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Culture

«Suspect numéro un»: Antoine Olivier Pilon entame sa carrière internationale

TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI
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Photo portrait de Maxime Demers

Maxime Demers

2020-07-04T22:05:00Z
2023-10-12T23:42:33.407Z
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Habitué jusqu’ici aux rôles d’ados, Antoine Olivier Pilon franchit un nouveau cap dans sa carrière en se glissant dans la peau d’un ex-junkie incarcéré par erreur en Thaïlande dans le thriller politique Suspect numéro un. Dans ce film inspiré d’une histoire vraie, le jeune acteur surdoué endosse non seulement son premier vrai personnage d’adulte, mais il joue aussi pour la première fois en anglais.

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Carburant aux défis depuis le début de sa carrière, Antoine Olivier Pilon aime choisir des rôles qui ne lui ressemblent pas et qui le forcent à sortir de sa zone de confort. Il y a quelques années, après avoir souvent joué des garçons modèles, il n’hésitait pas à plonger dans le personnage complexe et explosif de Steve, un ado atteint d’un TDAH dans le film Mommy de Xavier Dolan. Deux ans plus tard, il nous surprenait encore en interprétant un jeune coureur victime d’intimidation à son école dans le drame 1:54 de Yan England.

À 23 ans, Antoine Olivier Pilon rebondit encore là où on ne l’attendait pas. Dans le thriller Suspect numéro un, le jeune acteur incarne un toxicomane qui est arrêté pour trafic de drogue en Thaïlande après avoir été impliqué malgré lui dans une opération de la GRC qui a mal tourné. Le film s’inspire d’un fait réel vécu par le Québécois Alain Olivier.

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« Tranquillement pas vite, on commence à me prendre de plus en plus en considération pour des personnages plus âgés », indique Antoine Olivier Pilon en ajoutant qu’il jouera aussi un rôle plus mature dans le drame Maria Chapdelaine, qui est présentement en tournage. 

« Je trouve ça le fun. J’ai l’impression de faire le pont entre mon adolescence et le fait d’être un adulte dans ce milieu. Et ça m’ouvre beaucoup plus de possibilités comme acteur. »

Le rôle principal de Suspect numéro un était toutefois loin d’être gagné d’avance pour Antoine Olivier Pilon. Avant de le voir en audition, le réalisateur du film, Daniel Roby (Louis Cyr, Funkytown), était persuadé qu’il serait trop jeune pour le personnage. 

« Je revenais d’un voyage en Tanzanie pour l’émission Partir autrement quand j’ai été appelé pour l’audition, relate l’acteur. Je m’étais rasé les cheveux pour le voyage et le hasard a fait que ça m’a aidé pour le rôle. Quand je suis entré dans la salle, Daniel [Roby] m’a lancé : “Hey, ça te change complètement !” J’étais très stressé parce que d’habitude, quand j’ai une audition en anglais, je vois un coach pour m’aider à me préparer. Sauf que là, je n’avais pas le temps de le faire. Mais en fin de compte, ça s’est super bien passé et j’ai connecté avec Daniel tout de suite. »

Tournage en anglais

Même s’il a quelques répliques en français dans le film, Antoine Olivier Pilon a tourné la grande majorité de ses scènes en anglais. Le Québécois a notamment eu la chance de jouer aux côtés de l’acteur américain Josh Hartnett. Ce dernier incarne dans le film le journaliste Victor Malarek, qui avait levé le voile sur cette erreur judiciaire. 

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« La première scène que j’ai tournée avec Josh, c’était celle où son personnage vient me voir en prison, se souvient l’acteur de Mommy et de Junior Majeur. Au début, ça me stressait un peu de jouer avec quelqu’un de son statut. J’espérais aussi que mon anglais soit à la hauteur. Mais la première séance qu’on a eue ensemble était tellement agréable que ça m’a rassuré. Josh est un gars très terre à terre qui se tient loin du vedettariat américain. »

Antoine Olivier Pilon a aussi pris beaucoup de plaisir à jouer dans des scènes d’action : « Avec ce film, mon envie de faire des cascades et mon besoin de jouer physiquement ont été comblés, lance-t-il en riant. On a eu trois journées de répétitions et de chorégraphies pour une scène de bagarre dans une prison thaïlandaise. Ç’a été super éprouvant, mais je suis super content du résultat. J’ai adoré faire ça. »

Carrière internationale

Antoine Olivier Pilon ne cache pas qu’il aimerait que la sortie de Suspect numéro un puisse servir de tremplin pour sa carrière à l’étranger. Distribué à l’international par le géant Universal, le film doit prendre l’affiche aux États-Unis (et éventuellement ailleurs dans le monde) plus tard cet été. 

