Les femmes doivent écouter le cœur du fœtus avant d’avorter en Hongrie
Anne-Sophie Poiré et Agence France Presse
Les femmes qui souhaitent subir une interruption de grossesse volontaire en Hongrie devront désormais écouter le cœur du fœtus avant d’avorter.
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Le nouveau décret signé en début de semaine est entré en vigueur jeudi, dans ce pays membre de l’Union européenne (UE).
Les médecins doivent obligatoirement faire entendre les «fonctions vitales» du fœtus «d’une manière clairement identifiable» à toutes les personnes voulant se faire avorter, précise l’amendement à la loi.
En Hongrie, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est légale depuis les années 1950 jusqu’à la douzième semaine de grossesse dans la plupart des cas.
Sur Facebook, la députée d’extrême droite Dora Duro s’est réjouie de cette modification à la loi. «Pendant quelques secondes au moins, l’enfant d’âge fœtal pourra se faire entendre de la mère avant que l’avortement ne soit pratiqué», a-t-elle déclaré.
Amnistie internationale parle plutôt d’un «recul inquiétant».
«Cette décision prise sans aucune consultation va rendre plus ardu l’accès à l’avortement et traumatisera davantage de femmes déjà en situation difficile», a fait valoir le porte-parole de l’organisation Aron Demeter.
Des mesures pour encourager la natalité
Le décret entériné par le ministre de l’Intérieur, Sandor Pinter, témoigne du durcissement des règles sur l’accès à l’avortement en Hongrie où le premier ministre, Viktor Orban, multiplie les mesures natalistes.
En 2019, il a mis en place un plan de mesures destinées à encourager la natalité au pays, inférieure à la moyenne européenne. Orban refuse catégoriquement toute immigration.
Parmi les mesures: l’exonération à vie de l’impôt à partir du quatrième enfant et un prêt à taux réduit de dix millions de forints (environ 33000$ CA) à toutes les femmes mariées de moins de quarante ans, non remboursable à partir du troisième enfant.
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Depuis son retour au pouvoir en 2010, la formation politique de Viktor Orban, le Fidesz, se dirige vers une vision toujours plus conservatrice et religieuse.
La Hongrie défend la vie du fœtus dès sa conception depuis l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution il y a 10 ans. Le gouvernement avait financé quelques mois plus tôt une campagne contre l’avortement avec des fonds européens, ce qui avait provoqué la colère de la Commission européenne.