Cinq fois où des propriétaires de logements ont fait les manchettes
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Alors que le marché locatif ne cesse de s'emballer et qu'il est de plus en plus difficile de se loger convenablement à un prix raisonnable, certains propriétaires font preuve d'audace pour maximiser leurs revenus locatifs.
Toutefois, les locataires sont de plus en plus conscients de leurs droits et certains mènent de longues batailles pour les faire valoir.
Voici cinq situations où des propriétaires de logements ont fait les manchettes.
Démasqués par leur page Instagram
Comme révélé dans Le Journal mardi, Thierry Mailly-Dominique et Justine Audet, deux investisseurs dans la vingtaine, devront verser 14 500$ à une locataire du Plateau-Mont-Royal évincée de «mauvaise foi».

Alors qu’Audet a repris le logement d’Alexie André-Bélisle sous prétexte que son père y habiterait, la locataire expulsée a découvert sur Instagram que le stratagème du couple relevait plutôt de la spéculation immobilière.

Ils documentaient toutes les rénovations sur leurs réseaux sociaux. Le père d’Audet n’a habité le logement qu’une semaine par mois, pendant une période de cinq mois.
Une hausse 3,5 fois plus élevée que la moyenne
Marie-Jane Albert, qui vit dans un 4 1⁄2 du quartier Saint-Roch, à Québec, a sauvé pas moins de 2500$ depuis juillet 2020 après avoir reçu une augmentation de loyer de 100$.

Brisco immobilier lui a annoncé en février 2020 que son loyer passait de 800$ à 902$, soit une augmentation de 12,5%. Le calcul du loyer par le Tribunal administratif du logement (TAL) proposait une hausse de 3,5% pour ce genre d’appartement à Québec.
Elle a refusé l’augmentation, jugeant qu’un nouveau plancher et l’ajout d’un garde-robe ne justifiaient pas cette hausse. L’entreprise lui a alors proposé une hausse de 46$, qu’elle a également refusée.
Comme les propriétaires n’ont pas ouvert de dossier de fixation du loyer à temps, elle a pu conserver son loyer au prix initial.
«C’est demandant, mais ça vaut la peine de s’opposer aux proprios qui manquent de scrupules et qui voient l’accès à un logement comme une business avant un droit humain», a-t-elle écrit dans une publication Facebook après sa victoire au TAL.
Rénover... ou déménager
En février, TVA Nouvelles rapportait qu’un couple de Montréal avait été confronté à un choix déchirant au moment de renouveler son bail: ils pouvaient déménager ou rénover à leurs frais.
Selon les clauses de renouvellement, ils devront régler eux-mêmes la facture en cas de problèmes d’électricité ou de plomberie, entre autres.
Le propriétaire, le Groupe Hazout, soutient qu’il n’est pas tenu de «s’occuper des réparations locatives».
Or plusieurs avocats interrogés par TVA Nouvelles affirment que c’est bien au propriétaire que revient la responsabilité de l'entretien et des réparations dans leurs immeubles.
90 rénovictions d’un coup?
Il y a un an, les résidents de 90 logements du Manoir Lafontaine, en face du parc Lafontaine, ont reçu un avis d’évacuation temporaire pour des travaux d’une durée minimum de sept mois.

Les 14 étages devaient être libérés à la fin du mois de juin. En échange, le propriétaire Brandon Shiller proposait une indemnité équivalant à trois mois de loyer.
Rapidement, les locataires se sont mobilisés: selon plusieurs, il s’agissait d’un prétexte pour se débarrasser de locataires qui ne payaient pas assez cher de loyer.

Le propriétaire a démenti cette hypothèse, affirmant que personne ne serait évincé.
Mais le Comité logement du Plateau Mont-Royal a vu une situation bien différente sur le terrain.
«Plusieurs devront déménager à deux reprises, et ce n’est pas tout le monde qui a l’énergie ou les ressources pour ça, estime l’organisatrice communautaire Cloé Fortin. On les connaît, ces propriétaires-là, et leur but, c’est de rénover et d’augmenter les loyers.»
Deux mois plus tard, en juin, nous apprenions que l’éviction n’aurait pas lieu à la date prévue, puisqu’une contestation devant le TAL s’organisait.
«On accepte les travaux, mais on refuse les évictions, parce qu’on sait que la tentative de Hillpark, c’est clairement de nous faire partir», a expliqué une résidente de l’immeuble en entrevue à TVA Nouvelles.
Des gros bras pour faire peur aux mauvais payeurs
«On est quatre gars [partenaires d’affaires], dont trois qui font de la gym intense. On est en train de se bâtir une réputation un petit peu plus de durs à cuire.»
C’est ce qu’a lancé, dans un balado, à la fin du mois de novembre, le président de Gestion Immobilière Knock, une entreprise qui possède plus de 25 logements à Shawinigan.
«Sans aller non plus dans l’exagération, on veut [...] que nos locataires nous respectent et qu’[ils] aient un minimum peur de nous», poursuit Frédéric Côté.

La coordonnatrice de l'organisme de défense des locataires InfoLogis Mauricie, Carol-Ann Côté, a dénoncé les propos que tient le jeune propriétaire dans cet extrait qui a été vu plus de 25 000 fois sur TikTok.
Elle soutient que les cas d’intimidation de propriétaires à l’endroit de locataires sont de plus en plus fréquents en Mauricie. Certains propriétaires vont jusqu’à retirer la porte d’entrée de certains logements, dénonce-t-elle.
«On est des jeunes de 20 ans. Personne n’est gros, dans notre gang. Il y a plus de locataires qui pourraient nous faire peur que le contraire [...] C’est pas moi, à 5 pieds 5 pouces, qui ferais peur à quelqu’un», se défend le président du groupe.
– Avec des informations du Journal de Montréal, de TVA Nouvelles et du 24 Heures.