une vague de chaleur.
Un homme se rafraîchit grâce à l'un des boyaux d'arrosage installés par la ville de Cologne, en Allemagne, pour faire face à une vague de chaleur. AFP

Cette branche en pleine expansion de la science climatique a ainsi calculé que la vague de chaleur d’une intensité et d’une précocité inédite qui s’est abattue en mars-avril sur l’Inde et le Pakistan a été rendue 30 fois plus probable par le changement climatique.

On ajoute que la canicule extraordinaire au Canada en juin 2021, qui a fait plus de 500 morts sous des températures frôlant les 50 °C, aurait été «presque impossible» sans le changement climatique, et que le réchauffement avait rajouté jusqu’à 3 °C à la très forte canicule estivale en Europe en 2019.

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«L’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité de ces événements [caniculaires] des dernières décennies est clairement liée au réchauffement observé de la planète et peut être attribuée à l’activité humaine», abondait lundi l’Organisation mondiale de la météo, dans un commentaire sur les chaleurs extrêmes en Europe occidentale.

Pire à venir

Et ce n’est pas fini. Selon les experts sur le climat de l’ONU, les canicules extrêmes auraient 4,1 fois plus de «chances» d’intervenir à +1,5 °C de réchauffement moyen de la planète par rapport à l’ère préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.

Elles seraient 5,6 fois plus probables à +2 C° et 9,4 fois plus à +4 °C. Pour les pics de chaleur encore plus intenses et plus rares, les chiffres passent à 8,6 fois plus à +1,5 °C, 13,9 fois à +2 °C et... 39,2 fois à +4 °C!

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Or la planète a gagné près de 1,2 °C environ depuis la révolution industrielle et, selon l’ONU, les engagements actuels des États, s’ils étaient respectés, mèneraient vers un réchauffement «catastrophique» de +2,7 °C.

L'Espagne a enregistré des températures dépassant les 40 degrés alors que le pays traverse une période caniculaire.
L'Espagne a enregistré des températures dépassant les 40 degrés alors que le pays traverse une période caniculaire. AFP

Le cycle climatique s’en trouve déjà ainsi profondément modifié, comme le souligne Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France, qui relève que les canicules qui se multiplient dans le pays – déjà deux cette année – seraient moins intenses de 1,5 °C à 3 °C sans l’effet du changement climatique. 

«Nous allons vers des étés de plus en plus chauds, où 35 °C devient la norme, alors que 40 °C sera régulièrement atteint», ajoute-t-il.

Conséquences sur les humains

Les humains seront de plus en plus affectés par ces chaleurs, qui peuvent être mortelles: 14% des humains seraient exposés aux conséquences du réchauffement au moins une fois tous les cinq ans à +1,5 °C, mais 37% à +2 °C, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Or, «partout dans le monde où nous avons des données, il y a une hausse du risque de mortalité quand nous sommes exposés à des températures élevées. [...] Et plus ces températures deviennent extrêmes et plus le risque est élevé», prévient Eunice Lo, de l’Institut Cabot pour l’environnement de l’Université de Bristol.

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Et «ce ne sont pas que les personnes vulnérables qui risquent des impacts sur la santé, même les personnes en bonne forme et en bonne santé deviennent à risque», souligne la spécialiste.

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Jusqu’à pouvoir mourir, notamment, de l’effet du «thermomètre mouillé», quand l’humidité contenue dans l’air chaud empêche le corps de suer et donc d’évacuer sa propre chaleur.

Des effets dévastateurs pour l’environnement

Les effets sont également dévastateurs pour l’environnement avec des canicules qui renforcent les sécheresses et des terrains favorables aux incendies, comme ceux qui ravagent en ce moment la France, le Portugal, l'Espagne, la Grèce et le Maroc.  

La Commission européenne prévient d’ailleurs qu’actuellement, environ la moitié du territoire de l’Union européenne est aux prises avec un risque de sécheresse en raison de l’absence prolongée de précipitations. 

Environ 46% du territoire de l’UE est exposé à des niveaux de sécheresse dits «d’avertissement», c’est-à-dire enregistrant un déficit important d’humidité au sol, a-t-elle précisé, en s’appuyant sur un rapport du Joint Research Committee (JRC), le service de recherches scientifiques de la Commission.

Des centaines de pompiers s'affairent toujours à éteindre deux feux de forêt qui brûlent toujours dans le sud-ouest de la France et qui ont consumé près de 11 000 hectares en une semaine.
Des centaines de pompiers s'affairent toujours à éteindre deux feux de forêt qui brûlent toujours dans le sud-ouest de la France et qui ont consumé près de 11 000 hectares en une semaine. AFP

Et 11% sont d’ores et déjà en état d’alerte, avec une végétation et des cultures gravement affaiblies par le manque d’eau.

«La France, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal et l’Italie devront probablement faire face à la baisse du rendement des cultures», notamment de céréales, générée par «le stress hydrique et thermique», souligne l’exécutif européen.

Ils peuvent aussi menacer l’alimentation humaine. Frappée par la canicule, l’Inde, deuxième producteur mondial de blé, a imposé un embargo temporaire sur l’exportation de cette céréale, renforçant la crise déclenchée par l’invasion russe en Ukraine.

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