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« C’est sûr que j’espère qu’avec ce film, il y a des nouvelles portes qui vont s’ouvrir, admet l’acteur qui a déjà suscité de l’intérêt à l’étranger après la sortie de Mommy, en 2014. J’aime l’idée de travailler dans une autre langue avec des acteurs et des équipes d’autres pays. Mais en même temps, j’adore aussi travailler sur les plateaux de tournage au Québec parce qu’on a chez nous un esprit de famille qu’on retrouve peut-être moins ailleurs. Le plus important pour moi, ça reste de choisir des projets qui me passionnent et pour ça, je fais beaucoup confiance à la vie. » 

Le film Suspect numéro un (Target Number One) prend l’affiche le vendredi 10 juillet. 

 

Inspiré de faits réels 

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Interpréter un rôle inspiré d’une vraie personne est toujours un défi de taille pour un acteur. Pour Suspect numéro un, Antoine Olivier Pilon a eu la chance de pouvoir se préparer en côtoyant l’homme qui a inspiré le personnage qu’il joue dans le film.

Cet homme, c’est Alain Olivier, un ex-toxicomane québécois qui a été condamné à tort en 1991 pour trafic d’héroïne. Olivier, qui a passé plus de huit ans dans une prison thaïlandaise (de 1989 à 1997) a toujours clamé son innocence, disant avoir été piégé par la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) dans une opération qui a mal tourné.    

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Le réalisateur Daniel Roby, qui a travaillé plus de 12 ans sur ce long métrage, a changé le nom du personnage (il s’appelle Daniel Léger dans le film) pour se donner plus de libertés sur le plan dramatique. Mais l’histoire de Suspect numéro un est bel et bien celle d’Alain Olivier et celle du journaliste Victor Malarek, qui a mené une enquête et levé le voile sur cette affaire.

« Ç’a été un grand privilège d’avoir pu rencontrer Alain Olivier et de passer du temps avec lui avant et pendant le tournage du film, indique Antoine Olivier Pilon. Dans la partie du film qui se déroule en Thaïlande, il y a des scènes où mon personnage fume de l’héroïne. Or, je ne savais pas du tout à quoi ça ressemblait, un junkie qui fume de l’héroïne. La seule référence que j’avais, ce sont des scènes du film Trainspotting. Je me suis donc assis avec Alain pour qu’il me donne des détails sur comment ça se passe. Ça m’a beaucoup aidé à apporter de la crédibilité à ces scènes. 

« Alain a été vraiment cool. Pour les portions du film qui ont été tournées à Montréal, il nous a accompagnés sur le plateau et il m’a beaucoup aidé en nous racontant des anecdotes de ce qui s’était passé. »

« Un film important »

En entrevue l’an passé au balado Narcos PQ de QUB Radio, Alain Olivier a dit souhaiter que la sortie de ce film force la justice canadienne à avouer qu’il a été piégé par la GRC. 

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« Le film est super important pour lui, souligne Antoine Olivier Pilon. À cause de cette affaire, Alain Olivier a passé huit ans de sa vie dans une prison en Thaïlande, où l’espérance de vie pour les prisonniers est de seulement six ans. Il m’a raconté des histoires incroyables sur ce qu’il a vécu là-bas. La sortie du film va lui permettre de partager un petit fragment de tout ce qu’il a vécu. Ça doit l’apaiser énormément. 

« Pour moi, c’est aussi un film important parce qu’il montre qu’il y a des erreurs qui se font aussi dans notre système gouvernemental et que des gens peuvent en souffrir. Et cette histoire prouve que la vérité finit toujours par éclater. » 

LE PLAISIR DE RETOURNER AU CINÉMA

Suspect numéro un sera le premier film québécois à prendre l’affiche au grand écran après la réouverture des cinémas. Dans le contexte actuel, il est difficile de prédire si les cinéphiles seront présents en grand nombre dans les salles. Mais Antoine Olivier Pilon se réjouit de pouvoir participer à sa manière à la relance des cinémas.

« Je trouve ça le fun parce que ça nous donne un peu d’espoir dans l’idée de revenir vers une routine plus familière où on peut se permettre d’aller au cinéma pour se changer les idées », dit-il. 

L’acteur se dit convaincu qu’avec les règles imposées par la santé publique, les cinéphiles seront en sécurité dans les salles. Pour l’instant, les cinémas doivent respecter une limite de 50 personnes par salle et imposer une distanciation de 1,5 m entre les spectateurs. « Je crois qu’avec les mesures qui ont été mises en place, ça va quasiment être plus sécuritaire d’aller au cinéma que d’aller à l’épicerie. À mon avis, il n’y a pas de raison d’avoir peur d’aller au cinéma. »

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