Hubert Proulx et son fils réunis dans le même projet

Carolyn Richard
Hubert Proulx rêvait de créer un jour son propre spectacle et avec On s’lâche pas!, il rend un vibrant hommage à son frère. Le comédien est sur scène avec son fils, Viktor, et ils ont bien hâte de poursuivre leur tournée à travers le Québec.
• À lire aussi: 13 artistes dévoilent sur leur moment le plus marquant devant la caméra
Hubert, vous avez écrit le spectacle On s’lâche pas!, dans lequel vous jouez avec Viktor, votre fils de 13 ans. Comment ce projet a-t-il vu le jour?
Hubert: Ça faisait longtemps que j’assistais à des projets de création à droite et à gauche, et là, j’avais envie de créer mon propre projet. J’ai écrit un spectacle sur les modèles dans ma famille, qui est tissée serrée et est aussi très colorée. (rires) À la base, mon père est un homme vraiment très drôle, au point où je dis souvent que c’est moi l’acteur, mais que c’est lui la vedette! Mon père est un gars de construction, un gars de bar et quand il arrive quelque part, il prend toute la place. Mais ce qui le rend drôle, c’est qu’il a de la répartie et qu’il ne le sait même pas. (rires) Ensuite, il y a mon frère qui a été mon premier modèle; il m’a tout montré quand on était petits. En fait, quand j’avais dit à mon père que je voulais être acteur, il m’avait répondu: «Ben voyons donc, c’est ton frère qui devrait être acteur. Il a ce talent-là, lui!»
Mais votre frère a eu un parcours de vie difficile...
H.: Oui. Il est malheureusement devenu toxicomane et à 32 ans, il a fait un AVC qui l’a laissé handicapé et il n’a plus de mémoire à court terme. Ce spectacle, c’est un hommage que je lui rends, car il a toujours été mon moteur. J’ai voulu mettre de la lumière sur cette période d’ombre qui a frappé ma famille.
Qu’en pense votre famille?
H.: Ils trouvent ça le fun! C’est drôle, chaque fois que je vois mon père, je lui fais lire des bouts du texte pour son approbation et à tout coup, il n’en revient pas des choses qu’il a déjà dites.
Partir en tournée avec Viktor, votre fils, c’est toute une aventure...
H.: Absolument! Ce que j’aime le plus de mon métier, c’est justement d’être sur scène et de partir en tournée. J’adore ça! J’aime voyager à travers le Québec et rencontrer les gens après les spectacles. J’aime le monde, je suis un gars du peuple. Quand je partais en tournée pour le documentaire musical Dehors Novembre, ça m’enlevait du temps précieux avec Viktor lorsque j’étais sur la route, mais là, comme mon fils aime jouer et qu’il a déjà fait du théâtre, on part ensemble.
Viktor aussi est acteur et il veut suivre vos traces. Est-ce la première fois que vous jouez ensemble?
H.: Non. On a participé à l’émission Prière de ne pas envoyer de fleurs pour Eve Landry, qui était l’invitée. On a joué un duo père-fils mettant en scène un beau petit blond angélique qui humilie son père devant tout le monde, et ça a bien fonctionné. C’est pour ça que j’ai tout de suite pensé à Viktor quand j’ai commencé à écrire ce spectacle.
Viktor, est-ce que ça fait longtemps que tu veux être acteur?
Viktor: Oui, j’ai commencé à presque quatre ans dans l’émission La Chasse-galerie, mais j’étais trop jeune pour m’en souvenir. Ensuite, j’ai joué dans Léo, dans Je t’aime, je m’en vais et j’ai fait du théâtre, entre autres, dans la pièce The Rise of the BlingBling.
H.: Et dans cette pièce — pas de farce —, il jouait l’Enfant Jésus... Rien de moins pour mon gars!
Avez-vous été surpris que Viktor veuille être acteur?
