Hope : l’histoire du fameux diamant maudit
Marouchka Franjulien
Malgré son surnom, le «diamant de l’espoir» a mené de nombreux propriétaires à leur perte. Voici la sombre et mystérieuse histoire du diamant Hope, qui a inspiré le fameux collier du film Titanic.
Monté sur un collier en platine, le Hope – dont les 45,52 carats taillés en brillant en font le plus gros diamant bleu du monde – fascine tant par sa taille imposante (un peu plus de 2 cm de large) que par sa teinte, qui évoque, selon la lumière, l’eau pure d’un glacier ou un crépuscule d’été. Pour voir cette gemme inestimable – tout de même estimée à 350 millions $ US, soit un peu moins de 464 millions $ CA –, il faut se rendre au Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, à Washington. C’est là que se pressent sept millions de visiteurs par année pour admirer cette merveille, l’objet d’art le plus vu au monde après La Joconde, et qui trône depuis 62 ans dans une salle plongée dans la pénombre. Préservé derrière un écrin vitré protecteur, le diamant est sublime, envoûtant même.
Pourquoi sa beauté est-elle à tout jamais teintée par un fléau, qui, au cours des siècles, a suivi la pierre partout où elle a pu trouver preneur?
Un diamant royal
Son histoire débute en 1642. Arrivé en Inde après un long périple, le négociant et voyageur français Jean- Baptiste Tavernier fait l’acquisition d’un diamant brut de 112 carats d’un bleu aux reflets violets.
D’où vient cette pierre d’exception? Selon la légende, elle aurait été dérobée à une statue de la déesse Sita, causant la mort foudroyante du voleur. En réalité, elle aurait plutôt été extraite des mines de Kollur, dans l’ancienne capitale du royaume de Golconde. Toujours est-il que le commerçant parvient à rapporter plus de 1000 diamants en France, dont ce «Bleu de Tavernier» qui séduit Louis XIV. Le Roi-Soleil le lui achète, avec 46 autres de ses plus belles gemmes, contre un titre de noblesse et une somme équivalente à une tonne d’or. Il donne ensuite à Jean Pittan, joaillier officiel de la cour, la responsabilité de tailler l’énorme pierre brute pour en révéler toute la splendeur. Rebaptisé le «Diamant bleu de la Couronne» ou «Bleu de France», le joyau de 67 carats séduit à son tour Louis XV, qui le fait monter sur une broche dite de la «Toison d’or». Louis XVI et Marie-Antoinette finissent par en hériter, mais la malédiction frappe: la Révolution française met fin à leur règne de façon sanglante et tous les bijoux du couple déchu sont confisqués. Le Diamant bleu, lui, est volé avec d’autres parures en 1792 et l’on perd sa trace. Il ne réapparaît que deux décennies plus tard.
Un charme mortel
En 1812, une pierre de 45 carats d’un bleu profond fait son apparition à Londres, 48 heures après la prescription légale du vol en France, qui est à l’époque de 20 ans. Coïncidence? La gemme – qui ressemble à s’y méprendre au Diamant de la Couronne (ce que viendra confirmer une étude scientifique en 2007) – est achetée par le roi George IV, puis revendue lorsque le souverain britannique, ruiné, meurt en 1830. Henry Philip Hope, un riche collectionneur, en fait l’acquisition et lui donnera son nom. Le diamant reste dans la famille jusqu’à ce que l’héritier Lord Francis Hope soit contraint, en 1901, de vendre le fameux bijou pour couvrir ses dettes. Le courtier américain Simon Frankel s’en empare, mais le malheur semble suivre la pierre d’un bleu énigmatique. Ruiné à son tour, le courtier vend le joyau à un collectionneur turc pour une somme dérisoire, après avoir passé sept ans à essayer de s’en défaire.
En 1909, Pierre Cartier, petit-fils du célèbre joaillier Louis-François Cartier, achète le Hope pour 500 000 francs (environ 3 millions $ aujourd’hui). Qu’importe si la presse le qualifie déjà de diamant maudit: le Français a l’espoir qu’une riche cliente américaine tombe sous son charme. En effet, la maison Cartier vient d’ouvrir une succursale à New York. Cette cliente, c’est la milliardaire Evalyn Walsh McLean, mariée à Ned McLean, propriétaire du Washington Post.
Prêt à tout pour vendre au couple l’imposant diamant, Pierre Cartier le monte sur un collier et le laisse quelques jours à la disposition de la richissime jeune femme, convaincu qu’elle ne parviendra plus à s’en séparer. C’est réussi! Les deux partis s’entendent pour fixer le prix à 180 000 $ (environ 7,7 millions $ aujourd’hui), et Pierre Cartier ajoute une clause au contrat, afin d’apaiser les craintes du couple: il accepte d’échanger le diamant contre des bijoux d’une valeur équivalente si Evalyn ou son mari décède dans les six mois. Excentrique, la nouvelle propriétaire attache le collier autour du cou de son chien et joue à «Find the Hope» avec ses invités, dont le but est de retrouver son diamant chéri. Elle dissimule même le précieux bijou dans les buissons. Mais Evalyn a beau avoir fait bénir la pierre bleue pour chasser les mauvais esprits, le sort s’acharne: son fils périt dans un accident de voiture et sa fille meurt d’une overdose. Son mari, Ned, alcoolique, la quitte pour une autre femme et termine ses jours dans un hôpital psychiatrique. Deux ans après la mort de la milliardaire, en 1947, le célèbre bijoutier Harry Winston achète la célèbre gemme bleue, puis la lègue 11 ans plus tard à la Smithsonian Institution en l’envoyant discrètement par la poste dans une simple enveloppe de papier kraft! Depuis, le halo de malheur qui entourait le diamant Hope semble s’être dissipé... mais peut-être est-il encore trop tôt pour l’affirmer!
Bijou star
Le diamant Hope a bel et bien inspiré le «Coeur de l’océan», collier tenant un rôle important dans l’histoire d’amour entre Rose et Jack, du film Titanic.
Dans un autre registre, c’est un diamant similaire qui est offert à Emma Stone dans Zombieland Double Tap. Quand Columbus demande la main de Wichita, il le fait en lui offrant le diamant Hope, ajoutant: «You’ll say yes... I hope.»