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«Iel»,«ael», «em», «im», «ol», «ul»: la petite histoire des néopronoms

Romain TALON - stock.adobe.com
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Photo portrait de Sarah-Florence  Benjamin

Sarah-Florence Benjamin

2023-08-15T17:37:21Z
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«Iel» a beau avoir fait son entrée dans Le Robert en 2022, l’utilisation du pronom neutre demeure contestée. C’est le plus connu des «néopronoms» de la langue française, mais loin d’être le seul. Bien que ces néopronoms soient en majorité utilisés par les personnes trans et non binaires de nos jours, ces pronoms hors-normes ne sont pas une invention récente.  

Outre «iel», il en existe aussi, en français, «ael», «em», «im», «ol», «ul», pour ne nommer que ceux-là. 

Pourquoi certaines personnes utilisent-elles des néopronoms? 

Certaines personnes préfèrent qu’on les désigne par un néopronom plutôt que «il» ou «elle», car ces options ne correspondent pas à leur identité de genre. Par exemple, une personne non binaire, qui ne s’identifie ni au genre masculin ou féminin, peut choisir d’utiliser les pronoms «iel». 

Une autre personne peut ne pas vouloir utiliser «iel», un mélange des pronoms masculin et féminin, mais plutôt «ol», qui ne rappelle aucun des deux. 

Une personne qui se décrirait comme non binaire, mais proche de la féminité pourrait utiliser «em».

Certains préfèrent même ne pas utiliser de pronom de tout, demandant plutôt qu’on les désigne toujours par leur prénom. 

Les options sont infinies, comme il est toujours possible d’inventer des mots. 

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Cela veut-il dire que l’utilisation de néopronoms va devenir obligatoire ou très répandue? 

Pas nécessairement. Il s’agit de quelque chose de très personnel et qui peut changer selon le contexte. Une personne peut décider de ne pas faire part de ses pronoms préférés au travail, mais de demander à ses amis de le désigner par le pronom «ul». 

Ne pas respecter les pronoms de quelqu’un, après que cette personne ait communiqué sa préférence, est considéré comme irrespectueux. C’est pourquoi certains milieux, notamment au travail, encouragent de se présenter en donnant ses pronoms avant de demander ceux de l’interlocuteur. Cela évite également d’assumer les pronoms d’une personne en se fiant seulement à son apparence. 

Quelques exemples 

Iel vient à la maison ce soir. 

Je lea voit demain. 

J’ai confiance en ellui. 

Al mange un muffin. 

Le chandail est à al

Je pense qu’im est en retard. 

Je me fie à im

Ol vit à côté. 

Je vais lo revoir bientôt. 

Ul a une belle chemise. 

Je lu pensais plus âgé·e. 

Lucie revient dans un moment. 

Ce verre appartient à Lucie

Un phénomène qui ne date pas d’hier 

Les néopronoms ne sont-ils qu’une phase, un effet de mode qui attire les jeunes personnes queers, mais qui ne sortira jamais de ce cercle restreint? L’acceptation de plus en plus large du pronom «iel» nous fait croire le contraire. Cependant, ce ne sont pas tous les néopronoms qui resteront dans l’usage. C’est la nature même du langage. 

C’est ce qui est arrivé aux formes plus anciennes de néopronoms, dont certains auraient été inventés il y a plus d’une centaine d’années, selon les recherches du professeur émérite en littérature anglaise à l’université de l’Illinois Dennis Baron, auteur du livre What’s your pronoun? 

Interrogé sur le sujet par CNN, le spécialiste des néopronoms donne des exemples de néopronoms inventés par des auteurs, par exemple, pour désigner quelqu’un dont le genre n’était pas spécifié ou neutre. Certains de ces néopronoms avaient même été ajoutés à certaines éditions du dictionnaire Merriam-Webster, comme c’est le cas du pronom «thon» en 1934. 

Pour ce qui est des néopronoms que l’on entend davantage aujourd’hui, c’est la popularité de leur usage et non l’approbation du dictionnaire qui décidera s’ils intègreront le langage ou si on les oubliera vite. 

Avec les informations de CNN, AlterHéros 

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