Hôpital dévasté à Gaza: Poilievre accuse Trudeau d’avoir «amplifié» la «désinformation» du Hamas
Raphaël Pirro
Le chef conservateur, Pierre Poilievre, accuse le premier ministre, Justin Trudeau, d’avoir «amplifié» la «désinformation» propagée par le Hamas puis «régurgitée par la CBC» concernant l’origine de l’attaque à l’endroit d’un hôpital à Gaza mardi.
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Lors de la période de questions mercredi, M. Poilievre – dont le parti tranche en faveur de la thèse israélienne – a demandé au gouvernement s’il était «d’accord avec le président [Joe] Biden [pour dire] que le missile en question est venu de terroristes à Gaza».
En entrevue avec l’Agence QMI, l’ambassadeur d’Israël au Canada, Iddo Moed, a affirmé que le Canada avait bel et bien reçu des informations «préparées par l’armée israélienne» qui permettraient d’appuyer la thèse de l’État hébreu.
«Nous avons transmis l’information que nous avons à tous les acteurs internationaux, pays et alliés, alors tout le monde a cette information», a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il pourrait s’agir des mêmes informations auxquelles aurait eu accès Joe Biden.
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En visite à Tel-Aviv mercredi, le président américain a soutenu la version des faits d’Israël selon laquelle le désastre à l’hôpital Ahli Arab, au centre de Gaza, était le résultat «d’une roquette hors de contrôle» provenant d’un «groupe terroriste» à Gaza qui a raté sa cible.
Le bureau du premier ministre a refusé de confirmer s’il avait oui ou non reçu ces informations.
Une première version des faits diffusée par le Hamas affirmait que le drame était le résultat de bombardements par l’armée israélienne. De nombreux médias à travers le monde ont rapporté cela comme un fait avant de rapidement préciser qu’il s’agissait d’une allégation formulée par le Hamas.
Toujours selon le Hamas, le bilan de l’explosion grimpait à 471 morts mercredi. Or, une source issue «d’un service de renseignement européen» sous le couvert de l’anonymat a avancé à l’Agence France-Presse que l’attaque aurait fait tout au plus des «quelques dizaines de morts, probablement entre 10 et 50».
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Une condamnation rapide
Dans le feu de l’action mardi, peu de temps après l’éclatement de la nouvelle, le premier ministre Justin Trudeau a condamné une attaque «horrible» et «inacceptable» et affirmé que s’en prendre à un hôpital était un acte «illégal».
Le premier ministre, cependant, avait évité de pointer Israël du doigt. Ni lui ni son gouvernement n’ont pris parti pour un camp ou l’autre en fin d’après-midi mercredi.
M. Trudeau était absent pour répondre aux questions de son adversaire conservateur à la période de questions mercredi, mais la leader parlementaire libérale Karina Gould, qui s’est chargée de répondre à M. Poilievre, a évité de trancher, réitérant plutôt l’appel du gouvernement à un corridor humanitaire.
Quelques minutes plus tard, la conservatrice Melissa Lantsman en a rajouté une couche en affirmant que l’explosion était l’œuvre de terroristes appuyés par Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d’Iran, groupe que le Canada ne considère toujours pas comme terroriste malgré la pression des conservateurs en ce sens.
Les libéraux divisés
Même si cela n’est pas la position officielle du gouvernement Trudeau, certains libéraux de confession musulmane sont plus enclins que d’autres à réclamer un cessez-le-feu, comme le demande le NPD de Jagmeet Singh.
C’est notamment le cas des élus de l’Ontario Iqra Khalid, Shafqat Ali et Salma Zahid, qui ont tous réclamé un cessez-le-feu dans les derniers jours.
Fort émotif en début de journée, le Montréalais Sameer Zuberi n’est pas allé jusque-là, mais a déclaré que le Canada devrait «clairement reconnaître que les bombes lancées par l’armée israélienne tombent sur des enfants, des adultes et des personnes âgées innocents».
D’un autre côté, le député Anthony Housefather et le Manitobain Ben Carr ont tous deux déclaré qu’Israël avait le droit de se défendre «en utilisant la loi internationale».