Hydro-Québec a tiré peu de leçons de la crise du verglas de 1998, selon le ministre de la Sécurité publique à l’époque
Pierre Bélanger, ministre de la Sécurité publique à l’époque, critique la société d’État
![Photo portrait de Olivier Faucher](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FOlivier_Faucher8e31ceff-c122-41b9-883c-e86086972dbf_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Olivier Faucher
Privé d’électricité pendant six jours, le ministre de la Sécurité publique durant la crise du verglas de 1998 critique la gestion moins « humaine » d’Hydro-Québec aujourd’hui.
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«J’ai vraiment le sentiment d’être tombé dans le no man’s land d’Hydro-Québec», dénonce Pierre Bélanger, ex-ministre du gouvernement de Lucien Bouchard.
Mercredi dernier, il a perdu le courant dans sa résidence de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal durant la tempête de verglas.
La nuit suivante, un arbre de la ville est tombé sur son terrain, détruisant le mât électrique de sa maison et les fils qui le reliaient au réseau.
Il a ensuite lui-même appelé un électricien pour faire réparer le poteau brisé pour la modique somme de... 4000 $.
Or, six jours après, M. Bélanger n’avait toujours pas retrouvé le courant hier après-midi et on lui aurait maintes fois répondu qu’il est «impossible» de savoir quand son problème serait réglé, alors que sa femme est tombée malade à force de vivre dans le froid malgré sa génératrice.
«Ce serait tellement plus facile à vivre si on sentait qu’on avait une communication constante. Présentement, je me sens complètement coupé d’Hydro-Québec», a-t-il exprimé au Journal.
- Parler à des humains
Lors des premiers jours de la panne, M. Bélanger a tenté en vain de parler «à un humain» chez Hydro-Québec. Chaque fois, on le redirigeait vers le service en ligne Info-pannes, qui lui indiquait à tort que sa panne était réglée.
Exaspéré, l’ex-ministre, qui a dû gérer la Crise du verglas il y a 25 ans, ne mâche pas ses mots contre la société d’État qui, selon lui, aura un «gros post mortem à faire» après cette deuxième crise.
«Je ne trouve pas que les leçons de 1998 ont été tellement apprises», exprime-t-il, parlant entre autres de l’importance que des êtres humains puissent répondre à la population.
«J’ai l’impression qu’il y avait plein de systèmes informatisés [dont Info-pannes], mais très peu de personnes qui coordonnaient l’information.»
M. Bélanger, qui dirige désormais la firme de relations publiques Leliken, croit aussi qu’Hydro-Québec n’avait pas de «porte-paroles visibles et très présents» pour informer le public, comme Steve Flanagan à l’époque.
Comme dans le temps
C’est finalement en interpellant une employée d’Hydro-Québec sur sa rue en fin d’après-midi hier que M. Bélanger a pu faire avancer son dossier, puisqu’elle lui a indiqué qu’il pourrait être rebranché en soirée après avoir noté ses informations.
«C’est la bonne vieille méthode des années 80 [qui a fonctionné], s’étonne-t-il. C’est quand même paradoxal.»
C’est finalement en cours de soirée hier que l’ex-ministre de la Sécurité publique a été rebranché au réseau d’Hydro-Québec.
Il restait tout de même encore un peu plus de 7000 clients sans courant.
Hydro-Québec affirme de son côté avoir été avisé lundi des réparations par l’électricien de M. Bélanger, une étape nécessaire pour procéder à un rebranchement.
De son côté, l’ex-ministre soutient que son électricien n’a pas pu contacter la société d’état plus tôt en raison d’un problème administratif qu’il a tenté de régler pendant plusieurs jours. La plateforme info-pannes n’aurait pas généré de numéro d’événement.
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Après la crise du verglas
- Printemps 1998 : la commission Nicolet enquête sur la crise du verglas.
- Automne 1998 : Pierre Bélanger est battu aux élections par le libéral Alberto Berardinucci, qui avait payé des électeurs afin qu’ils votent sous une fausse identité.
- Printemps 1999 : la commission Nicolet recommande d’enfouir les lignes dans les centres urbains et de donner plus de pouvoir aux municipalités lors d’une situation de crise.
- Automne 2000 : le nouveau ministre de la Sécurité publique, Serge Ménard, dépose un projet de loi qui reprend pour l’essentiel les recommandations de la commission Nicolet en matière de sécurité civile.
- Automne 2001 : une loi reprenant l’essentiel des recommandations est adoptée, mais la section concernant les responsabilités des villes n’entre pas en vigueur immédiatement.
- La loi prévoit que le gouvernement peut décréter l’état d’urgence en cas de sinistre majeur, et que les municipalités peuvent déclarer un «état d’urgence local» qui leur confère des pouvoirs extraordinaires.
- 25 ans plus tard, Pierre Bélanger soutient «qu’environ 40 % de cette loi n’est pas en vigueur». «Mais il se peut que le gouvernement se soit entendu avec les villes plutôt que d’activer certains articles de la loi», nuance-t-il aussitôt.
– Gabriel Côté, Agence QMI
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