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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Hommage à un ex-combattant nazi: Rota part, mais le dossier n’est pas clos, ici comme ailleurs

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Raphaël Pirro

2023-09-26T22:00:59Z
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Acculé au pied du mur, le président de la Chambre des communes, Anthony Rota a finalement démissionné mardi, un geste qui ne suffira visiblement pas à réparer les pots cassés alors que l’affaire continue d’éclabousser le Canada à travers le monde. 

Dans une très brève allocution avant la période de questions, sans tambour ni trompette, Anthony Rota a remercié les élus pour leur appui et leur « collégialité », lui qui revêtait les habits de président depuis 2019.

Rappelons qu’à son initiative, un vétéran nazi d’origine ukrainienne de 98 ans a été invité puis applaudi en Chambre lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Yaroslav Hunka est issu du comté de M. Rota, Nipissing—Timiskaming, en Ontario. 

Des remous jusqu’en Pologne

La scène continue d’être reprise avec délectation par les médias russes et partagée par d’innombrables blogues et comptes prorusses ou carrément anti-occidentaux.

« Zelensky lève le poing pour saluer un ancien SS ukrainien au sein du Parlement canadien », lit-on sur Sputnik, un média russe destiné aux lecteurs internationaux. 

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L’événement a causé des remous en Pologne, où l’unité à laquelle appartenait M. Hunka, la Division SS Galicie, est associée à des massacres.

Le gouvernement polonais, en pleine campagne électorale, a déclaré avoir « pris des mesures » pour entamer le processus d’extradition de Yaroslav Hunka « compte tenu des événements scandaleux survenus au Parlement canadien ».

L’ambassadeur polonais au Canada lui-même a souligné le départ de M. Rota après l’avoir invité, lundi, à « une conversation très ouverte et détaillée » sur l’histoire de la Division SS Galicie. 

 « Quelle catastrophe ! »

Les soucis du gouvernement Trudeau prennent racine aussi à la maison, où les oppositions détournent leur attention du président Rota vers le premier ministre.

Pour le chef conservateur Pierre Poilievre, cette faute ne représente ni plus ni moins que la « pire crise dans notre réputation diplomatique dans l’histoire du pays » et a porté un « dommage inestimable à notre réputation internationale ».

« Quelle catastrophe ! », a-t-il lancé. « Et le premier ministre se cache. Où est-il ? Où est le premier ministre ? S’il pense que son comportement et ses gestes sont parfaits, pourquoi n’est-il pas à la Chambre des communes pour se défendre et pour s’expliquer ? »

Alors que l’histoire prenait de l’ampleur et qu’une conférence de presse du ministre du Logement a été annulée, Justin Trudeau s’est déplacé à Toronto pour une « discussion autour du feu » avec l’Association des fabricants de pièces d’automobile. 

  • Écoutez la rencontre politique Latraverse-Abdelfadel avec Emmanuelle Latraverse via QUB radio :
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Le chef du Bloc québécois s’est aussi questionné sur l’absence de Justin Trudeau en Chambre lors de la période de questions, suggérant que des excuses auprès des Juifs, des Canadiens et du président Zelensky étaient de bon aloi.

« Le premier ministre n’est pas coupable de l’erreur, mais il est responsable de la réparation à titre de chef d’État, que ça nous plaise ou pas [...] », a soulevé Yves-François Blanchet. 

Québec se dissocie du Parlement fédéral

À Québec, les parlementaires ont adopté à l’unanimité une motion du Parti québécois les pressant de se dissocier « du Parlement du Canada, qui a récemment ovationné un ancien combattant nazi de la Schutzstaffel [SS] », et de réaffirmer « sa solidarité envers le peuple juif et envers les victimes de l’Holocauste ».

« Je pense que c’est important que le Québec inscrive au procès-verbal à l’échelle internationale [qu’il] se dissocie de ces événements [qu’il n’a] rien à voir avec cette bourde historique et honteuse », a déclaré le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, mardi. 

Une fête annulée

La démission du président Rota tombe à quelques heures du traditionnel « Garden Party » qui se tient chaque année à la résidence du président à Kingsmere, au nord de Gatineau, pour célébrer le début de la session parlementaire. La fête a été annulée en plein après-midi, quelques heures à peine avant l’événement. Le Journal s’est déplacé sur les lieux et y a vu le chapiteau toujours dressé, prêt à accueillir les députés, le personnel politique et les journalistes de la colline.

Un poste convoité

Le poste de président de la Chambre des communes – choisi au terme d’un vote des députés – vient avec des privilèges très intéressants. Le premier et non le moindre : une enveloppe annuelle de 92 800 $, qui s’ajoutent au salaire de base de député de 194 600 $. Le président a aussi droit à « La Ferme », une résidence achetée par l’ancien premier ministre Mackenzie King. « La Ferme » est située sur un domaine de 4 hectares, où devait se tenir le « Garden Party » du président. 

• Avec la collaboration de Gabriel Côté

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