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Culture

Hugo Dubé en deuil de sa mère

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Patrick Delisle-Crevier

2023-06-03T10:00:00Z
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Ces jours-ci, Hugo Dubé incarne l’attachant quoique troublant Joël dans la série Bon matin Chuck (ou l’art de réduire les méfaits). Rencontré lors du visionnement de la série, il s’est confié à propos de ce tournage tristement marqué par le décès de sa maman, ainsi que de son personnage pour lequel il a tout donné.

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Hugo, que peut-on dire de ton personnage dans la série Bon matin Chuck?
Il se prénomme Joël McIntyre et c’est un multirécidiviste en matière de dépendance. Il en est à sa septième thérapie au centre. C’est un personnage en manque d’amour. Parfois, ça crée des moments plutôt cocasses. Dans certaines scènes, il est touchant et peut aussi devenir troublant. Ça fait 35 ans que je fais ce métier et, sincèrement, ce rôle est l’un des plus beaux cadeaux de ma vie.      

Cette série parle de dépendances... En as-tu déjà eu une?
Non. Je n’ai jamais eu de dépendance à quoi que ce soit. Je touche du bois! Par contre, je trouve que c’est un sujet nécessaire, qu’on aborde encore trop peu souvent. C’est important d’en parler, car les gens ont de plus en plus de dépendances dans la vie. Si ce n’est pas au jeu, c’est à l’alcool ou à certaines drogues. Cette série n’est pas un documentaire sur la dépendance, c’est plutôt une façon d’ouvrir le dialogue et de toucher les gens. Ç’a été un tournage spécial et difficile pour moi. En plus, j’ai perdu ma mère pendant cette période. 

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Ta mère est décédée?
Oui, en janvier. Ç’a été vraiment difficile de poursuivre le tournage après un tel choc. Cette épreuve a amené mon personnage dans des zones d’ombre. Je regarde les épisodes et je sais quels moments ont été tournés après la mort de ma mère. C’est imprimé sur mon visage. En raison de cette épreuve et de la lourdeur de mon personnage, je pense que je suis sorti de ce tournage au bout de mon rouleau. Je suis allé me réfugier au bord de la mer pour me ressourcer. J’ai dû accrocher mon personnage après ce tournage. Cet univers, tout ce que je vivais, en plus de la difficulté du tournage, ça a créé un trop-plein en moi. Ç’a réellement été un combat de ramener le bateau à bon port ensuite. Quand on joue un personnage aussi troublé, le cerveau ne fait pas la différence entre les vraies émotions et celles qu’on joue. Pour vrai, j’étais à terre après ce tournage. J’ai eu besoin d’un bon deux mois pour m’en remettre. Mais ce personnage en est qui est fabuleux, et je ne regrette rien.

Comment se passe le deuil après quelques mois?
Nous venons tout juste de la mettre en terre. Je pense que c’est maintenant que mon deuil va commencer. Cette année, ç’a été ma première fête des Mères sans elle et ç’a été très difficile. Ma mère était encore en pleine forme jusqu’à tout récemment. Une nuit, j’ai eu un appel pour me dire qu’elle venait d’entrer à l’hôpital. J’ai accouru à son chevet pour la voir et la prendre dans mes bras, et j’ai été près d’elle le plus longtemps possible. Ma Huguette est décédée à 91 ans. C’était une femme adorable, un bel humain qui adorait rire. J’aimais être avec ma mère. Mon père était anesthésiste réanimateur et la mort était très présente dans les discussions à la maison. Donc, à quatre ans, je savais déjà que j’allais mourir un jour. Mon père m’a inculqué la beauté et la fragilité de la vie. Même qu’il m’amenait voir des opérations à l’hôpital. C’était un passionné de la médecine et il nous disait toujours, à mes frères et moi, que nous étions chanceux d’être en santé. Mon père m’a initié à la mort et à la vie. Un jour, il est parti travailler et il est mort sur la route, alors que j’étais en tournage sur le plateau de Ramdam.

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As-tu déjà pensé à suivre les traces de ton père et à devenir médecin?
J’aurais bien voulu, mais je n’avais pas la patience de faire les 26 années d’études qui viennent avec un tel travail. Mon père, Gaétan Dubé, était un amoureux du corps
humain et il avait une réponse à tout quand ça concernait la biologie humaine. Mon père m’impressionnait. Ma mère était prête à mourir, car chez nous, on ne nous a pas transmis l’anxiété de la mort. C’est une finalité qu’on a tous. Je n’ai pas peur de mourir, mais je sais qu’il faut savourer la vie.

Tu as 35 ans de carrière. Est-ce que le métier est comme tu le croyais au départ?
Je suis surpris de ma pérennité et de pratiquer encore ce métier après aussi longtemps, dans un monde qui bouffe tout rapidement. Je suis fier de réussir à faire ça. Le métier n’est pas du tout ce que je croyais qu’il serait. Même que si j’avais su, j’aurais carrément fait autre chose, parce que c’est de plus en plus exigeant et de plus en plus politique. Il y a beaucoup trop d’intervenants dans notre métier maintenant. Ce qui me plaît, c’est justement qu’entre «Action!» et «Coupez!», personne ou presque ne peut intervenir. Ça se passe entre le réalisateur, le directeur de la photographie et les comédiens. C’est la seule chose qui n’a pas changé depuis 35 ans. Il faut revenir à la simplicité des choses.     

Nous parlons de pérennité. As-tu aussi ça dans ta vie à deux?
Oui, j’ai su après deux semaines que j’étais avec la femme de ma vie. J’ai rencontré ma Denise quand elle est venue dans les loges après un spectacle. Elle était avec mon frère. Je me souviens que j’étais en petites bobettes léopard, qui faisaient partie de mon costume de scène, et que j’ai été subjugué par elle. J’avais l’impression de voir un humain aussi transparent pour la première fois de ma vie. Je lui ai envoyé un billet doux, et on ne s’est plus jamais quittés. Deux semaines après, nous habitions ensemble. Ç’a été un coup de foudre absolu. On a eu deux enfants ensemble. 

Quel âge ont tes fils?
Ils ont 31 et 29 ans. Mon plus jeune, Hugues-Antoine, est ingénieur mécanique, et le plus vieux, Louis-Bernard, est en finances et il termine sa maîtrise en droit fiscal. Je suis heureux de les voir pratiquer un autre métier que le mien. J’espérais que ce soit ainsi.

En terminant, à quoi ressemblera ton été?
Je vais être sur Ladies Night une bonne partie de l’été. Je vais présenter quelques conférences ici et là. J’ai de beaux rôles à venir, dont je ne peux pas parler maintenant. Il va aussi peut-être y avoir une deuxième saison de Bon matin Chuck.

Bon matin Chuck (ou l’art de réduire les méfaits) est déjà disponible sur Crave.
Ladies Night est en tournée partout au Québec.

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