H.: Je n’étais pas surpris, car j’avais remarqué qu’il aimait ça, mais tout s’est fait naturellement. Très honnêtement, on ne force pas les choses pour lui. On se fait demander s’il aimerait jouer dans tel ou tel projet, et c’est lui qui décide. Les dernières fois que je l’ai vu sur scène, j’ai remarqué tout son charisme. Et ça me touche, car, sur scène, il me fait beaucoup penser à sa mère. Elle aussi est formée comme actrice et quand elle montait sur scène, on ne voyait qu’elle; c’est la même chose pour Viktor.
V.: Ça me tentait vraiment de faire ce spectacle avec mon père. Dans la dernière année, comme je commençais mon secondaire, je n’avais pas envie de jouer, car je voulais me concentrer sur l’école. Et j’ai bien fait, parce que l’entrée au secondaire, c’est une grosse adaptation! J’ai de la chance, car je vais à l’école F.A.C.E. qui offre un programme de beaux-arts. J’y apprends la musique, le jeu et le chant et, à l’école, mes professeurs et la direction étaient d’accord pour que je fasse cette tournée avec mon père.
H.: Quand je faisais la tournée pour Dehors Novembre, Viktor était en 6e année et j’avais demandé une permission spéciale à son professeur pour l’amener avec moi en Abitibi pendant une semaine. On a tellement eu du fun ensemble que je sais que ça va être un beau trip, ce qu’on s’en va vivre.
Hubert, pour ce spectacle, vous vous êtes bien entouré...
H.: Oui! J’ai demandé à Anne Dorval de faire la mise en scène et à Vincent Bolduc d’être mon script-éditeur. Je connais Vincent depuis le secondaire, et c’est avec lui que j’ai commencé à faire du théâtre. Alors, je me sens entre bonnes mains. Bon... Anne, sur le coup, m’a dit: «Ben voyons! Je n’ai jamais fait ça, moi, de la mise en scène.» Je lui ai dit qu’avec son expérience, c’était certain qu’elle allait être tellement bonne et que j’avais simplement besoin d’une bonne actrice capable de me pousser plus loin. Alors, elle a accepté avec joie.
Comment décririez-vous votre relation?
H.: Viktor et moi, on est très complices! Je sais que plusieurs sont contre l’aspect de l’amitié entre parent et enfant, mais pour nous, c’est comme ça. On a vraiment du fun ensemble, comme des amis. Par contre, quand c’est le temps de la discipline, ma priorité, c’est d’être son père, et je peux être assez autoritaire. Mais Viktor est un bon garçon; il a de très bonnes notes à l’école, il écoute bien, alors je n’ai pas besoin de lui faire la leçon trop souvent, sauf quand il s’agit du temps d’écran. Quand j’y pense, enfant, j’étais pas mal comme ça moi aussi, sauf qu’on jouait plus dehors, on n’avait pas autant d’écrans qu’aujourd’hui. En tout cas, ses amis ont l’air de me trouver pas mal cool. (rires)
Viktor, qu’en penses-tu?
V.: Oui, vraiment! C’est vrai qu’on est aussi des amis. On pratique du sport ensemble et j’aime ça. C’est mon père, mais c’est aussi mon ami. Mes copains ont des parents super gentils, mais sévères parfois, alors si on compare, c’est vrai que mon père est pas mal cool. (rires)
H.: Je suis obligé de dire que l’arrivée de Viktor dans ma vie m’a enraciné...
V.: Je crois que j’ai embelli ta vie, finalement. (rires) Quand vous pensez à la tournée qui se poursuit après les fëtes, à quoi avez-vous le plus hâte?
V.: De manquer l’école! (rires)
H.: (Rires) Ce sera «l’école à l’hôtel». Mais, sincèrement, partir sur la route avec mon fils, dormir à l’hôtel, manger au resto, découvrir de belles salles de spectacles et rencontrer les gens... tout ça va être vraiment le fun!
On se renseigne sur On s’lâche pas! à: onslachepas.ca.
À VOIR AUSSI:
This is a modal window.